Raid meurtrier de l'armée israélienne sur Gaza, le Hamas rejette le dernier projet de trêve

Samedi 17 Aout 2024

Le Hamas palestinien a rejeté samedi comme des « diktats américains » le nouveau projet d’accord pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, où 15 membres d’une même famille dont neuf enfants ont été tués dans une frappe israélienne, selon la Défense civile.

 

Après plus de dix mois de guerre, des discussions sur un cessez-le-feu à Gaza se sont tenues jeudi et vendredi à Doha entre Israël et les médiateurs-États-Unis, Qatar et Égypte, au terme desquelles une proposition remaniée d’accord a été présentée par les États-Unis, principal allié d’Israël.

 

Déclenchée en riposte à une attaque du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre, l’offensive israélienne à Gaza ne connaît pas de répit et n’a pas cessé durant le énième cycle de négociations à Doha, auquel le Hamas a refusé de participer.

 

Pour les États-Unis, un cessez-le-feu à Gaza aiderait à éviter une escalade militaire régionale après la menace de l’Iran et de ses alliés de venger l’assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran le 31 juillet, et celui du chef militaire du Hezbollah libanais, Fouad Chokr, tué quelques heures auparavant dans une frappe revendiquée par Israël près de Beyrouth.

 

Le mouvement islamiste Hamas refuse de négocier davantage et veut une application du plan annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden fin mai.

 

Ce plan prévoit dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d’otages enlevés le 7 octobre, et dans sa phase deux, notamment un retrait total israélien de Gaza.

Le Hamas a rejeté la dernière proposition remaniée en dénonçant des « diktats américains ».

 

« Une illusion »

 

Un accord de cessez-le-feu « proche » est une « illusion », a taclé un cadre du Hamas, Sami Abou Zohri, pour qui la dernière proposition américaine « laisse supposer un énorme retour en arrière ».

Il répondait à M. Biden qui a affirmé vendredi qu’un accord « n’a jamais été aussi proche ».

 

Le Hamas accuse Israël d’avoir ajouté de « nouvelles conditions » au texte, parmi lesquelles le « maintien de troupes » israéliennes à la frontière de Gaza avec l’Égypte et « un droit de veto » sur les prisonniers palestiniens susceptibles d’être échangés contre des otages.

 

Les négociations sur une trêve doivent reprendre la semaine prochaine au Caire, où le président Abdel Fattah al-Sissi mis en garde contre le « cercle vicieux et dangereux d’instabilité » après un entretien avec le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné.

 

Entretemps, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, s’envole samedi pour Israël, après qu’un haut responsable américain a averti que l’Iran subirait des conséquences « cataclysmiques » en cas d’attaque contre Israël.  

 

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a maintes fois affirmé vouloir poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007  dans l’enclave de Gaza. 

 

« Scènes indescriptibles »

 

Sur le terrain, l’armée israélienne a poursuivi sans relâche son offensive dévastatrice dans la bande de Gaza dévastée et assiégée.

 

Au moins 15 membres de la famille Ajlah, dont trois femmes et neuf enfants, ont péri dans une frappe avant l’aube à al-Zawayda (centre), selon le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal. Les enfants tués avaient entre deux et 17 ans.

 

« Vers 1 h du matin, trois missiles ont touché directement la maison », a raconté à l’AFP Ahmed Abou al-Ghoul, qui aidait avec d’autres Palestiniens à fouiller les décombres et évacuer des corps.  

 

À la morgue, Omar al-Dreelmi, un membre de la famille Ajlah, a parlé de « scènes indescriptibles, de corps démembrés dont ceux d’enfants ». Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas commenté ces informations dans l’immédiat.

 

Dans un communiqué, elle a indiqué avoir éliminé plusieurs « terroristes » à Rafah et Khan Younès (Sud).

 

Selon l’ONU, des « milliers » de Gazaouis ont été contraints de « partir précipitamment, sans savoir où aller, au milieu de la mort et de la destruction » après de nouveaux ordres d’évacuation israéliens pour des secteurs de Deir al-Balah (centre) et Khan Younès.

 

Dix morts au Liban

 

L’attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1198 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 déclarées mortes par l’armée.

 

L’offensive lancée en représailles par Israël à Gaza a fait au moins 40 074 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas, qui ne détaille pas le nombre des civils et des combattants tués.

 

Elle a plongé le territoire palestinien dans un désastre humanitaire, l’immense majorité des 2,4 millions d’habitants de Gaza ayant été déplacés.

 

Sur le front nord d’Israël, au Liban, le ministère de la Santé a annoncé la mort de dix Syriens, dont deux enfants, dans une frappe israélienne dans le secteur de Nabatieh (Sud). L’armée israélienne a affirmé avoir frappé « un entrepôt d’armes du Hezbollah » dans ce secteur.

 

Le Hezbollah a ensuite annoncé avoir tiré des salves de roquettes sur Ayelet HaShahar, dans le nord d’Israël, en riposte à cette frappe, l’une des plus meurtrières depuis l’ouverture par le mouvement islamiste libanais d’un front contre Israël en « soutien » au Hamas, le 8 octobre. [AFP]

 
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