À l’orée d’une dixième journée de manifestations en France mardi contre la réforme des retraites, gouvernement et syndicats mettent en garde contre un risque de « chaos » et c’est sur fond de climat délétère et violent qu’Emmanuel Macron recevra lundi les poids lourds de la majorité.
Un court répit, après plusieurs nuits tendues. La contestation de la réforme des retraites s’est poursuivie dans plusieurs villes samedi, avec des cortèges rassemblant quelques centaines de personnes avant une nouvelle grande journée de mobilisation mardi.
La dernière, jeudi, avait mobilisé entre quelque 1 et 3,5 millions de personnes, selon les sources, au cours de plusieurs manifestations émaillées de nombreux incidents : commissariat attaqué à Lorient (ouest), porche de l’hôtel de ville incendié à Bordeaux (sud-ouest), heurts et nombreux départs de feux à Paris.
Outre les manifestants radicaux, les accusations de violences visent aussi les forces de l’ordre à tel point que le Conseil de l’Europe s’est alarmé d’un « usage excessif de la force ».
Au-delà de la mobilisation contre la réforme des retraites, celle d’organisations écologistes contre la construction de méga-réserves d’eau dans le centre ouest, à Sainte-Soline, a viré au cauchemar samedi. De violents affrontements ont opposé un groupe de manifestants aux forces de l’ordre, faisant au moins trois blessés graves, dont une personne entre la vie et la mort.
C’est dans cette atmosphère pesante, deux mois après le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, adoptée sans vote au Parlement, que la France attend sa 10e journée de mobilisations.
Lundi, le président Emmanuel Macron, qui s’est dit prêt à discuter avec l’intersyndicale de tout autre sujet que sa réforme, recevra la première ministre Élisabeth Borne et les cadres de sa majorité – chefs de partis, ministres, parlementaires – à l’Élysée.
Face à ce durcissement généralisé, le pouvoir rejette la faute sur une partie de ses opposants.
« Emmanuel Macron prend un malin plaisir à ce désordre et à ce chaos », a déploré dimanche le président du Rassemblement national, Jordan Bardella.
« Ceux qui protestent sont en colère, il nous faut les entendre », dit le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, mais ils n’ont rien à voir avec « les factieux qui viennent pour semer le chaos dans le pays ».
Argument renvoyé par le secrétaire général du syndicat réformiste CFDT, Laurent Berger, qui juge « absurde de risquer de faire sombrer la France dans le chaos ».