Les troupes américaines déployées dans le nord de la Syrie ont débuté lundi leur retrait de secteurs proches de la frontière turque, ouvrant la voie à une offensive militaire turque contre les forces kurdes pourtant alliées de Washington dans la lutte antijihadiste.
Après s'être longtemps opposés à une telle offensive, les Etats-Unis ont opéré une volte-face: la Maison Blanche a annoncé dimanche soir le retrait américain de régions où se trouvent les forces kurdes syriennes, les Unités de protection du peuple (YPG). Ankara a aussitôt dit qu'une opération pourrait intervenir à tout moment.
Le président Donald Trump a justifié ce revirement, intervenu après un échange téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, en expliquant vouloir laisser aux protagonistes le soin de "résoudre la situation" par eux-mêmes.
"Il est temps pour nous de sortir de ces guerres ridicules et sans fin, dont beaucoup sont tribales", a-t-il argué.
Cette décision a toutefois suscité une vague de réprobation aux Etats-Unis, y compris dans son camp.
L'élu républicain Lindsey Graham a appelé le président Trump à "revenir" sur ce choix, le jugeant "porteur de désastre".
Fin 2018, Donald Trump avait déjà annoncé un retrait des militaires américains stationnés en Syrie, avant de préciser quelques mois plus tard qu'environ 400 d'entre eux resteraient finalement sur le terrain "pour un certain temps".
Lundi, M. Erdogan a averti que l'offensive turque pourrait désormais être lancée "sans prévenir". Craignant une nouvelle crise humanitaire, l'ONU a aussitôt dit se "préparer au pire".
Depuis 2011, le conflit en Syrie a fait des millions de déplacés et de réfugiés et coûté la vie à plus de 370.000 personnes.
L'Union européenne (UE) a de son côté estimé qu'une offensive pourrait exacerber "les souffrances du peuple syrien".
Paris a appelé Ankara à la retenue et plaidé pour que la détention des jihadistes étrangers dans les camps du nord-est syrien sous contrôle kurde reste "sûre".
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les forces américaines se sont retirées de positions clés à Ras al-Aïn et Tal Abyad vers une base militaire située entre ces deux secteurs.
Selon un photographe de l'AFP, une base militaire à Tel Arqam était déserte lundi après le retrait américain.
Les forces kurdes ont creusé des tranchées et des tunnels dans ces zones ainsi que près de Kobané en prévision d'un assaut, d'après l'OSDH, qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays.
- "Détruire la confiance" -
Pour les FDS, les Etats-Unis "sont sur le point de détruire la confiance et la coopération" entre les forces kurdes et les militaires américains. "Les gens ici ont le droit à une explication", a écrit sur Twitter Mustafa Bali, porte-parole des FDS.
Les FDS ont largement contribué, avec l'aide de Washington principalement, à éradiquer le "califat" autoproclamé du groupe jihadiste Etat islamique (EI), prenant fin mars l'ultime bastion de Baghouz.
Lundi, ces Forces ont averti qu'une opération turque entraînerait une résurgence de l'EI et annulerait "des années de combats fructueux".
Une offensive menacerait aussi les prisons et camps gérés par les FDS qui abritent de nombreux jihadistes et leurs familles, ont-elles prévenu.
La Turquie a au contraire assuré qu'elle "ne laisserait pas l'EI ressurgir.
En attendant, des dizaines de personnes ont manifesté à Al-Qahtaniya, une ville syrienne à majorité kurde près de la frontière turque, pour dénoncer le retrait américain.
"Nous n'avons d'autre choix que de défendre notre terre (parce que) les Américains peuvent vendre les Kurdes pour leurs propres intérêts", a déclaré à l'AFP Abdel Salam Ali, un manifestant.
- "Se préparer à la guerre" -
A Ras al-Aïn, Mustefa Bozan, un commerçant de 79 ans, a dit "se préparer à la guerre".
"Le sort de la région sera le même que celui d'Afrine", a jugé un autre habitant, Issam Daoud, en référence à une enclave kurde conquise l'an dernier par Ankara au terme de combats qui ont fait 300 morts parmi les civils selon l'OSDH.
La Turquie, qui jouit d'une présence militaire dans plusieurs villes syriennes septentrionales avec le soutien de groupes rebelles alliés, a déjà mené deux offensives dans le nord de la Syrie, la première en 2016 contre l'EI et la deuxième en 2018, à Afrine, contre les YPG.
La semaine dernière, M. Erdogan a affirmé que la Turquie arrivait à bout de patience vis-à-vis des Etats-Unis au sujet de la création d'une "zone de sécurité" dans le nord de la Syrie, convenue entre les deux pays en août.
Cette zone tampon doit séparer la frontière turque et les régions syriennes contrôlées par les YPG, qualifiées de "terroristes" par Ankara.
Alors que les Kurdes syriens ont établi une région autonome dans le Nord à la faveur du conflit complexe en Syrie, la Turquie craint qu'un noyau d'Etat kurde à sa frontière ne galvanise les velléités séparatistes kurdes sur son propre sol.
