Le discours du président de la République était très attendu par les Sénégalais en regard des nuages gris et noirs qui se sont incrustés dans un contexte politique marqué par de graves divergences liées à la conduite du processus électoral. A l’arrivée, le constat est sans appel: pas un iota de mot ou de lettre sur ces nouveaux volcans décidés à s’installer dans le marigot politique sénégalais jusqu’à l’élection présidentielle du 24 février 2019.
On attendait le président Macky Sall sur sa trouvaille magique qu’est le parrainage, une nouvelle formule de sélection des candidatures élargie aux partis politiques après les indépendants. Le sujet est capital à plusieurs égards, en dépit des tentatives de banalisation opérées par différents responsables de la majorité dont le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall, envoyé au front pour «vendre» le projet adopté en conseil des ministres le 19 mars dernier.
Il n’y avait donc pas lieu et temps plus solennels que le discours du chef de l’Etat, la veille de la célébration de notre indépendance, pour expliciter lui-même sa démarche à une Nation toute ouïe. Silence radio! Et c’est compréhensible dans une certaine mesure car ce projet semble unique dans le monde dans la forme et les modalités qui sont les siennes! Il n’est pas trop défendable, même par des apprentis-sorciers, dans un contexte où l’impopularité du régime (et de son chef) n’est pas sérieusement contestable. Pour le président Sall, les choses sont peut-être évidentes à son niveau, mais dans l’opinion, chez ses propres partisans et dans la classe politique, il en est tout autre. Il est donc logique qu’il soit resté muet.
Aveu de faiblesse, tâtonnements…
Ce silence est peut-être une réponse anticipée aux nombreux détracteurs du parrainage nouvelle formule. Si Macky Sall a choisi de passer son chemin sur la question, on peut en tirer des hypothèses.
La première hypothèse est qu’il a déjà décidé de faire passer en force le texte par ses députés majoritaires dans une assemblée nationale «mécanisée» à outrance depuis deux législatures. Dans ce cas, le chef de l’Etat n’aurait pas tenu compte, encore une fois, de griefs partagés entre organisations de la société civile et partis et mouvements politiques d’opposition sur des problèmes démocratiques majeurs.
La seconde hypothèse, plus ou moins probable, voudrait que le silence présidentiel sur le parrainage fût en réalité un renoncement non assumé, une reculade non dite. Il appartiendrait ainsi à l’autorité désignée de la retirer du bureau de l’assemblée nationale tout en la justifiant devant les Sénégalais, s’il y a lieu. Cette voie de sagesse a un avantage de forme, elle ne mouille pas le Président qui avait pris bien soin de n’en jamais parler en public. Mais dans le fond, la défaite et le désastre politiques subsisteraient: pilotage à vue, impréparation, tâtonnement, fébrilité…
Renoncement ou fuite en avant, il apparait que le président de la République aura réalisé dans tous les cas une mauvaise affaire. Autant un retrait du texte dégrossira certes un contentieux déjà conséquent mais l’opposition s’en saisira comme d’un trophée de bataille en attendant l’issue de la guerre; autant un passage en force sera vu comme un aveu de faiblesse pédagogique et politique de sa part.
Au lieu de se faire pardonner…
En ces temps compliqués au plan politique, même avec les enjeux énormes que porte l’élection présidentielle du 24 février 2019, lucidité et sagesse ne sont pas de trop pour préserver la paix et la stabilité dans notre pays. La réalité, c’est que ce projet de parrainage n’est pas acceptable, ni par rapport au contexte choisi, ni par rapport à la justice et à l’équité entre des concurrents politiques, ni par rapport à l’intérêt supérieur du pays.
Deux ans derrière nous, il y avait (peut-être) du temps et de l’espace pour partager une initiative qui aurait épargné de nouveaux tripatouillages de la Constitution à moins d’un an d’une échéance importante. Mais c’était (encore peut-être!) une tactique d’observation en amont de la tournure des «dossiers judiciaires» de Karim Wade et Khalifa Sall. Aujourd’hui, de petites entourloupes à glisser dans le Code électoral pourraient être opposées à leurs candidatures éventuelles à l’élection de février 2019.
