Article modifié le 30 mars 2024 à 10H 08 GMT
Sorti de prison le 15 mars après 11 mois de détention, privé de son temps d’antenne légal sur la radio-télévision publique, et après 9 jours de campagne électorale seulement, Bassirou Diomaye Faye est devenu le 5e Président de la République du Sénégal. Ce 25 mars, il a 44 ans.
Le 29 mars 2024, le Conseil constitutionnel a officiellement proclamé sa victoire écrasante devant le candidat du pouvoir, Amadou Ba. Une page se tourne.
L’inspecteur des impôts et ombre d’Ousmane Sonko sera donc le successeur de Macky Sall pour les cinq prochaines années.
La détermination des électeurs et électrices, pressentie aux premières heures de cette matinée dominicale du 24 mars, s’est peu à peu transformée en un puissant ras-de-marée électoral en faveur du candidat de la mouvance Pastef.
C’est la souveraineté populaire du peuple sénégalais qui s’est ainsi exprimée en toute transparence, à travers une mobilisation exceptionnelle, et en dépit de l’exclusion du vote de plusieurs milliers de citoyens victimes à la fois des incompétences administratives, des tentatives de magouilles de certains notables politiques du régime et des déplacements de centres de votes et d’électeurs souvent ni expliqués ni justifiés.
En élisant Bassirou Diomaye Faye, le peuple sénégalais sanctionne durement un régime qui a fait de la loi de la force le viatique de sa morale, le soubassement de son arrogance, le carburant de sa violence.
Les électeurs du 24-Mars, toutes catégories d’âge et de sexe confondues, ont voulu dénoncer toute cette panoplie d’injustices infligées sans raison, sans justice ni équité à toutes ces gens qui ont résisté pacifiquement à l’oppression et à la répression d’un pouvoir tyrannique qui ne s’est fixé aucune limite dans la transgression des libertés.
Ceux et celles qui ont voté ce 24-Mars avaient envie de rappeler à toute la classe politique que le pouvoir du peuple reste une réalité intangible avec laquelle il n’est pas possible de ruser éternellement sans retour de bâton.
Le peuple sénégalais voulait son référendum contre un régine corrompu, il l’a eu en usant sans coup férir de ce formidable outil de redressement des torts qu’est le vote universel.
La grosse performance politique réalisée ce 24 mars par Bassirou Diomaye Faye nous sort de douze ans d’une démocratie formelle emmitouflée dans une terreur sanglante qui aura emporté, sans raison, la vie de plusieurs dizaines de Sénégalais et détruit bien d’autres, même en leur épargnant la mort. La réparation de ce cauchemar vécu par des milliers de nos compatriotes et la destruction des causes qui en sont l’origine requièrent une attention particulière des futures nouvelles autorités de l’Etat et de la République.
En attendant, l'exception sénégalaise est de retour ! Et on l'espère durable et plus résilience que jamais.