WASHINGTON (Reuters) - La visite à Moscou du secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson prévue cette semaine devrait permettre d'y voir plus clair sur la volonté et la capacité de l'administration Trump à élaborer une stratégie pour mettre fin au conflit en Syrie après le bombardement d'une base de l'armée de Bachar al Assad.
Avant même que Donald Trump n'ordonne les tirs de missiles en représailles à un bombardement chimique présumé qui a tué 90 civils, ce premier voyage du chef de la diplomatie américaine à Moscou s'annonçait délicat en raison de la polémique sur les ingérences russes dans la campagne électorale américaine, de la violation d'un traité de désarmement par Moscou ou encore des conflits en Syrie et en Ukraine.
Rex Tillerson, ancien patron du géant pétrolier Exxon Mobil, sans autre expérience de la diplomatie, doit maintenant éviter une confrontation frontale avec la Russie, qui a menacé dimanche de répondre à de nouvelles frappes américaines en Syrie, tout en cherchant à arracher des concessions à Vladimir Poutine. En tête de celles-ci figurent l'élimination définitive de l'arsenal chimique syrien et l'acceptation par Bachar al Assad de réelles négociations sur l'avenir de la Syrie.
Soucieux de ménager Moscou, le secrétaire d'Etat a dit ne pas avoir vu de preuve que la Russie était au courant que le régime de Damas allait mener une nouvelle attaque chimique la semaine dernière dans la province d'Idlib, mais il a invité Vladimir Poutine à reconsidérer son soutien à son homologue syrien à la lumière de celle-ci.
"Je pense que nous pouvons avoir des échanges constructifs avec le gouvernement russe, avec le ministre des Affaires étrangères (Sergueï) Lavrov, et obtenir le soutien de la Russie à un processus conduisant à une Syrie stable", a déclaré Rex Tillerson dimanche lors de l'émission "This Week" de la chaîne ABC.
Lundi, lors de la commémoration d'un massacre commis par les nazis en Italie en 1944, il a assuré que les Etats-Unis feraient toujours en sorte que "ceux qui commettent des crimes contre des innocents aient à rendre des comptes".
PAS DE RENCONTRE AVEC POUTINE
Les tirs de missiles américains sur la base syrienne d'où aurait été lancée l'attaque chimique ont donné à Rex Tillerson plus de poids lors des futures négociations avec les dirigeants russes, estiment certains observateurs et anciens responsables du gouvernement américain.
"La démonstration de la détermination de l'administration à utiliser la force peut être un lever supplémentaire en matière de diplomatie", estime Antony Blinken, qui était l'adjoint du prédécesseur de Rex Tillerson, John Kerry, lequel avait maintes fois réclamé à Barack Obama une telle démonstration de force pour sortir de l'impasse diplomatique.
La frappe américaine et les déclarations des responsables de l'administration Trump sur l'inaction de Moscou face à l'usage d'armes chimiques, par "complicité" ou "incompétence" a dit dimanche Rex Tillerson, ont permis de faire passer très clairement le message à la Russie que Washington la tiendra désormais pour responsable des agissements de Bachar al Assad, estime-t-il.
Le secrétaire d'Etat pourra dire à ses interlocuteurs russes : "Si vous ne mettez pas le holà, nous agirons à nouveau", souligne Antony Blinken.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé lundi que Vladimir Poutine ne recevrait pas Rex Tillerson pendant sa visite à Moscou mercredi et estimé que la frappe américaine en Syrie traduisait une absence totale de volonté de coopération de la part de Washington.
Le secrétaire d'Etat américain s'entretiendra en revanche avec son homologue Sergueï Lavrov, ce qui donnera une idée de son habileté en matière de négociations internationales, bien différentes par leur exposition de celles qu'il a été habitué à mener avec les autorités russes à l'époque où il dirigeait Exxon Mobil.
L'efficacité de sa démarche dépendra aussi de la patience dont saura ou non faire preuve Donald Trump, qui a exprimé à de nombreuses occasions son scepticisme à l'égard des institutions multilatérales comme l'Onu, qui pilote les pourparlers de paix en Syrie.
