La mission de paix conjointe de l’ONU et de l’Union africaine au Darfour (Minuad) doit mettre fin jeudi à une opération de treize ans dans cette région de l’ouest du Soudan où des violences tribales restent à craindre.
La Minuad «va officiellement mettre fin à ses opérations jeudi quand le gouvernement soudanais reprendra la responsabilité de la protection des civils dans la région», a indiqué la mission dans un communiqué mercredi.
Le retrait progressif des quelque 8000 membres de la mission onusienne, militaires, policiers et civils, commencera en janvier et doit s’étaler sur une période de six mois.
La fin de la mission, qui avait débuté fin 2007, intervient malgré une recrudescence des affrontements tribaux au Darfour, qui ont provoqué la mort de quinze personnes et des dizaines de blessés la semaine dernière.
Craintes des habitants
Les autorités soudanaises ont assuré que leurs troupes seraient déployées dans la région pour contenir les violences. Mais les habitants du Darfour craignent pour leur vie et ont manifesté ces dernières semaines contre le retrait imminent de la force de maintien de la paix.
La date du 31 décembre avait été jugée prématurée par les membres occidentaux du Conseil de sécurité de l’ONU, au nom de la protection des civils. Ils appelaient à un processus graduel et prudent.
Les violences au Darfour avaient débuté en 2003 entre les forces pro gouvernementales et des insurgés issus de minorités, provoquant la mort d’environ 300’000 personnes et faisant plus de 2,5 millions de déplacés, essentiellement durant les premières années, selon les Nations Unies.
Les insurgés accusaient le régime d’Omar el-Béchir – destitué en avril 2019 sous la pression d’un mouvement de contestation – de marginaliser la région. Pour lutter contre la rébellion, les autorités soudanaises avaient déployé les Janjawids, une milice armée composée essentiellement de nomades arabes, accusés de «nettoyage ethnique» et de viols.
Retrait critiqué
«La vie des Darfouris est en jeu, et les Nations Unies devraient revenir sur leur décision», a dit mercredi à l’AFP Mohamed Abdelrahman, un manifestant, lors d’un sit-in au camp de déplacés de Kalma, à Nyala, la capitale du Darfour-Sud.
Autour de lui les manifestants arboraient des bannières sur lesquelles on pouvait lire: «Nous faisons confiance à l’ONU pour protéger les personnes déplacées» et «nous rejetons le retrait de la Minuad».
En octobre, le gouvernement de transition soudanais, installé en août 2019 et issu d’un accord entre militaires et dirigeants du mouvement de contestation, a signé un accord de paix avec plusieurs groupes rebelles y compris au Darfour. (AFP/NXP)