Le procès de l’affaire du salon « Sweet Beauté » s’est ouvert aujourd’hui devant une chambre criminelle au palais de justice Lat-Dior de Dakar. Cette audience spéciale doit vider à partir d’aujourd’hui les accusations de « viols répétitifs » et « menaces de mort » présumés proférés par une ex masseuse dénommée Adji Sarr contre Ousmane Sonko, président du parti Pastef-Les patriotes, principal leader de l’opposition sénégalaise et candidat déclaré à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Si la partie civile constituée par la plaignante Adji Sarr est sur place, de même que Ndèye Khady Ndiaye, prévenue et propriétaire du salon de massage, par contre Ousmane Sonko, absent, est représenté par ses avocats dont Me Ciré Clédor Ly. C’est le magistrat Issa Ndiaye qui préside les débats, entouré de deux assesseurs femmes.
Les premières escarmouches entre les parties au procès n’ont pas tardé. Les avocats de Ndèye Khady Ndiaye et ceux d’Ousmane Sonko demandent presqu’en chœur le renvoi de l’audience pour se donner le temps d’étudier un dossier de plus de 400 pages. En outre, avancent-ils, leur cliente est en état de grossesse de 8 mois qui rend pénible sa présence prolongée. Pour les autres, leur client n’a pas reçu de convocation en bonne et due forme, comme le prévoit la loi.
Me Kayossi insiste d’autant pour le renvoi de l’affaire qu’il met sur la table du président de la chambre criminelle la comparution et une confrontation avec l’accusatrice, selon un Tweet rapporté de la salle 4 du tribunal. Me Abdoulaye Tall, du pool des avocats de Sonko, entre dans la danse en demandant au tribunal de faire preuve d’« humanisme » en retenant l’affaire pour août ou septembre 2023 afin que la prévenue puisse arriver au terme de sa grossesse en toute sérénité et assurer sa défense aux côtés de ses conseils. Mais le juge reste ferme, de même que le parquet.
Sur une ligne de niet catégorique, les avocats de la plaignante dénoncent un dilatoire inacceptable. « Les confrères qui demandent le renvoi sont dans le dossier depuis l’ouverture de l’information judiciaire », souligne Me Abdou Dialy Kane dont les propos sont rapportés par plusieurs comptes et médias. « Et compte tenu de la particularité de ce dossier, il n’est pas propice de renvoyer (l’audience). »
Revenant à la charge, Me Ciré Clédor Ly soutient que si le dossier n’est pas renvoyé à une date ultérieure, les avocats de la défense quitteront ensemble la salle du tribunal. Et dans la foulée, Me Massokhna Kane interpelle le président du tribunal : « (si nous quittons la salle) vous serez obligé de commettre des avocats d’office (mais) eux aussi vont demander le renvoi pour s’imprégner du dossier. »
Inflexible, le juge Issa Ndiaye décide de juger l'affaire en l'état en l'absence d'Ousmane Sonko. "Nous estimons que la citation lui a été envoyée. En ce qui concerne les nouvelles constitutions, nous savons qu'elles ne peuvent pas retarder la procédure", indique le magistrat qui tranche par un ferme "l'affaire est retenue" (source: le journaliste Ayoba Faye, compte Twitter).
Après une pause de moins d'une demi heure, l'audience a repris aux environs de 12h50. Elle se poursuivra sans les avocats de la défense constitués pour Ousmane Sonko, ni ceux de Ndèye Khady Ndiaye. Tous ont décidé de bouder le procès pour dénoncer la violation des droits des prévenus par le tribunal.
Concernant les témoins, la plupart sont présents au tribunal. Le Dr Alfousseyni Gaye, gynécologue ayant établi le certificat médical attestant l’absence de viol contre la plaignante, le capitaine Touré de la gendarmerie, qui a mené l’enquête de la gendarmerie, Sidi Ahmet Mbaye, surnommé « le transporteur » au service d’Adji Sarr. En revanche, des personnes et personnalités que la défense souhaite interroger ne seront sans doute pas de la partie si le tribunal ne les contraint pas à se présenter. Ce sont Me Dior Diagne, Mamour Diallo et Me Gaby Sow, incriminés chacun en ce qui le concerne dans la fabrication du « complot » dénoncé par Ousmane Sonko. (IMPACT.SN)