SAHEL : Macron décrète la fin de Barkhane mais les armées françaises restent

Jeudi 10 Juin 2021

Le président Emmanuel Macron a annoncé aujourd’hui la fin de l’opération Barkhane au Sahel en tant qu'opération extérieure de la France. Une décision qui va entraîner de facto une « transformation profonde » de la présence militaire française dans cette région en proie depuis plusieurs années à des violences terroristes et criminelles. Le calendrier et les modalités du redéploiement seront annoncés dans quelques semaines.
 
Les soldats français dans le Sahel, au nombre de plus de 5000 éléments, vont quitter une bonne partie du nord du Mali notamment Tessalit et Tombouctou où ils avaient des bases. Ils pourraient être redéployés ailleurs pour échapper aux attaques des groupes affiliés à Al « Qaïda » et à « l’Etat Islamique ». Selon des spécialistes, ils pourraient se retrouver en plus grand nombre dans la région dite des trois frontières, une zone grise commune aux trois Etats du G5-Sahel les plus exposés aux violences : Mali, Niger et Burkina Faso. Une perspective qui renvoie à la force de soutien évoquée par Emmanuel Macron pour se substituer à Barkhane.
 
Après une sommation qui a consisté à suspendre les opérations militaires conjointes entre la France et le Mali, le président français est donc passé à une mesure radicale pour répondre à plusieurs facteurs qui devenaient de plus en plus insupportables pour sur ses intérêts politiques domestiques. La recrudescence des soldats français rapatriés du Mali dans des cercueils, des sondages montrant que 50% des Français se disent opposés à la poursuite des activités de Barkhane au Mali et la perspective de l'élection présidentielle d'avril 2022 semblent avoir guidé le choix du chef de l’Elysée de changer de cap.

n peut également rappeler qu’Emmanuel Macron est particulièrement exaspéré par les manifestations de plus en plus nombreuses qui dénoncent la tutelle de la France sur les économies ouest-africaines et sa trop grande influence sur les régimes politiques en France.
 
L’annonce de la fin de la mission militaire de Barkhane va imposer un aggiornamento militaire aux pays du G5 Sahel mais aussi et surtout au Mali. Le régime militaro-civil dirigé par le colonel Assimi Goïta sera naturellement contraint de s’occuper les zones qui vont être abandonnées par les militaires français et certains de leurs alliés européens sous peine de les voir récupérer par d’autres forces en embuscade dans le septentrion. Toutefois, Emmanuel Macron a souligné qu'un appui sera accordé aux armées de la région qui en feraient la demande. 

La décision française intervient dans le contexte d'indignations internationales suite au massacre de 160 personnes dans la localité de Solhan au Burkina Faso.

En janvier dernier, Emmanuel Macron avait convié ses alliés du G5-Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie et Tchad) à Pau, en pays basque français, pour repenser et poursuivre les missions de Barkhane. 
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