Quand le Conseil constitutionnel pulvérise la délinquance administrative !

Dimanche 21 Janvier 2024

Le Présent a commencé á le faire, dans l’ambiance des actualités diverses qui se frottent entre elles. L’Histoire le fera encore mieux quand, avec plus de matériaux et de distance avec les événements, elle racontera l’inside des débats et conflits qui auront marqué les délibérations du Conseil constitutionnel concernant la gestion des parrainages et des pré-candidatures á l’élection présidentielle sénégalaise du 25 février 2024.

Un jour, peut-être, des langues se délieront pour accréditer - ou pas - certaines des incroyables histoires dont plusieurs dizaines de prétendants se sont fait l’écho concernant des méthodes peu orthodoxes par lesquelles la commission de contrôle du Conseil constitutionnel les aurait éliminés de la course présidentielle. « L’informaticien » de l’organe juge des élections, attaqué de toutes parts par les malheureux recalés, reste en cela un témoin capital de cet épisode tragi-comique - ou banal - des affaires sénégalaises de décembre 2023-janvier 2024.

 

Mais le marqueur indélébile de cette élection présidentielle, qui que soit le candidat qui en sortira vainqueur, reste l’élimination de la compétition de l’opposant Ousmane Sonko par des méthodes grotesques loin des standards minimaux dans un Etat de droit. La violence avec laquelle des institutions formellement respectables de la République ont été enrôlées dans les procédures autoritaires mises en oeuvre par le régime pour écarter le chef du principal groupe d’opposition laisse augurer du chemin à parcourir pour imposer - un jour - aux politiciens des limites infranchissables. 

 

A ce niveau, il est remarquable de noter que si le Conseil constitutionnel a rejeté la requête de Sonko, ses juges ont en même temps pulvérisé la délinquance administrative dont se sont rendu coupables deux « serviteurs » du régime. La Direction générale des élections (DGE) et la Caisse des dépôts et consignation (CDC) se retrouvent ainsi dindons d’une farce malsaine qui ne les honore pas. Avoir refusé de remettre une fiche de parrainage et une attestation á Ousmane Sonko simplement pour plaire au chef, en dépit de deux décisions judiciaires implacables, restera une souillure pour ces deux bras de la politique politicienne. Une autorité administrative ne peut s'affranchir de la tutelle du droit et de la décision judiciaire rendue.

 

Critiqué assez souvent - et á juste titre - pour sa proximité suspecte avec les gouvernants en place, le Conseil constitutionnel a pour une fois puni le pouvoir en ridiculisant la DGE et la CDC dans ses considérants relatifs à la publication de la liste définitive des candidats à la présidentielle. Il faut lui reconnaitre cette posture lucide. 

 

Ce serait d’autant plus juste que les 7 ‘’Sages’’ ont aussi rappelé á tous les candidats qu’une déclaration sur l’honneur ne saurait être un brouillon de mots joliment juxtaposés mais sans lien avec la vérité. De ce point de vue, la sanction infligée á Karim Wade - exclu de l’élection pour fausse déclaration sur sa nationalité au moment du dépôt de son dossier de candidature - sonne comme un avertissement sans frais à de futurs prétendants présidentiels titulaires de multiples nationalités. 

 

Sur ce registre, il est juste inquiétant que le chargé de communication de Pastef, El Malick Ndiaye, s’émeuve de l’initiative salutaire de Thierno Alassane Sall contre la candidature de Karim Wade. Pour un mouvement politique qui revendique foncièrement une totale refondation de la gouvernance politique dans notre pays, cela porte à réflexion. 

 
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