RDC: Kabila toujours muet, l'Eglise et l'Afrique se manifestent

Lundi 6 Aout 2018

Kinshasa - La très influente église catholique congolaise et l'Union africaine, soutenue par l'Union européenne, sont sorties de leur réserve lundi à moins de 48 heures d'une échéance cruciale pour la République démocratique du Congo.

Inversement, le président Joseph Kabila est resté muet alors qu'il doit dire d'ici mercredi 16h30 (15h30 GMT) s'il désigne un dauphin à l'élection présidentielle prévue le 23 décembre, ou s'il brigue un troisième mandat malgré la Constitution et les menaces de sanctions étrangères.

L'Union africaine (UA) a demandé aux responsables congolais "de tout mettre en oeuvre pour un scrutin paisible, transparent et véritablement inclusif" et a jugé "crucial" "d'assurer le respect scrupuleux des droits et libertés de tous les Congolais".

Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, s'est exprimé au moment où un adversaire en exil de M. Kabila, Moïse Katumbi, accuse Kinshasa de l'avoir empêché de rentrer en RDC pour déposer sa candidature.

L'Union européenne (UE) a soutenu l'appel du président de la Commission de l'UA et a souligné l'importance des "mesures de décrispation, afin d'assurer unecompétition électorale équitable et crédible".

La Mission des Nations unies au Congo (Monusco), numériquement la plus importante au monde, est restée silencieuse.

De leur côté, les Etats-Unis envisagent de resserer l'étau des sanctions autour de M. Kabila, avance lundi le Financial Times.

"Les Etats-Unis tentent de convaincre Kabila de s'en aller entre maintenant et le 8 août. Ils tentent de faire pression sur sa famille et ses finances", relate une source anonyme citée par le journal.

"En juin, au moins un membre de la famille de M. Kabila a été la cible d'une interdiction de visa décrétée par le Département d'Etat", poursuit le FT en citant trois sources proches du dossier.

La très influente Église catholique, garante d'un accord politique majeur en République démocratique du Congo, a demandé lundi aux autorités de Kinshasa de laisser "notre compatriote Moïse Katumbi entrer au pays et déposer sa candidature comme tous les autres candidats".

A Lubumbashi (sud-est) dans le fief de M. Katumbi, la police a procédé lundi matin à des tirs de sommation en l'air pour disperser des manifestants demandant son retour.

Plusieurs organisations de la société civile ont déploré dans un communiqué "des tirs à balle réelle ayant causé quatre blessés graves" et un "usage disproportionné de la force".

A Kinshasa, la vie est tout à fait normale, à part quelques mouvements devant la Commission électorale quand un ténor de la scène politique congolaise, Vital Kamerhe, est venu déposer sa candidature.

Ancien président de l'Assemblée nationale passé à l'opposition, Vital Kamerhe est le deuxième adversaires du président Kabila à déposer sa candidature après l'ex-chef rebelle Jean-Pierre Bemba jeudi.

Le leader du parti historique d'opposition UDPS Félix Tshisekedi doit déposer la sienne mardi. Tous n'excluent pas à terme une candidature unique.

Pour sa part, la commission électorale (Céni) a indiqué dans son bulletin quotidien que "35.000 machines à voter viennent d'embarquer en Corée du Sud" à destination de la RDC. Ces machines d'une société sud-coréenne sont qualifiées de "machines à tricher" par l'opposition.
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