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RDC: L'Eglise catholique dit connaître le vainqueur

Jeudi 3 Janvier 2019

Ramazani, Tshisekedi et Fayulu (de g à d)
Ramazani, Tshisekedi et Fayulu (de g à d)

KINSHASA (Reuters) - L'Eglise catholique de la République démocratique du Congo (RDC) a affirmé jeudi connaître le vainqueur de l'élection présidentielle qui avait lieu dimanche dernier et a réclamé que la commission électorale en publie des résultats "dans le respect de la vérité et de la justice".

La mission d'observation électorale de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) "constate que les résultats en sa possession, issus des procès-verbaux de vote, consacrent le choix d'un candidat comme président", a déclaré à la presse son secrétaire général, Donatien Nshole, qui n'a pas précisé son nom.

L'Eglise, qui est l'une des institutions les plus crédibles du pays, avait déployé plus de 40.000 observateurs pour surveiller le déroulement du scrutin censé marquer le premier transfert démocratique du pouvoir.

Elle appelle la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à "publier, en toute responsabilité, les résultats des élections dans le respect de la vérité et de la justice", a-t-il ajouté.

Vingt-et-un candidats étaient en lice le 30 décembre pour succéder à Joseph Kabila, au pouvoir depuis l'assassinat de son père, Laurent-Désiré, en 2001, et qui avait accepté de ne pas se représenter en application de la loi sur la limitation des mandats.

Le président sortant soutenait son ancien ministre de l'Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, que des sondages sur les intentions de vote avant le scrutin donnaient derrière les deux principaux candidats de l'opposition, Félix Tshisekedi et Martin Fayulu.

Les observateurs de la Cenco, de même qu'un collectif d'observateurs locaux, ont fait part de problèmes lors de l'élection qui ont, disent-ils, empêché de nombreux électeurs de voter.

Selon la Synergie des missions des observations citoyennes des élections (Symocel), 27% des bureaux où se trouvaient ses enquêteurs ont ouvert leurs portes plus tard que stipulé par la loi, et 24% ont fermé prématurément.

La Symocel, qui a déployé des milliers d'observateurs à travers le pays dimanche dernier, précise que 18% des bureaux de vote où elle se trouvait ont connu des problèmes de fonctionnement avec les machines à voter.

La Conférence épiscopale a également fait part de dysfonctionnements lors du scrutin. Selon elle, dans 9% des bureaux de vote où elle avait des observateurs, l'identité des électeurs n'a pas été correctement vérifiée. Dans 6% des bureaux, il y a eu avec les machines à voter des problèmes qui ont duré plus d'une heure.

Le gouvernement congolais, pour sa part, a défendu la crédibilité du scrutin présidentiel.

Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a déclaré jeudi que les opérations électorales s'étaient bien passées sauf dans les villes de Beni et de Butembo, dans l'est du pays, touchées par l'épidémie de fièvre Ebola et où la tenue du scrutin avait été interdite.

Les résultats provisoires sont attendus pour dimanche avant la publication le 15 janvier des résultats définitifs en vue d'une investiture du successeur de Kabila le 18. Mais la commission électorale a indiqué mercredi que la publication des résultats pourrait être repoussée du fait de remontées en nombre insuffisant des bureaux de vote.

Pour l'opposition, ce retard laisse craindre une tentative de fraude.

Lambert Mende a justifié la décision des autorités de couper internet jusqu'à la publication des résultats, affirmant qu'il s'agissait d'éviter la diffusion de fausses nouvelles.

Mercredi, les observateurs africains déployés pour superviser les élections ont jugé que le scrutin s'était déroulé "relativement bien" malgré les incidents qui ont empêché de nombreux électeurs de voter.

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