Condamnations "rapides", envoi de policiers spécialisés, le Premier ministre britannique Keir Starmer a promis lundi une réponse ferme pour mettre un coup d'arrêt aux violences d'extrême droite qui se sont propagées à travers le Royaume-Uni pendant le week-end.
Une semaine après l'attaque au couteau qui a coûté la vie à trois fillettes dans le nord-ouest de l'Angleterre, sur fond de spéculations sur l'origine du suspect, le pays est confronté à ses pires émeutes depuis 13 ans.
Ces derniers jours ont vu des hôtels hébergeant des demandeurs d'asile ou des mosquées prises pour cible, des commerces pillés.
La police a procédé à plus de 378 interpellations depuis le début des heurts, selon le NPCC, organisme qui regroupe les chefs des différentes forces de police à travers le pays. Un chiffre voué à "augmenter chaque jour" à mesure que les enquêteurs continuent à identifier et arrêter les fauteurs de trouble, a prévenu son président Gavin Stephens.
A l'issue d'une réunion de crise à Downing Street, le chef du gouvernement travailliste a annoncé la mobilisation d'une "armée" de réserve de policiers spécialisés pour faire face aux heurts, sans plus de détails.
Au pouvoir depuis un mois, Keir Starmer a souligné que sa priorité "absolue" était de mettre fin aux désordres et que "les sanctions pénales soient rapides", et de "faire en sorte que les rues soient sûres pour le public", après les heurts du week-end.
Dès dimanche après-midi, il avait prévenu les casseurs qu'ils "regretteraient" d'avoir participé aux "désordres" des derniers jours.
Les émeutes ont éclaté à Southport au lendemain de l'attaque au couteau dans cette ville balnéaire, sur fond de rumeurs non étayées et en partie depuis démenties sur la religion et l'origine du suspect de 17 ans, Axel Rudakubana, inculpé pour meurtres et tentatives de meurtres. Officiellement, on sait seulement qu'il est né au Pays de Galles, les médias affirmant que ses parents sont originaires du Rwanda.
Après plusieurs jours d'affrontements notamment à Liverpool (nord-ouest) à Belfast (Irlande du Nord) ou encore Bristol (sud-ouest), ces rassemblements, avec comme mot d'ordre "Enough is enough" (trop c'est trop) en référence à l'arrivée au Royaume-Uni de migrants traversant la Manche sur des canots pneumatiques, ont été marqués par des violences contre deux hôtels hébergeant des demandeurs d'asile.
A Rotherham (nord), plus de 700 personnes, selon la police, se sont rassemblées, ont brisé des vitres de l'établissement et déclenché un feu, certains criant des slogans comme "Mettez-les dehors". Douze policiers ont été blessés.
A Tamworth, près de Birmingham (centre), un hôtel a été pris pour cible par des assaillants qui ont en particulier "brisé des vitres, allumé des feux et ciblé la police", selon cette dernière.
Le pays n'avait pas connu une telle flambée depuis 2011, après la mort d'un jeune homme métis, Mark Duggan, tué par la police au nord de Londres.
Au gré de leur présentation devant les tribunaux, plusieurs des interpellés après ces violences ont été écroués.
- Tribunaux mobilisés -
"Ces délinquants paieront le prix", a assuré la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper sur la BBC. "Nous nous sommes assurés que les tribunaux soient prêts, qu'ils aient des procureurs supplémentaires disponibles".
La police a notamment pointé du doigt la responsabilité de l'English Defence League, un groupuscule d'extrême droite créé il y a 15 ans et dont les actions anti-immigration ont souvent été émaillées de débordements.
Certains commentateurs et responsables politiques estiment plus généralement que la montée d'un discours anti-immigration dans la classe politique a encouragé les manifestants.
Le Royaume-Uni est confronté ces dernières années à l'arrivée chaque année de dizaines de milliers de migrants par canots pneumatiques, qui a rendu les arrivées clandestines particulièrement visibles.
L'hébergement des demandeurs d'asile dans des hôtels payés par le gouvernement a créé parfois des tensions locales, les gouvernements conservateurs successifs cherchant à mettre fin à ce système sans y parvenir. [AFP]