Retraites : l'intersyndicale pointe "un échec" après la réunion avec Elisabeth Borne

Mercredi 5 Avril 2023

Laurent Berger (CFDT), Sophie Binet (CGT) et camarades en face de la première ministre Elisabeth Borne
C'est la première fois que la Première ministre recevait les syndicats depuis le début de la contestation contre la réforme des retraites. Après 55 minutes d'entretien, les syndicats ont quitté la réunion dénonçant "le manque d'ouverture d'Elisabeth Borne". 

"Un échec", selon les syndicats.
 
"Un échange respectueux", selon Elisabeth Borne. La première ministre recevait les syndicats mercredi 5 avril. Objectif : tenter de sortir de la crise des retraites. L'entretien aura duré 55 minutes. Selon les syndicats, Elisabeth Borne a refusé le retrait du texte, ont-ils expliqué à leur sortie de l'hôtel Matignon. 
 
"Nous avons redit à la Première ministre qu’il ne saurait y avoir d’autre issue démocratique que le retrait du texte. La Première ministre a répondu qu’elle souhaitait maintenir son texte, une décision grave", a déclaré Cyril Chabanier au nom de l'intersyndicale sur le perron de Matignon.
 
Sophie Binet, nouvelle patronne de la CGT, a dénoncé de son côté "un gouvernement radicalisé, obtus et déconnecté". Quant à Laurent Berger (CFDT), il appelle "un maximum de travailleur et de travailleuses à mobiliser" jeudi, pour la 11e journée de grève contre la réforme des retraites. "On avait une crise sociale qui est en train de se transformer en crise démocratique", a-t-il ajouté. 

"Désaccords sur l'âge" 

De son côté, Elisabeth Borne a salué un "échange respectueux où chacun a pu s'exprimer".
 
"Même si nos désaccords sur l'âge n'ont pas permis de discuter de façon approfondie, je pense que cette réunion marque néanmoins une étape importante. Les organisations syndicales, comme elles ont pu vous l'indiquer, sont disponibles pour travailler ultérieurement sur ces sujets (qualité de vie au travail, fin de carrière, pénibilité, ndlr) et je leur ai dit ma disponibilité et celle de mon gouvernement parce que je n'envisage pas d'avancer sans les partenaires sociaux", a-t-elle déclaré depuis la cour de Matignon. 

La Première ministre avait promis en amont de l'entretien qu'elle serait "à l'écoute de tous les sujets" que les syndicats voudraient aborder lors de cette rencontre qui a débuté à 10h00 à Matignon, en dépit de "points de désaccord" sur la réforme des retraites, en particulier le recul de l'âge de départ de 62 à 64 ans.

La marge de manoeuvre semblait en effet quasi-nulle. Si l'exécutif refusait de parler des 64 ans, "on partira", avait prévenu le leader de la CFDT, Laurent Berger. "Ca peut durer cinq minutes", avait abondé la nouvelle patronne de la CGT, Sophie Binet. "On ne peut pas parler d’autres sujets aujourd’hui" avec Élisabeth Borne, confirmait encore Cyril Chabanier, président de la CFTC, mercredi 5 avril, sur FranceInfo.  

Une impasse pour les partis de gauche 

"On est dans une impasse" car "tant qu'il n'y aura pas de retrait (...) on ne passera pas à autre chose", avait également déclaré la patronne des écologistes Marine Tondelier mardi à l'issue d'une rencontre avec Elisabeth Borne, qui consulte tous azimuts pour "élargir la majorité"  et bâtir un programme de gouvernement pour les mois à venir.
 
"Et quand on est dans une impasse, il faut faire demi-tour", a renchéri la leader du PS Olivier Faure, qui a trouvé la Première ministre "démunie" de solutions pour sortir de la crise.

C'est la première fois, à la veille d'une onzième journée de mobilisation dans la rue contre la réforme, que la Première ministre recevait les organisations syndicales depuis la présentation le 10 janvier de la réforme. Celle-ci a généré une mobilisation quasi hebdomadaire inédite allant jusqu'à 1,3 million de personnes dans la rue le 7 mars (selon les autorités), soit davantage qu'en 1995 ou 2010. Et ces manifestations ont connu un regain de tensions après l'adoption sans vote de la réforme au Parlement, via le 49.3.
 
Les syndicats avaient déjà demandé, en vain, d'être reçus par Emmanuel Macron. Elisabeth Borne les avaient alors renvoyés au ministère du Travail.

Une mobilisation en baisse jeudi ?

Côté gouvernement, le souhait c'est de "négocier autre chose" que les retraites, selon un ministre, "inquiet du niveau de tension", en attendant la décision du Conseil constitutionnel. Elisabeth Borne considère qu'il y a "beaucoup de sujets à aborder" sur "la qualité de vie au travail, sur les fins de carrière, sur la prévention de la pénibilité". 
 
L'exécutif mise aussi sur la fatigue des manifestants alors que les vacances de printemps débutent le 8 avril. "La manière dont les choses se sont passées mardi (28 mars) est plutôt positive : une mobilisation en baisse, des syndicats qui acceptent d'être reçus", estimait un député Renaissance après la 10e journée de mobilisation.

Décision du Conseil constitutionnel le 14 avril 

A l'inverse, les syndicats entendent jeudi "montrer que la mobilisation est toujours puissante". Le leader de la CFDT Laurent Berger espère dans L'Obs que le Conseil constitutionnel "censurera la loi". Car "s'il y a censure de points particuliers comme l'index senior, la pénibilité au travail, etc., mais pas des 64 ans, alors ça ne répondra en rien à la conflictualité sociale en cours", selon lui.
 
Le Conseil constitutionnel rendra sa décision le 14 avril. Les syndicats comme la gauche comptent également sur la validation par la Haute juridiction du référendum d'initiative partagée (RIP) sur la réforme. (Orange avec Médias Services)
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