Le Kremlin a redit lundi qu'il n'y avait "pas d'alternative" aux négociations de Genève et d'Astana, jugeant contreproductifs les appels au départ de Bachar al Assad, position de longue date des opposants syriens et de leurs alliés arabes et occidentaux que l'administration Trump a repris à son compte ces derniers jours.
UN ATOUT AUSSI POUR MOSCOU?
Le bombardement chimique et la riposte américaine ont en tout cas complètement rebattu les cartes en bouleversant, au moins en apparence, l'approche de l'administration Trump, qui avait jusque-là fait savoir qu'elle ne faisait plus du départ de Bachar al Assad une priorité pour privilégier une coopération avec Moscou dans la lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique.
La Russie, dont des soldats étaient déployés sur la base syrienne bombardée, mais en avaient été évacués à l'avance, a vivement réagi aux tirs de missiles américains en les qualifiant d'agression illégale et en indiquant qu'elle n'échangerait plus de renseignements militaires avec Washington.
Mais elle n'a pas pour autant fermé tous les canaux de communication et n'a pas davantage annulé la visite de Rex Tillerson, ce qui est significatif en soi, souligne un haut responsable américain.
"Ils (les Russes) vont essayer de circonscrire cet incident", estime Alexander Vershbow, qui était ambassadeur à Moscou à l'époque de George W. Bush. "Ils n'ont pas renoncé à travailler avec l'administration Trump."
Aux Etats-Unis, on estime même que Moscou pourrait secrètement se réjouir de ce coup de poing sur la table donné par les Américains.
"Les frappes ne sont pas forcément une mauvaise chose pour la Russie", avance Andrew Tabler, chercheur au Washington Institute for Near East Policy.
"La Russie a eu toutes les peines du monde à convaincre Bachar al Assad de s'asseoir à la table de négociations de manière un tant soit peu constructive."
Désormais, dit Andrew Tabler, Moscou pourra toujours brandir face à Damas et son autre allié de poids, Téhéran, le risque de nouvelles frappes américaines comme le prix à payer pour une trop grande intransigeance.
Avant même que Donald Trump n'ordonne les tirs de missiles en représailles à un bombardement chimique présumé qui a tué 90 civils, ce premier voyage du chef de la diplomatie américaine à Moscou s'annonçait délicat en raison de la polémique sur les ingérences russes dans la campagne électorale américaine, de la violation d'un traité de désarmement par Moscou ou encore des conflits en Syrie et en Ukraine.
Rex Tillerson, ancien patron du géant pétrolier Exxon Mobil, sans autre expérience de la diplomatie, doit maintenant éviter une confrontation frontale avec la Russie, qui a menacé dimanche de répondre à de nouvelles frappes américaines en Syrie, tout en cherchant à arracher des concessions à Vladimir Poutine. En tête de celles-ci figurent l'élimination définitive de l'arsenal chimique syrien et l'acceptation par Bachar al Assad de réelles négociations sur l'avenir de la Syrie.
Soucieux de ménager Moscou, le secrétaire d'Etat a dit ne pas avoir vu de preuve que la Russie était au courant que le régime de Damas allait mener une nouvelle attaque chimique la semaine dernière dans la province d'Idlib, mais il a invité Vladimir Poutine à reconsidérer son soutien à son homologue syrien à la lumière de celle-ci.
"Je pense que nous pouvons avoir des échanges constructifs avec le gouvernement russe, avec le ministre des Affaires étrangères (Sergueï) Lavrov, et obtenir le soutien de la Russie à un processus conduisant à une Syrie stable", a déclaré Rex Tillerson dimanche lors de l'émission "This Week" de la chaîne ABC.
Lundi, lors de la commémoration d'un massacre commis par les nazis en Italie en 1944, il a assuré que les Etats-Unis feraient toujours en sorte que "ceux qui commettent des crimes contre des innocents aient à rendre des comptes".