Or, les autorités politiques, aux côtés des techniciens du ministère de l’Intérieur avaient déjà beaucoup à se faire pardonner après le ratage absolu de l’organisation des élections législatives de juillet 2017. Le chantier était suffisamment immense pour concentrer toutes leurs énergies. Mais quand on veut se faire élire comme le maréchal Al-Sissi d’Egypte…
On attendait le président Macky Sall sur sa trouvaille magique qu’est le parrainage, une nouvelle formule de sélection des candidatures élargie aux partis politiques après les indépendants. Le sujet est capital à plusieurs égards, en dépit des tentatives de banalisation opérées par différents responsables de la majorité dont le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall, envoyé au front pour «vendre» le projet adopté en conseil des ministres le 19 mars dernier.
Il n’y avait donc pas lieu et temps plus solennels que le discours du chef de l’Etat, la veille de la célébration de notre indépendance, pour expliciter lui-même sa démarche à une Nation toute ouïe. Silence radio! Et c’est compréhensible dans une certaine mesure car ce projet semble unique dans le monde dans la forme et les modalités qui sont les siennes! Il n’est pas trop défendable, même par des apprentis-sorciers, dans un contexte où l’impopularité du régime (et de son chef) n’est pas sérieusement contestable. Pour le président Sall, les choses sont peut-être évidentes à son niveau, mais dans l’opinion, chez ses propres partisans et dans la classe politique, il en est tout autre. Il est donc logique qu’il soit resté muet.
Aveu de faiblesse, tâtonnements…
Ce silence est peut-être une réponse anticipée aux nombreux détracteurs du parrainage nouvelle formule. Si Macky Sall a choisi de passer son chemin sur la question, on peut en tirer des hypothèses.
La première hypothèse est qu’il a déjà décidé de faire passer en force le texte par ses députés majoritaires dans une assemblée nationale «mécanisée» à outrance depuis deux législatures. Dans ce cas, le chef de l’Etat n’aurait pas tenu compte, encore une fois, de griefs partagés entre organisations de la société civile et partis et mouvements politiques d’opposition sur des problèmes démocratiques majeurs.
La seconde hypothèse, plus ou moins probable, voudrait que le silence présidentiel sur le parrainage fût en réalité un renoncement non assumé, une reculade non dite. Il appartiendrait ainsi à l’autorité désignée de la retirer du bureau de l’assemblée nationale tout en la justifiant devant les Sénégalais, s’il y a lieu. Cette voie de sagesse a un avantage de forme, elle ne mouille pas le Président qui avait pris bien soin de n’en jamais parler en public. Mais dans le fond, la défaite et le désastre politiques subsisteraient: pilotage à vue, impréparation, tâtonnement, fébrilité…
Renoncement ou fuite en avant, il apparait que le président de la République aura réalisé dans tous les cas une mauvaise affaire. Autant un retrait du texte dégrossira certes un contentieux déjà conséquent mais l’opposition s’en saisira comme d’un trophée de bataille en attendant l’issue de la guerre; autant un passage en force sera vu comme un aveu de faiblesse pédagogique et politique de sa part.
Au lieu de se faire pardonner…
En ces temps compliqués au plan politique, même avec les enjeux énormes que porte l’élection présidentielle du 24 février 2019, lucidité et sagesse ne sont pas de trop pour préserver la paix et la stabilité dans notre pays. La réalité, c’est que ce projet de parrainage n’est pas acceptable, ni par rapport au contexte choisi, ni par rapport à la justice et à l’équité entre des concurrents politiques, ni par rapport à l’intérêt supérieur du pays.
Deux ans derrière nous, il y avait (peut-être) du temps et de l’espace pour partager une initiative qui aurait épargné de nouveaux tripatouillages de la Constitution à moins d’un an d’une échéance importante. Mais c’était (encore peut-être!) une tactique d’observation en amont de la tournure des «dossiers judiciaires» de Karim Wade et Khalifa Sall. Aujourd’hui, de petites entourloupes à glisser dans le Code électoral pourraient être opposées à leurs candidatures éventuelles à l’élection de février 2019.
Or, les autorités politiques, aux côtés des techniciens du ministère de l’Intérieur avaient déjà beaucoup à se faire pardonner après le ratage absolu de l’organisation des élections législatives de juillet 2017. Le chantier était suffisamment immense pour concentrer toutes leurs énergies. Mais quand on veut se faire élire comme le maréchal Al-Sissi d’Egypte…