SANS PAPIERS, ASSASSINATS, NON ASSISTANCE - La diaspora sénégalaise face à ses difficultés

Mardi 17 Janvier 2017

L’émigration qui contribue à la stabilité politique des pays de départ par la diminution du nombre des chômeurs est une préoccupation du Sénégal. En octroyant un quota de 15 députés aux Sénégalais de l’étranger, le gouvernement croit pouvoir venir à bout de leurs problèmes. Mais au vu des difficultés qui assaillent la diaspora Sénégalaise, cette mesure ne résoudra pas forcément les problèmes.
 
Notre pays dispose d’une délégation des Sénégalais de l’extérieur à qui il a octroyé un quota de 15 députés pour venir à bout de leurs souffrances.  Mais en examinant de près les problèmes les plus importants qui assaillent les expatriés du Sénégal, on se rend compte que cette frange dont les envois monétaires assurent la survie de plusieurs milliers de familles et impulsent le développement de certains terroirs, est confrontée à des problèmes qui ne se résolvent pas par une simple représentation à l’Assemblée nationale.  
 
Si le ministère des Affaires étrangères et la Direction des Sénégalais de l’extérieur n’arrivent pas juguler les problèmes de nos compatriotes, il est difficile d’espérer que 15 parlementaires puissent y parvenir. A l’étranger où existent deux catégories d’émigrés Sénégalais (réguliers et irréguliers),  en plus d’être confrontés à des difficultés d’ordre  économique et social,  ils vivent en permanence  le casse-tête des problèmes administratifs, dont celui lié aux papiers.
 
Aux Etats-Unis par exemple où la communauté sénégalaise recensée fait plus de 100 000 personnes, le consul général, Elhadji Amadou Ndao admet ce problème. Lorsque dans ce pays, un Sénégalais se retrouve avec un visa expiré, il devient automatiquement un sans-papier avec toutes les conséquences attachées à cette situation.  C’est cela qui explique que beaucoup de Sénégalais vivant dans ce pays se retrouvent devant la justice.
 
En Afrique du sud, où vivent plus de 10 000 de nos compatriotes, le renouvellement des passeports, l’obtention de pièces d’état civil, en plus de récurrentes brimades sont le lot quotidien de la plupart d’entre eux. Le tableau est à peu près le même pour les Sénégalais qui résident en Italie, en Espagne, dans le Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) ou en France. Le désarroi est bien partagé entre les démarches liées aux documents de voyage du fait des lenteurs administratives dans leur confection et leur délivrance.
 
Selon Mame Mbargane Thiam, président de l’Association des Sénégalais d’Almeria en Espagne, il peut s’écouler un délai d’un an entre la date de dépôt pour l’obtention d’un passeport et sa délivrance. Fatigués de courir derrière leurs sésames, certains émigrés en arrivent à clamer que « l’Etat ne les considère pas ». Une mise à disposition de démembrements des administrations concernées au niveau des ambassades et consulats des pays d’accueil amoindrirait les problèmes.  Avec l’énormité des problèmes qui assaillent  la diaspora Sénégalaise,  il y en a qui  se posent des questions sur l’utilité de quinze députés censés leur faciliter le séjour à l’étranger. 
 
En France, perdure la situation des étudiants boursiers de l’Etat Sénégal contraints de se débrouiller, avec l’aide de leurs parents, pour vivre, payer la scolarité et le loyer. La galère est le lot de beaucoup d’entre eux. L’enfer est l’autre face de cet exil pour nos compatriotes. Le nombre d’entre eux assassinés au cours de ces derniers mois ou est impressionnant. Les exemples sont légion.
 
Pour leur retour, les programmes de reconversion qui leur sont proposés ne les enchantent pas toujours même si certains volontaires réussissent une fois sur place. A cet égard, le Plan Reva (Retour vers l’agriculture) d’Abdoulaye Wade a été transformé par le pouvoir actuel en Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida). Son évaluation et son impact restent à faire.
 
De l’avis de Moussa Thiam, expert en matière d’immigration vivant en Suisse, prendre en charge les préoccupations des Sénégalais de l’extérieur suppose un ministère de poids avec fonctionnaires au fait des réalités du secteur pour être des interlocuteurs crédibles et pertinents de l’Etat et des pouvoirs publics.  (Ndiogou CISSE)

 
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