Outre éloigner les YPG de sa frontière, M. Erdogan espère pouvoir utiliser la zone tampon pour y renvoyer jusqu'à deux des 3,6 millions de réfugiés syriens que la Turquie accueille.
Après s'être longtemps opposés à une telle offensive, les Etats-Unis ont opéré une volte-face: la Maison Blanche a annoncé dimanche soir le retrait américain de régions où se trouvent les forces kurdes syriennes, les Unités de protection du peuple (YPG). Ankara a aussitôt dit qu'une opération pourrait intervenir à tout moment.
Le président Donald Trump a justifié ce revirement, intervenu après un échange téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, en expliquant vouloir laisser aux protagonistes le soin de "résoudre la situation" par eux-mêmes.
"Il est temps pour nous de sortir de ces guerres ridicules et sans fin, dont beaucoup sont tribales", a-t-il argué.
Cette décision a toutefois suscité une vague de réprobation aux Etats-Unis, y compris dans son camp.
L'élu républicain Lindsey Graham a appelé le président Trump à "revenir" sur ce choix, le jugeant "porteur de désastre".
Fin 2018, Donald Trump avait déjà annoncé un retrait des militaires américains stationnés en Syrie, avant de préciser quelques mois plus tard qu'environ 400 d'entre eux resteraient finalement sur le terrain "pour un certain temps".
Lundi, M. Erdogan a averti que l'offensive turque pourrait désormais être lancée "sans prévenir". Craignant une nouvelle crise humanitaire, l'ONU a aussitôt dit se "préparer au pire".
Depuis 2011, le conflit en Syrie a fait des millions de déplacés et de réfugiés et coûté la vie à plus de 370.000 personnes.
L'Union européenne (UE) a de son côté estimé qu'une offensive pourrait exacerber "les souffrances du peuple syrien".
Paris a appelé Ankara à la retenue et plaidé pour que la détention des jihadistes étrangers dans les camps du nord-est syrien sous contrôle kurde reste "sûre".
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les forces américaines se sont retirées de positions clés à Ras al-Aïn et Tal Abyad vers une base militaire située entre ces deux secteurs.
Selon un photographe de l'AFP, une base militaire à Tel Arqam était déserte lundi après le retrait américain.
Les forces kurdes ont creusé des tranchées et des tunnels dans ces zones ainsi que près de Kobané en prévision d'un assaut, d'après l'OSDH, qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays.
- "Détruire la confiance" -
Pour les FDS, les Etats-Unis "sont sur le point de détruire la confiance et la coopération" entre les forces kurdes et les militaires américains. "Les gens ici ont le droit à une explication", a écrit sur Twitter Mustafa Bali, porte-parole des FDS.
Les FDS ont largement contribué, avec l'aide de Washington principalement, à éradiquer le "califat" autoproclamé du groupe jihadiste Etat islamique (EI), prenant fin mars l'ultime bastion de Baghouz.
Lundi, ces Forces ont averti qu'une opération turque entraînerait une résurgence de l'EI et annulerait "des années de combats fructueux".
Une offensive menacerait aussi les prisons et camps gérés par les FDS qui abritent de nombreux jihadistes et leurs familles, ont-elles prévenu.
La Turquie a au contraire assuré qu'elle "ne laisserait pas l'EI ressurgir.
En attendant, des dizaines de personnes ont manifesté à Al-Qahtaniya, une ville syrienne à majorité kurde près de la frontière turque, pour dénoncer le retrait américain.
"Nous n'avons d'autre choix que de défendre notre terre (parce que) les Américains peuvent vendre les Kurdes pour leurs propres intérêts", a déclaré à l'AFP Abdel Salam Ali, un manifestant.
- "Se préparer à la guerre" -
A Ras al-Aïn, Mustefa Bozan, un commerçant de 79 ans, a dit "se préparer à la guerre".
"Le sort de la région sera le même que celui d'Afrine", a jugé un autre habitant, Issam Daoud, en référence à une enclave kurde conquise l'an dernier par Ankara au terme de combats qui ont fait 300 morts parmi les civils selon l'OSDH.
La Turquie, qui jouit d'une présence militaire dans plusieurs villes syriennes septentrionales avec le soutien de groupes rebelles alliés, a déjà mené deux offensives dans le nord de la Syrie, la première en 2016 contre l'EI et la deuxième en 2018, à Afrine, contre les YPG.
La semaine dernière, M. Erdogan a affirmé que la Turquie arrivait à bout de patience vis-à-vis des Etats-Unis au sujet de la création d'une "zone de sécurité" dans le nord de la Syrie, convenue entre les deux pays en août.
Cette zone tampon doit séparer la frontière turque et les régions syriennes contrôlées par les YPG, qualifiées de "terroristes" par Ankara.
Alors que les Kurdes syriens ont établi une région autonome dans le Nord à la faveur du conflit complexe en Syrie, la Turquie craint qu'un noyau d'Etat kurde à sa frontière ne galvanise les velléités séparatistes kurdes sur son propre sol.
Outre éloigner les YPG de sa frontière, M. Erdogan espère pouvoir utiliser la zone tampon pour y renvoyer jusqu'à deux des 3,6 millions de réfugiés syriens que la Turquie accueille.