Syrie - L’ONU met en garde contre les « erreurs » susceptibles de faire dérailler la transition

Mercredi 8 Janvier 2025

Ahmed al-Charaa, le chef de la Syrie

L’émissaire de l’ONU pour la Syrie a mis en garde mercredi contre les « erreurs » qui pourraient faire dérailler la transition politique syrienne, dénonçant également les risques liés aux « attaques » d’Israël contre l’intégrité territoriale du pays.

 

« Les décisions prises aujourd’hui détermineront l’avenir à long terme. Il y a des opportunités et de vrais dangers », a déclaré Geir Pedersen lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, un mois après la chute du régime de Bachar al-Assad, appelant la Syrie et la communauté internationale à « réussir la prochaine phase ».

 

À la faveur d’une offensive lancée depuis le nord de la Syrie, une coalition conduite par le groupe radical islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a pris le pouvoir dans le pays le 8 décembre.

 

Face au défi d’unifier le pays, morcelé après plus de dix ans de guerre, le nouveau dirigeant Ahmad al-Chareh s’est engagé à dissoudre les factions armées, notamment HTS.

 

Il a également indiqué que l’organisation d’élections pourrait prendre quatre ans et annoncé son intention de convoquer un dialogue national. Pour préparer cette conférence de dialogue national, les autorités prévoient une commission reflétant les différentes composantes de la société.

 

Saluant l’annonce de cette commission élargie, Geir Pedersen a souligné l’importance que le processus ne soit pas « bâclé ».

 

« Il existe d’immenses opportunités pour construire de nouvelles fondations pour la paix durable et la stabilité en Syrie. Mais des erreurs ou des occasions manquées pourraient menacer l’avenir de la Syrie et planter les graines de l’instabilité », a-t-il mis en garde.

 

Il a insisté sur le fait qu’« une transition politique inclusive est le moyen le plus efficace pour inspirer confiance », appelant les autorités à « tendre la main » à toutes les communautés.

 

« D’importantes zones ne sont pas sous le contrôle des autorités de transition, le conflit continue, et il existe également de véritables menaces à la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie », a d’autre part souligné l’émissaire onusien.

 

Il a en particulier souligné sa « profonde inquiétude » quant aux activités de l’armée israélienne dans la zone tampon démilitarisée du plateau du Golan, dans le sud-ouest de la Syrie, à la lisière de la partie de ce plateau occupé par Israël lors de la guerre de 1967 et annexé en 1981, et au-delà.

 

« Les attaques contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie doivent cesser », a-t-il plaidé, s’inquiétant d’informations concernant l’utilisation par les forces israéliennes de munitions contre des civils et la destruction d’infrastructures.

 

« De telles violations, ainsi que les frappes aériennes israéliennes dans d’autres parties de la Syrie – comme rapporté la semaine dernière à Alep – pourraient mettre en danger les chances d’une transition politique pacifique. » (Geir Pedersen, émissaire de l’ONU pour la Syrie)

 

Le chef du bureau des affaires humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, a de son côté souligné que l’ampleur de la crise humanitaire dans le pays, où près de 13 millions de personnes font face à une insécurité alimentaire sévère, est « toujours aussi importante ».

 

Alors que l’hiver s’installe, « plus de 620 000 personnes sont toujours déplacées », sur les plus d’un million ayant fui lors de l’offensive de décembre, a-t-il noté. Un nombre qui s’ajoute aux 7 millions de personnes déjà déplacées en Syrie. [AFP]

 
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