Sommet de l'Union africaine : l'ONU appelle à des réponses collectives, globales et coordonnées aux défis de l'Afrique

Mardi 11 Février 2020

 
« Depuis mon entrée en fonction, j'ai cherché à renforcer les liens entre nos deux organisations, sur la base de valeurs partagées, de respect mutuel, d'intérêts communs et, si je puis me permettre, de mon profond engagement personnel en faveur de la paix, de la prospérité et du bien-être de l'Afrique et de ma conviction que les défis de l'Afrique ne peuvent être résolus que par les dirigeants africains », a déclaré António Guterres.
 
M. Guterres a salué les efforts complémentaires des deux organisations en matière de paix et sécurité ainsi que de développement.
 
Le chef de l’ONU a souhaité mettre en exergue trois défis particulièrement urgents, à savoir la paix et la sécurité, la crise climatique et l'éradication de la pauvreté.
 
Faire taire les armes et imposer la paix
 
Le Secrétaire général a salué les nombreux succès en matière de paix et de sécurité au cours de l'année écoulée, menés à bien à travers les efforts conjoints ONU-UA, tels que les accords conclus en République centrafricaine et au Soudan du Sud.
 
« Aujourd’hui, le maintien de la paix dépend de partenariats solides, « tant avec les États Membres qu’avec l’Union africaine et le renforcement continu du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine est une priorité absolue », a affirmé António Guterres.
 
Il a signalé que « non seulement que la plupart des opérations de maintien de la paix des Nations Unies se déroulent en Afrique, mais également que la plupart des casques bleus sont eux-mêmes africains ».
 
M. Guterres a rappelé que le maintien de la paix « dans sa forme traditionnelle » ne suffit pas là où il n’y a pas de paix à maintenir, tel que dans le Sahel.
 
Lutter contre le terrorisme et donner des opportunités à tous 
 
« Nous avons de plus en plus besoin d’opérations d’imposition de la paix et de lutte contre le terrorisme, mises en œuvre par l’Union africaine et appuyées par l’ONU », a ajouté le chef de l'ONU.
 
« L’expérience du G5 Sahel et de la Somalie montre que ces opérations doivent être mandatées par le Conseil de sécurité, dans le cadre du chapitre VII de la Charte, et jouir d’un financement prévisible garanti par les contributions obligatoires », a-t-il précisé.
 
M. Guterres a déploré le « manque soutien suffisant » de la communauté internationale qui laisse aujourd’hui les régions du Sahel et du lac Tchad « fragilisée par le terrorisme».
 
Face au nombre et à la complexité croissants des attaques terroristes, notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger, il a appelé à « contribuer à bâtir des conditions propices à l’espoir et à l’accès aux opportunités pour tous pour que le peuple puisse en bénéficier entièrement ».
 
Mettre fin à la crise Libyenne
 
« Nous devons également mettre un terme au conflit Libyen » a lancé le chef de l'ONU, soulignant l'incidence majeure de la crise libyenne sur le Sahel et au-delà.
 
« La Libye ne se serait pas enfoncée dans un conflit toujours plus grave et destructeur sans la complicité directe de certains membres de la communauté internationale » a dénoncé M. Guterres.
 
« Les résolutions du Conseil de sécurité, y compris sur l’embargo des armes, sont bafouées avant même que l’encre n’ait séché. C’est un scandale inacceptable », a-t-il déploré.
 
« Nous avons établis hier ensemble un nouveau cadre de partenariat entre l’Union Africaine et les Nations Unies pour une coordination étroite de nos efforts communs », a annoncé le chef de l'ONU précisant qu'il partageait les frustrations qu’éprouve l’Union africaine face à la situation qui règne en Libye depuis 2011.
 
Il s’est dit encouragé par les pourparlers tenus à Brazzaville organisés par l'UA et a voué « tout son soutien » à l’organisation d’un forum de réconciliation intra-libyenne en Afrique.
 
« Je continuerai d’insister que seule une solution politique, par et pour les libyens, apportera la paix en Libye et que toute intervention étrangère dans le conflit ne fera qu’aggraver la situation. Un cessez-le-feu immédiat est absolument essentiel », a martelé le Secrétaire général.
 
Crise Climatique
 
L'Afrique est la moins responsable du dérèglement climatique et pourtant elle est parmi les premières et plus fortement touchées, a déploré le Secrétaire général, signalant que « ses nations ont besoin d'aide pour renforcer leur résilience afin de s'adapter aux impacts inévitables à venir ».
 
L'augmentation de la température en Afrique est deux fois plus importante que la moyenne mondiale.
 
« Nous devons être plus ambitieux en matière d'atténuation et, surtout dans l'intérêt de l'Afrique, plus ambitieux en matière d'adaptation et de financement afin de renforcer la résilience des pays et des communautés africains et de permettre un redressement et une reconstruction efficaces », a précisé le chef de l'ONU.
 
La lutte contre les risques sécuritaires liés au climat dans la Corne de l'Afrique, en Afrique centrale et au Sahel doit être une priorité, a ajouté M. Guterres.
 
Éradiquer la pauvreté 
 
Le chef de l’ONU s'est félicité des progrès constatés à travers le continent en matière de lutte contre la pauvreté et de mise à terme de l'exclusion, notamment traduits par un meilleurs accès à l'éducation, aux services de santé, aux infrastructures de base, et une meilleure sécurité alimentaire.
 
« Ces progrès sont toutefois lents et irréguliers », a néanmoins souligne le chef de l'ONU.
 
Il a déploré l'impact de la globalisation inéquitable, de la corruption et des flux financiers illicites qui « privent l'Afrique de ressources essentielles pour son développement ».
 
M. Guterres a affirmé qu'il comptait continuer à revendiquer « une globalisation plus juste », qui puisse bénéficies tous les peuples y compris les africains, et s'est félicité des efforts menés par divers gouvernants du continent pour contrer la corruption tout en appelant la communauté à appuyer ces efforts.
 
Pour M. Guterres la promotion de l'égalité des sexes est centrale à l'éradication de la pauvreté.
 
« Nous vivons toujours dans un monde dominé par les hommes et cela devra changer » a affirmé António Guterres, soulignant que la paix, la cohésion sociale et le développement durable exigent la contribution et le leadership des femmes.
 
Il a souligné la responsabilité conjointe d'assurer que les femmes soient présentes autour de la table au moment des négociations de paix et a salué le Réseaux des femmes leaders africaine et l'initiative FEMWISE AFRICA pour la médiation des conflits.
 
Le chef de l’ONU a également appelé à inclure les jeunes en tant qu'agents moteur du changement pour construire l'avenir, soulignant qu' à l'occasion de son 75ème anniversaire l'ONU comptait être à leur écoute et leur porter une attention particulière. (News.un.org)
 
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