Sur les routes du sud de l'Angleterre, la colère des routiers

Mardi 22 Décembre 2020

Dan Jinca, un chauffeur de poids lourds roumain, est bloqué en Angleterre depuis qu’une cinquantaine de pays ont suspendu leurs liaisons avec l’île britannique. Il est en colère et il n’est pas le seul.
 
Agé de 47 ans, il ne pourra pas fêter Noël chez lui, en famille, et il juge absurde la raison officielle de cette fermeture des frontières, à savoir l’apparition d’un nouveau variant du coronavirus SARS-CoV-2 potentiellement très contagieux dans le sud de l’Angleterre.
 
“On ne sait pas pourquoi on est obligé de se retrouver dans cette situation”, dit-il. “Ils disent que c’est à cause du corona. On ne sait pas. Tout ça, ce sont des conneries.”
 
Des centaines de camions s’alignent sur les axes routiers du sud de l’Angleterre. De nombreux conducteurs sont là depuis des jours, puisant dans leurs réserves de nourriture le long de routes désormais silencieuses.
 
Peu importe ce qu’il s’est décidé à Londres, Paris ou Bruxelles, Dan Jinca, père de famille, ne rejoindra pas sa maison de Bumbesti-Jiu, à 300 km à l’ouest de Bucarest, à l’heure du réveillon de Noël. Trop loin.
 
“Maintenant, c’est fichu. D’ici à la maison, il doit y avoir plus de 3.000 kilomètres. Il faudrait que je conduise au moins 45 heures sans m’arrêter, sans dormir, juste rouler. Je n’y arriverai pas.”
 
En sept ans de travail comme chauffeur routier, il ne se souvient pas d’avoir connu un incident similaire.
 
Sergio Robles est espagnol. Agé de 41 ans, il est bloqué depuis trois jours dans des conditions qu’il qualifie de honteuses.
 
Il réclame une solution et des informations rapides.
“Ils ne nous donnent pas à manger, ni à boire. Il n’y a pas de sanitaires. Il n’y a rien”, dit-il. “La situation est simplement inhumaine. Alors nous demandons une solution.”
“Je pense, je suis même convaincu que ce qui se passe en ce moment n’est pas lié au coronavirus. C’est à cause du Brexit, d’histoires de politique intérieure ou de quelque chose dans le genre.”
 
Sergio Robles, lui non plus, ne verra pas sa famille à Madrid à Noël.
“Nous, les transports, nous faisons bouger le monde, si on peut dire. Et ils nous traitent très mal. Ils nous traitent comme des déchets. On ne passera pas Noël en famille, ni avec nos enfants. Je trouve qu’il n’y a rien de juste dans tout ça.” (Reuters)
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