Tensions en Ukraine - Washington ordonne aux familles de ses diplomates à Kiev de quitter le pays

Lundi 24 Janvier 2022

Le département d’État américain a ordonné dimanche soir l’évacuation des familles de ses diplomates en poste à Kiev et a déconseillé les voyages en Russie, alors que s’ouvre lundi à Bruxelles une concertation avec les pays européens jusque là tenus à l’écart des négociations russo-américaines sur l’Ukraine.
 
La situation en Ukraine « est imprévisible et peut se détériorer à tout moment », a expliqué le communiqué du ministère américain des Affaires étrangères, demandant aux familles de diplomates de quitter le pays.
 
Le personnel local et le personnel non essentiel peut quitter l’ambassade s’il le souhaite, et les ressortissants américains résidant en Ukraine « devraient envisager maintenant » de partir.
 
« Nous pensons qu’une invasion russe […] peut se produire à tout instant », a déclaré à la presse une haute responsable américaine. « Les États-Unis ne seraient pas en position d’évacuer les citoyens américains dans ce cas de figure ».
 
L’ambassade reste ouverte et la chargée d’affaires Kristina Kvien « reste en Ukraine », a ajouté cette responsable ayant requis l’anonymat.
 
Washington a, en outre, déconseillé aux Américains de se rendre en Russie, justifiant cette mesure notamment par « la possibilité d’un harcèlement des citoyens américains », en particulier par la police russe, et « une application arbitraire des lois locales ».
 
À Kiev, le ministre ukrainien de la Défense a annoncé dans un tweet l’arrivée de 80 tonnes d’armements « de nos amis aux États-Unis ». « Et ce n’est pas fini », a ajouté Oleksii Reznikov.
 
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken discutera lundi en visioconférence avec les membres de l’UE à Bruxelles des « pourparlers francs » qu’il a tenus vendredi avec son homologue russe Sergueï Lavrov.
 
Russes et Américains sont convenus d’un nouveau rendez-vous, et Antony Blinken s’est engagé à « coucher des idées sur le papier » en réponse aux demandes de Moscou.
 
La Russie exige un engagement écrit sur le non-élargissement de l’OTAN à l’Ukraine et à la Géorgie et demande un retrait des forces et des armements de l’Alliance atlantique des pays d’Europe de l’Est ayant rejoint l’OTAN après 1997, notamment de Roumanie et Bulgarie. Des demandes inacceptables pour les Occidentaux.
 
« Nous répondrons toujours à toute détérioration de notre environnement de sécurité, notamment en renforçant notre défense collective », a averti vendredi la porte-parole de l’OTAN.
 
« Prêts à répondre »
 
La situation sécuritaire est jugée préoccupante. Moscou assure ne pas avoir l’intention d’intervenir en Ukraine, mais soutient les revendications des séparatistes prorusses des républiques autoproclamées de Lougansk et Donetsk dans le Donbass et a massé plus de 100 000 soldats, des chars et de l’artillerie aux frontières avec l’Ukraine.
 
« Nous espérons qu’une attaque n’aura pas lieu. Mais si c’est le cas, nous sommes prêts à répondre par des sanctions économiques et financières massives », a affirmé jeudi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
 
Les ministres réaffirmeront cette position lundi, selon le projet de conclusions vu par l’AFP.
Une série d’options ont été préparées par la Commission et seront soumises aux ministres. Elles s’ajouteront aux mesures de rétorsion approuvées après l’annexion de la Crimée en 2014.
 
La réduction des achats de gaz et de pétrole, respectivement 43 % et 20 % de l’approvisionnement de l’UE, et qui financent largement le budget russe, est sur la table, a confié une source européenne.
 
« La crédibilité de notre réponse à Moscou suppose d’éviter les vulnérabilités […] face à l’utilisation des flux migratoires ou de l’énergie avec le jeu sur le prix du gaz ou les fournitures », a insisté le président français Emmanuel Macron mercredi au Parlement européen.
 
« Les ministres ne prendront aucune décision lundi » mais « si quelque chose se produit, la réaction européenne sera très rapide. Elle sera adoptée en quelques jours », a assuré un responsable européen.
 
Les sanctions européennes devront être adoptées à l’unanimité, mais celles sur une réduction des achats d’énergie divisent l’UE. Le premier ministre hongrois Viktor Orban doit se rendre à Moscou en février pour discuter notamment des approvisionnements en gaz de son pays.
 
« Au sein de l’UE, parfois les points de vue et les intérêts ne sont pas exactement alignés », a reconnu un diplomate européen.
 
L’Allemagne aurait ainsi fait retirer une proposition visant à couper Moscou du système mondial de paiement SWIFT, selon une source diplomatique européenne. Et Berlin refuse de livrer des armes à Kiev.
 
Le chancelier Olaf Scholz a appelé dimanche à la « sagesse » dans l’examen des sanctions possibles et des « conséquences » pour l’Allemagne. (AFP)
 
 
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