TERRORISME, CRIMINALITES TRANSFRONTALIERES, PIRATERIES…: Le Forum international de Dakar en quête de certitudes

Jeudi 17 Octobre 2019

Concocté à l’Elysée en 2013 et confié au Sénégal, le Forum annuel sur la paix et la sécurité en Afrique se tient pour la 6e fois à Dakar en novembre prochain. Avec l’objectif renouvelé de se transformer en une instance de haut niveau utile aux Etats africains, notamment sahéliens de plus en plus fragilisés par des attaques terroristes et criminelles en hausse permanente.


Amadou BA, ministre des Affaires étrangères du Sénégal.
2200 attaques armées, 11 500 morts, des milliers de personnes blessées ou déplacées…C’est l’aperçu bref mais dramatique mis en évidence par le Général Babacar Gaye pour décrire l’insécurité ambiante qui mine l’espace sahélo-saharien depuis quelques années. L’ancien chef de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation de l’Onu en Centrafrique (MINUSCA) co-animait hier un déjeuner de presse organisé en prélude au 6e Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique prévu les 18 et 19 novembre prochains.
 
Victimes de leurs propres fragilités internes, les Etats sahéliens font face également aux pressions de groupes terroristes et d’organisations criminelles en plus de devoir le phénomène de mondialisation en tant que facteur d’accélération des mutations liées à l’environnement, au terrorisme, aux conflits inter-Etats. Dans un tel contexte, où les déficits de contrôle des espaces terrestres et maritimes sont criards, les principes de «sécurité humaine», de «sécurité collective durable» passent à l’agonie.
 
Maître d’œuvre du Forum de Dakar, le ministre sénégalais des Affaires étrangères a préconisé pour les Etats africains l’articulation entre problématiques de développement et problématiques sécuritaires comme moyen de contenir le terrorisme dans la sous-région ouest-africaine. Selon Amadou Bâ, il faut aller de l’avant dans la mutualisation des moyens et des ressources entre les entités régionales et internationales concernées par le sujet, à savoir l’ONU, l’Union africaine, la Cedeao, l’Uemoa.
 
Deux facteurs apparaissent ainsi déterminants à ce niveau : le financement de la lutte anti-terroriste et l’adaptation du mandat des Nations-Unies à l’objectif recherché. Pour le chef de la diplomatie sénégalaise, une question fondamentale s’impose : les mécanismes mis en place au Mali ont-ils permis à ce pays d’échapper aux menaces ? Visiblement non. C’est pourquoi la référence au G5 Sahel devenait incontournable.
 
LE G5 SAHEL EN QUESTION
 
C’est le Général Gaye qui image le mieux la réalité du Groupe des 5 pays sahéliens engagés dans la lutte contre le djihadisme transsaharien. On ne crée pas des capacités militaires en additionnant des déficits capacitaires, a-t-il expliqué. «La force du G5 Sahel est son tendon d’Achille». Composée de la Mauritanie, du Mali, du Tchad, du Burkina Faso et du Niger, cette entité peine à faire ses preuves sur le terrain. Son image s’est dégradée avec l’attentat spectaculaire qui a frappé son siège à Sévaré (Mali) en juin 2018. Mais elle reste «très utile», a relativisé Amadou Bâ qui a rappelé que le Sénégal, en restant  hors du G5 Sahel, a fait «un choix».
 
En insistant pour que la réponse au terrorisme soit globale, le ministre des Affaires étrangères a défendu le principe de l’élargissement du rôle économique de l’Uemoa aux fonctions sécuritaires, la finalité étant que la Cedeao arrive à prendre en charge la question en étant plus opérationnelle que le G5 Sahel. Selon M. Ba, la crise induite par le terrorisme en Afrique de l’Ouest doit réglée par des instances disposant déjà d’une grande expérience en matière militaire.
 
Pour sa 6e édition, le Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique aura pour thème central : «Paix et sécurité en Afrique : les défis actuels du multilatéralisme.» Amadou Bâ a profité de l’occasion pour indiquer que la rencontre n’est pas un sommet de chefs d’Etat, mais une instance de haut niveau où des experts d’horizons divers, dans «des débats libres et sereins», sont en mesure d’élaborer des stratégies pertinentes et des outils d’analyse sensés afin d’aider les décideurs politiques à prendre les mesures les meilleures pour contrer le terrorisme dans ses diverses déclinaisons.
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