Trump au défi d'un discours face au monde

Dimanche 17 Septembre 2017

Le président américain doit s'exprimer mardi devant l'assemblée générale de l'ONU. C'est une prise de parole à part devant un auditoire à part: les dirigeants de tous les pays de la planète réunis dans la même salle.
 
Huit mois après son arrivée au pouvoir, Donald Trump s'exprime mardi matin pour la première fois devant l'assemblée générale de l’ONU, au siège de l'organisation multilatérale, au bord de l'East River, à Manhattan.
 
Le défi pour le locataire de la Maison Blanche ? Aborder les sujets brûlants du moment - Corée du Nord, Birmanie, Venezuela - tout en articulant sa vision de la place des Etats-Unis dans un monde traversé de profondes secousses.
 
«C'est un discours sans équivalent, une occasion unique pour le président de parler au monde entier», souligne Ben Rhodes, ancien conseiller et plume de Barack Obama.
 
Et celui qui a travaillé sur les huit discours à l'ONU du président démocrate de souligner à quel point chaque mot doit être pesé au trébuchet: «une simple ligne dans le discours peut marquer une nouvelle orientation et avoir des répercussions dans la communauté diplomatique pendant des mois».
 
Mais la montée à la tribune lors de cette grand messe diplomatique annuelle pourrait s'avérer délicate pour le 45e président de l'histoire américaine.
 
Il sera bien sûr très attendu sur la Russie, sujet qui empoisonne sa présidence depuis le premier jour, ou encore sur le climat, sur lequel il s'est complètement isolé en se retirant de l'accord de Paris, texte signé par... 194 autres pays.
 
Mais au-delà des sujets épineux, la déclinaison en politique étrangère de «L'Amérique d'abord», son slogan de campagne, reste largement à écrire.
 
L'ombre de Roosevelt
D'autant que ce président septuagénaire qui a proposé des coupes claires dans le budget de la diplomatie (environ 30%) et n'accorde que peu d'attention au département d'Etat, n'a jamais mâché ses mots sur l'ONU, une organisation dont il estimait il y a un an, dans un tweet, qu'elle n'était «qu'un club où les gens se rassemblent, bavardent et passent un bon moment».
 
L'ex-propriétaire des concours Miss Univers, novice en politique à son arrivée au pouvoir, a eu peu d'occasions de grands discours. Celui de sa prestation de serment avait surpris par sa virulence, son style abrupt, au son, le poing levé, de «l'Amérique d'abord et seulement l'Amérique!». Son discours devant le Congrès, quelques semaines plus tard, avait au contraire frappé par son ton mesuré.
 
Le cadre, la solennité des bâtiments des Nations unies devraient - sauf surprise - l'inciter à garder les yeux sur le texte qui défilera sur les téléprompteurs placés devant lui. Sur le fond, celui qui cite rarement ses prédécesseurs, évoquera-t-il leurs discours devant cette institution qui doit beaucoup à Franklin D. Roosevelt, 32e président des Etats-Unis, mort quelques mois avant son acte naissance, le 24 octobre 1945, lors de la conférence de San Francisco.
 
Celui prononcé le 25 septembre 1961 par John F. Kennedy a marqué les esprits. Il avait fait l'éloge de la diplomatie, et prononcé un vibrant plaidoyer pour donner à l'ONU «une nouvelle force et de nouveaux rôles». «Le développement de cette organisation est la seule véritable alternative à la guerre et la guerre n'est désormais plus une alternative rationnelle», avait-il lancé.
 
- Le «nouveau chapitre» d'Obama -
Lorsque Barack Obama, alors sans le moindre cheveu blanc, monte à la tribune le 23 septembre 2009, il veut marquer la rupture avec les années Bush.
 
Evoquant «l'anti-américanisme» qui s'est développé à travers le monde, il propose «un nouveau chapitre» dans la coopération internationale. Et dit sa passion pour les Nations unies, construites «par des hommes et des femmes comme Roosevelt venus des quatre coins du monde», qui fait «un travail extraordinaire» mais ont aussi du mal à être «fidèle à ses idéaux».
 
Pour Donald Trump, reste une question délicate: quel poids les diplomates accorderont-ils à son discours ?
 
Pour tous les présidents, il existe bien sûr un décalage entre le ton spontané et celui d'un discours. Mais l'avalanche de tweets quotidiens et l'alternance de messages à la tonalité présidentielle immédiatement suivis de diatribes enflammées - comme après les violences racistes de Charlottesville - placent le magnat de l'immobilier dans une position singulière.
 
Pour Vinca LaFleur, qui fut l'une des plumes de Bill Clinton, l'un des défis de l'actuel locataire de la Maison Blanche à l'ONU est précisément que «le monde entier l'a entendu sans filtre à de nombreuses reprises et s'est fait une idée de sa voix authentique ».
 
«Un discours trop travaillé et trop soigné risque d'être immédiatement décortiqué sur le thème: est-ce véritablement ce que pense le président ?». (afp/nxp)
 
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