« La France se doit de reconnaitre que ce jour-là, la confrontation de militaires et de tirailleurs qui exigeaient que soit versée l’entièreté de leur solde légitime, a déclenché un enchainement de faits ayant abouti au massacre. » [Emmanuel Macron]
Ces propos du président de la République Française sont contenus dans un télégramme envoyé au chef de l’Etat sénégalais Bassirou Diomaye Faye à la veille de la commémoration le 1er décembre 2024 du 80e anniversaire du massacre de tirailleurs sénégalais par des soldats français à Thiaroye.
C'est la première fois qu'un chef d'Eta français en exercice reconnait la responsabilité directe de la France dans l'assassinat de soldats sénégalais revenus de la deuxième guerre mondiale.
Selon France Télévisions, Emmanuel Macron magnifie « la mémoire de tous les tirailleurs, du Sénégal et d’ailleurs, vaillants combattants ayant pris une part prépondérante, aux cotés des troupes de la France libre et de nos alliés, à la libération de la France. »
C’est le président sénégalais qui, le premier, avait révélé la lettre reçue de son homologue français au cours d’un entretien avec France 2.
Estimant que le geste d’Emmanuel Macron est un premier pas dans « la manifestation totale de la vérité » sur le massacre de Thiaroye, Bassirou Diomaye Faye souligne que « évidemment, il y a quelque chose qui a été caché » à travers « une chape de plomb » dressée sur cette histoire tragique.
Aujourd’hui, le Sénégal attend de l’ancienne puissance coloniale une « franche et entière » collaboration pour dénouer les fils de Thiaroye 44.
Cette reconnaissance officielle de la responsabilité de la France dans la répression meurtrière contre une revendication juste et légitime pourrait contribuer à détendre l'atmosphère de défiance entre Paris et Dakar.
Les nouvelles autorités sénégalaises, fortes d'une double légitimité politique et populaire acquise aux élections présidentielle (mars 2024) et législatives (novembre 2024), envisagent de "rééquilibrer" les rapports avec la France dans de nombreux domaines. Ainsi, au plan diplomatique, Dakar déroule une stratégie de diversification de ses partenaires au delà du spectre classique de ses relations avec l'Occident, vers la Chine, la Russie, la Türkiye...