Sénégal : Sitôt libéré, Ousmane Sonko inaugure ses habits de chef de l’opposition par des exigences

Lundi 8 Mars 2021

A la place de la Nation à Colobane, Ousmane Sonko semble avoir déroulé ce lundi 8 mars un vrai projet de transition politique en direction de l’élection présidentielle de 2024. « La révolution est lancée, aucune puissance interne ou étrangère ne peut l’arrêter », a dit le président du parti Pastef fraîchement relâché de sa garde à vue de 4 jours à la gendarmerie de Colobane suivie d’un face à face avec le doyen des juges (voir ailleurs). Son discours 
 
Galvanisé par la mobilisation populaire en faveur de sa libération et de la restauration des libertés démocratiques au Sénégal, Ousmane Sonko a adressé au président Macky Sall  un chapelet d’exigences non négociables car « le rapport de forces est en notre faveur », a-t-il dit. Ce sont, entre autres : « la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques », l’indemnisation des familles des morts et des blessés lors des événements violents survenus à Dakar et dans plusieurs localités du pays dont Bignona dans le Sud, une enquête indépendante sur « les crimes commis entre le 3 mars et le 8 mars 2021. » Il a également évoqué « le rétablissement des droits civiques de Khalifa Sall et de Karim Wade.
 
En ce qui concerne les personnes tuées et blessées depuis le 3 mars, le président du Pastef a annoncé le dépôt d’une plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) afin que les responsabilités soient identifiées et sanctionnées.
 
Par ailleurs, Ousmane Sonko, député à l’assemblée nationale, a rejeté toute idée de gouvernement d’union nationale avec l’actuel chef de l’Etat qu’il juge « illégitime pour continuer à gouverner le Sénégal. » Cependant, son idée est de laisser le président Sall terminer un mandat qui expire en 2024.
 
« Je déconseille au peuple de déloger Macky Sall du palais. Qu’il démissionne de son propre gré. S’il présente sa démission, nous en prendrons acte pour appliquer la constitution et organiser des élections. »
 
S’attaquant encore au chef de l’Etat, Ousmane Sonko s’est lâché : « le Sénégal n’a pas besoin d’un génie politique dont le seul art est de liquider des opposants, mais d’un génie d’Etat qui crée des emplois et de la prospérité si bien qu’à la fin de son mandat son peuple le retienne de force pour un mandat supplémentaire. »
 
A ce propos, il a demandé au chef de l’Etat de renoncer explicitement et publiquement au 3e mandat.
 
En attendant, il est revenu sur l’urgence du respect du calendrier électoral, notamment par l’organisation des élections municipales et départementales repoussées à deux reprises après la date manquée de juin 2019.
 
Concernant l’affaire de viol présumé, Ousmane Sonko a dit : « Je vous le jure, je vous le jure je dis bien, si ce dont on m'accuse était vrai, je n'allais jamais accepter qu'un sénégalais ne se blesse depuis le début de cette affaire. Je vous dis bien que les accusations sont fausses... »
 
Placé sous contrôle judiciaire pour troubles à l’ordre public, le leader du Pastef a réclamé que son procès se tienne le plus rapidement possible afin que les Sénégalais soient édifiés. Toutefois il a indiqué : « mon indépendance politique n’est pas négociable. »
 
 
 
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