Relents de « guerre froide » : Washington veut dissuader la Chine d’attaquer Taïwan

Mercredi 10 Novembre 2021

Les États-Unis ont affirmé mercredi que leur « objectif » au sujet de Taïwan était de dissuader la Chine d’intervenir militairement contre l’île, dans une nouvelle mise en garde avant le sommet virtuel entre les présidents Joe Biden et Xi Jinping qui aura lieu « bientôt ».
 
Le principe de cette rencontre, la première en visioconférence depuis l’arrivée au pouvoir du démocrate en janvier après deux coups de téléphone, avait été annoncé début octobre par la Maison-Blanche.
 
Elle pourrait avoir lieu la semaine prochaine, a rapporté la chaîne CNN en citant une source proche du dossier, tout en précisant que la date exacte n’avait pas encore été fixée.
 
Interrogé sur cette éventualité lors d’un évènement organisé par le New York Times, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est borné à répondre que le sommet virtuel aurait lieu « bientôt ».
 
« Le défi pour nous est de faire en sorte de gérer cette relation » sur « ses différents aspects », qu’il s’agisse de la coopération, de la compétition et de la confrontation, a-t-il ajouté.
 
Relents de « guerre froide », dit Xi
 
Les relations entre Pékin et Washington sont au plus bas sur toute une série de sujets, du commerce aux droits humains en passant par les ambitions régionales de la Chine. Les tensions sont encore montées d’un cran ces dernières semaines au sujet du sort de Taïwan, que les autorités chinoises considèrent comme une province qui doit revenir dans leur giron.
 
À ce propos, le président chinois Xi Jinping a mis en garde jeudi contre un retour à des tensions dignes de la Guerre froide dans la région Asie-Pacifique, insistant sur une plus grande coopération pour sortir de la crise causée par la pandémie de COVID-19 et lutter contre le changement climatique.
 
« Les tentatives de tracer des démarcations idéologiques ou de former de petits groupes reposant sur la géopolitique sont vouées à l’échec », a-t-il déclaré au cours d’une conférence économique virtuelle en marge du sommet du Forum de Coopération économique Asie-Pacifique (APEC). « La région Asie-Pacifique ne peut ni ne doit retomber dans les confrontations et les divisions de la Guerre froide ».
 
Dissuader, dit Blinken
 
Prié de dire si les États-Unis pourraient aller jusqu’à défendre Taïwan en cas d’attaque chinoise, comme avait récemment semblé le suggérer Joe Biden, Antony Blinken a réaffirmé la position traditionnelle de Washington, qui consiste à « s’assurer que Taïwan ait les moyens de se défendre ».
 
« L’objectif est de ne jamais en arriver au point où quelqu’un tente de rompre le statu quo par la force, de faire en sorte qu’il y ait une dissuasion, et que personne ne s’engage dans des actions qui pourraient être profondément, profondément déstabilisatrices, dangereuses pour la paix et la sécurité du monde », a-t-il expliqué.
 
« C’est la meilleure dissuasion contre tout acte très, très, très malheureux qui pourrait être envisagé par la Chine », a-t-il encore insisté.
 
Ce nouvel avertissement intervient alors que le président Xi a estimé que les relations entre les deux premières économies mondiales étaient « à la croisée des chemins ».
 
Lors du gala annuel du National Committee on US-China Relations, une organisation américaine qui promeut les échanges entre les deux grandes puissances, l’ambassadeur de Chine à Washington Qin Gang a lu mardi soir une lettre du président chinois.
 
Ce dernier y souligne que, « conformément aux principes de respect mutuel, coexistence pacifique et coopération gagnant-gagnant, la Chine est prête à travailler avec les États-Unis pour renforcer les échanges et la coopération sur tous les sujets », a écrit mercredi l’ambassadeur sur son compte Twitter.
 
Le numéro un chinois dit aussi vouloir « répondre conjointement aux dossiers régionaux et internationaux ainsi qu’aux défis mondiaux, tout en gérant de manière appropriée les divergences, afin de ramener les relations entre la Chine et les États-Unis sur la bonne voie d’un développement solide et stable ».
 
Joe Biden assure aussi vouloir coopérer avec les autorités chinoises sur certains défis communs comme le climat. Mais il a vivement dénoncé début novembre la « grave erreur » de Xi Jinping qui ne s’est rendu ni à la COP26, la conférence de l’ONU sur le climat, ni au sommet du G20. (AFP)
 
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