Repli du groupe Wagner - La crise en Russie défie l’autorité de Poutine, selon Washington

Dimanche 25 Juin 2023

Le secrétaire d'Etat US Antony Blinken
Les forces du groupe paramilitaire Wagner se sont repliées dimanche en Russie, mettant un terme à la rébellion lancée par leur chef Evguéni Prigojine qui a fait trembler le Kremlin et révélé, aux yeux des Occidentaux, « fissures » et « divisions » dans le camp de Vladimir Poutine.
 
En lançant sa mutinerie, le chef de Wagner avait promis de « libérer le peuple russe », ciblant notamment ses deux ennemis jurés, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef d’état-major Valéri Guérassimov, qu’il accuse d’avoir sacrifié des milliers d’hommes en Ukraine.
 
Mais il avait surtout contesté l’autorité du maître du Kremlin au pouvoir depuis fin 1999, qui a semblé pris de court et agité le spectre d’une « guerre civile ».  
 
Scrutée dans toutes les chancelleries, cette crise « révèle des fissures réelles » au plus haut niveau de l’État russe, a estimé le secrétaire d’État américain dimanche.
 
« Le fait que vous ayez quelqu’un de l’intérieur remettant en cause l’autorité de Poutine et questionnant directement les raisons pour lesquelles il a lancé cette agression de l’Ukraine, c’est en soi quelque chose de très puissant », a ajouté Antony Blinken.
 
Cette crise inédite a été évoquée par le président américain Joe Biden et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’un échange téléphonique, ont annoncé Kyiv et Washington.
 
Le président français Emmanuel Macron a lui aussi estimé que la rébellion de Wagner montrait « les divisions » dans le camp russe et « la fragilité à la fois de ses armées et de ses forces auxiliaires ».
 
Pour un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, « Prigojine a humilié Poutine/l’État et a montré qu’il n’y a plus de monopole de la violence ».
 
Scène extraordinaire samedi soir à Rostov en Russie, des dizaines d’habitants ont affiché leur soutien aux insurgés, scandant « Wagner, Wagner ! » peu avant leur départ. Dans la ville dimanche dominait toutefois un profond soulagement.  
 
« J’ai suivi les informations toute la journée et j’étais vraiment inquiète. Alors je suis contente que tout se soit bien terminé », a déclaré à l’AFP Tatiana, une retraitée de 76 ans.
Graves faiblesses
 
Affaibli aux yeux des Occidentaux, le régime russe a toutefois pu compter dimanche sur le soutien de Pékin. « En tant que voisin amical et partenaire stratégique, la Chine soutient la Russie dans ses efforts pour protéger la stabilité du pays », a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères, qualifiant la mutinerie « d’affaire intérieure ».
 
Moscou s’est également efforcé de dissiper l’idée que cette crise affectera son offensive en Ukraine.
 
L’armée russe a affirmé dimanche avoir « repoussé avec succès » des attaques menées par les forces de Kyiv dans quatre zones du front ukrainien.
 
Dans l’Est, autour de Bakhmout, ville prise en mai par les troupes de Wagner, les soldats ukrainiens ne constataient aucun changement majeur au lendemain du putsch avorté.
 
« La plupart des troupes comprennent qu’il s’agit d’un cirque, que les Russes ne sont pas partis », a résumé auprès de l’AFP l’un deux, Nazar, âgé de 26 ans.
 
Lors de sa conversation avec Joe Biden, le président ukrainien a indiqué avoir « discuté de la poursuite de l’approfondissement de la coopération en matière de défense » pour soutenir la contre-offensive engagée par Kyiv. (AFP)
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