Règlements de comptes à Marseille : une marche "pour la justice et la paix" organisée par des proches des victimes

Lundi 19 Juin 2023

Des centaines de personnes ont marché dans les rues de Marseille ce dimanche 18 juin. Ces derniers, proches de victimes de règlements de comptes et d'homicides commis dans des quartiers populaires accompagnés de leurs soutiens, ont réclamé "justice et paix".

 


Réunis après l'appel de de collectifs, d'associations, mais aussi de partis de gauche, les manifestants ont défilé dans le calme, scandant notamment les noms de victimes tuées au cours des dernières années, entre la Porte d'Aix et la préfecture de région à Marseille. Derrière une banderole "Justice et Paix", les manifestants demandent davantage de moyens pour la justice afin d'élucider les affaires en cours d'instruction.

"Nous voulons délivrer un message pour une prise de conscience nécessaire des habitants, des pouvoirs publics, des élus, pour que les choses commencent à changer", a déclaré à l'AFP Laetitia Linon, membre du collectif Alehan, à l'origine, entre autres, de la manifestation, et dont le neveu de 14 ans a été tué en août 2021 dans une cité de Marseille, sur un point de guet du trafic de drogue, victime collatérale de la guerre entre trafiquants selon ses proches.
 
"Le problème est global, il ne s'agit pas que des assassinats", assure-t-elle, citant notamment la désertion des services publics dans ces quartiers, la déscolarisation ou le mal-logement.

Dire "stop"

"Que ce soit une balle perdue ou un règlement de comptes entre 'vrais dealers', les familles n'ont pas à subir ça", abonde Nadia Zouala, présidente de Jeunes reporters citoyens, une association perpignanaise venue participer à la manifestation. Elle porte, comme beaucoup, une pancarte avec la photo d'un jeune homme, victime d'un homicide dans son quartier de Perpignan.

"On est là pour dire 'stop', pour que nos enfants puissent grandir dans la sérénité", poursuit, à quelques mètres, Habib Boutouba, le père de ce jeune homme, Mohamed, tué en décembre 2021. "Elle était au mauvais endroit au mauvais moment", déplore de son côté Hassina Sadani, elle aussi membre du collectif Alehan, dont la nièce Sarah a été tuée dans le quartier marseillais de la Belle de Mai d'une rafale de Kalachnikov, elle aussi victime collatérale de la guerre que se livrent les trafiquants dans la cité phocéenne.

"Elle aimait vivre, elle était épanouie, ces gens-là ont détruit une famille, je me bats pour qu'il y ait une justice pour cette jeune fille, tout le monde doit se lever: on ne peut pas laisser nos enfants partir comme ça!", assène-t-elle. "Nous voulons montrer que les habitants des quartiers ne doivent pas être des laissés pour compte face à la situation que nous connaissons", explique Karima Meziene, membre du collectif "Justice pour Zahir. auprès de La Provence. Son frère a été tué dans une fusillade en 2016.

Une centaine de personnes s'étaient déjà rassemblées le 10 juin devant la mairie de Marseille pour soutenir les familles des victimes de règlements de comptes et appeler les pouvoirs publics à réagir davantage. Vingt-trois homicides ont eu lieu dans des règlements de comptes liés aux trafics de drogue depuis le début de l'année à Marseille, selon un décompte de l'AFP. 

Mardi 13 juin, une tribune contre les règlements de comptes liés au trafic de stupéfiants à Marseille, a été publiée dans Mediapart et a été signée par 213 élus et une quinzaine de collectifs.
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