PAS DE RENCONTRE AVEC POUTINE
Les tirs de missiles américains sur la base syrienne d'où aurait été lancée l'attaque chimique ont donné à Rex Tillerson plus de poids lors des futures négociations avec les dirigeants russes, estiment certains observateurs et anciens responsables du gouvernement américain.
"La démonstration de la détermination de l'administration à utiliser la force peut être un lever supplémentaire en matière de diplomatie", estime Antony Blinken, qui était l'adjoint du prédécesseur de Rex Tillerson, John Kerry, lequel avait maintes fois réclamé à Barack Obama une telle démonstration de force pour sortir de l'impasse diplomatique.
La frappe américaine et les déclarations des responsables de l'administration Trump sur l'inaction de Moscou face à l'usage d'armes chimiques, par "complicité" ou "incompétence" a dit dimanche Rex Tillerson, ont permis de faire passer très clairement le message à la Russie que Washington la tiendra désormais pour responsable des agissements de Bachar al Assad, estime-t-il.
Le secrétaire d'Etat pourra dire à ses interlocuteurs russes : "Si vous ne mettez pas le holà, nous agirons à nouveau", souligne Antony Blinken.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé lundi que Vladimir Poutine ne recevrait pas Rex Tillerson pendant sa visite à Moscou mercredi et estimé que la frappe américaine en Syrie traduisait une absence totale de volonté de coopération de la part de Washington.
Le secrétaire d'Etat américain s'entretiendra en revanche avec son homologue Sergueï Lavrov, ce qui donnera une idée de son habileté en matière de négociations internationales, bien différentes par leur exposition de celles qu'il a été habitué à mener avec les autorités russes à l'époque où il dirigeait Exxon Mobil.
L'efficacité de sa démarche dépendra aussi de la patience dont saura ou non faire preuve Donald Trump, qui a exprimé à de nombreuses occasions son scepticisme à l'égard des institutions multilatérales comme l'Onu, qui pilote les pourparlers de paix en Syrie.
Le Kremlin a redit lundi qu'il n'y avait "pas d'alternative" aux négociations de Genève et d'Astana, jugeant contreproductifs les appels au départ de Bachar al Assad, position de longue date des opposants syriens et de leurs alliés arabes et occidentaux que l'administration Trump a repris à son compte ces derniers jours.
UN ATOUT AUSSI POUR MOSCOU?
Le bombardement chimique et la riposte américaine ont en tout cas complètement rebattu les cartes en bouleversant, au moins en apparence, l'approche de l'administration Trump, qui avait jusque-là fait savoir qu'elle ne faisait plus du départ de Bachar al Assad une priorité pour privilégier une coopération avec Moscou dans la lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique.
La Russie, dont des soldats étaient déployés sur la base syrienne bombardée, mais en avaient été évacués à l'avance, a vivement réagi aux tirs de missiles américains en les qualifiant d'agression illégale et en indiquant qu'elle n'échangerait plus de renseignements militaires avec Washington.
Mais elle n'a pas pour autant fermé tous les canaux de communication et n'a pas davantage annulé la visite de Rex Tillerson, ce qui est significatif en soi, souligne un haut responsable américain.
"Ils (les Russes) vont essayer de circonscrire cet incident", estime Alexander Vershbow, qui était ambassadeur à Moscou à l'époque de George W. Bush. "Ils n'ont pas renoncé à travailler avec l'administration Trump."
Aux Etats-Unis, on estime même que Moscou pourrait secrètement se réjouir de ce coup de poing sur la table donné par les Américains.
"Les frappes ne sont pas forcément une mauvaise chose pour la Russie", avance Andrew Tabler, chercheur au Washington Institute for Near East Policy.
"La Russie a eu toutes les peines du monde à convaincre Bachar al Assad de s'asseoir à la table de négociations de manière un tant soit peu constructive."
Désormais, dit Andrew Tabler, Moscou pourra toujours brandir face à Damas et son autre allié de poids, Téhéran, le risque de nouvelles frappes américaines comme le prix à payer pour une trop grande intransigeance.