Trump prêt à la confrontation avec les alliés du G7 au Canada

Vendredi 8 Juin 2018

Avant son sommet très attendu la semaine prochaine avec Kim Jong Un, Donald Trump fait un détour vendredi et samedi par le Canada pour une confrontation tendue avec ses alliés du G7, indignés par les nouveaux tarifs douaniers américains.

Mais le président américain a fait savoir, dans une série de tweets, qu'il n'avait aucune intention de s'excuser ou de revenir en arrière, au contraire.

"J'ai hâte de remettre à plat les accords commerciaux injustes avec les pays du G7. Si ça ne se fait pas, on s'en sortira encore mieux", a-t-il tweeté vendredi matin avant de s'envoler de Washington. Il sera le dernier dirigeant à arriver au sommet du G7, et le premier à en repartir, samedi matin.

Les chefs d'Etats et de gouvernements du "Groupe des Sept" seront accueillis à partir de 11H45 (15H45 GMT) par le Premier ministre Justin Trudeau à La Malbaie, pittoresque petite ville québécoise au bord du majestueux fleuve Saint-Laurent.

L'atmosphère s'est envenimée ces deux derniers jours, Donald Trump ayant répliqué aux critiques de moins en moins voilées de M. Trudeau et Emmanuel Macron, au Canada depuis mercredi.

"Merci de dire au Premier ministre Trudeau et au président Macron qu'ils imposent aux Etats-Unis des taxes massives et créent des barrières non-tarifaires", avait-il déjà écrit jeudi soir, ajoutant: "Hâte de les voir demain".

Et il a brocardé un Justin Trudeau "indigné", rappelant les "près de 300%" de taxes imposés par le Canada sur les produits laitiers.

S'en prenant dans un autre tweet à l'Union européenne et au Canada, il a martelé: "Levez vos taxes et barrières ou nous allons faire mieux que vous!".

Les quatre Européens - Emmanuel Macron, Angela Merkel, Theresa May et Giuseppe Conte - ont décidé de se réunir juste avant le début du sommet, afin d'afficher leur impatience face aux menaces de guerre commerciale du président américain.

L'objectif, selon le président français, n'est plus de convaincre M. Trump de revenir sur ses taxes sur l'acier et l'aluminium. Le milliardaire s'est montré insensible aux critiques, et menace le reste du monde d'une nouvelle salve.

"M. Trump met en application ses engagements de campagne, il y a un caractère prévisible", a dit Emmanuel Macron. Mais il entend persuader le dirigeant que "la guerre commerciale n'est bonne pour personne".

"Je suis convaincu que l'Europe tiendra son unité et la tiendra dans la durée sur ces sujets", a-t-il affirmé, promettant un front commun.

Reste à savoir jusqu'où iront le Japon, qui tente par ailleurs de ne pas être marginalisé dans les négociations entre Washington et la Corée du Nord, ainsi que le nouveau gouvernement italien populiste et l'Allemagne, plus exposées aux représailles commerciales que d'autres Européens.

- Déclaration finale? -

Justin Trudeau n'a pas apprécié que Washington invoque la "sécurité nationale" pour frapper l'acier et l'aluminium canadiens, et l'a fait savoir.

"J'ai été poli, j'ai été respectueux, mais on a aussi été toujours très, très ferme sur les intérêts de notre pays, de nos citoyens et sur nos valeurs", a déclaré M. Trudeau jeudi.

Ottawa croit toujours possible d'élaborer un consensus sur trois thèmes: la pollution plastique des océans, l'éducation des filles, et la lutte contre les ingérences étrangères dans les processus démocratiques.

Mais c'est le commerce qui occupera véritablement les débats.

L'Union européenne a déposé une plainte contre les Etats-Unis devant l'Organisation mondiale du commerce, et préparé des droits de douanes contre des produits américains comme le bourbon, le beurre de cacahuète ou les motos.

Mais ces représailles ne sont pas encore entrées en vigueur, les Etats membres devant s'entendre sur la liste... or l'Allemagne pourrait préférer la prudence, craignant que Donald Trump ne surtaxe prochainement les automobiles étrangères.

M. Trump s'envolera samedi directement vers Singapour pour son sommet du 12 juin avec le dirigeant nord-coréen, sa véritable priorité depuis des semaines.

Vendredi, après les habituels déjeuner de travail, photo de famille, séances de groupe et rencontres bilatérales, les sept dirigeants dîneront dans l'intimité d'un chalet québécois typique.

Des manifestations anti-G7 sont prévues à Québec. Jeudi, environ 500 manifestants ont défilé, sans incident majeur.

Samedi, le suspense diplomatique concernera la traditionnelle déclaration finale du sommet.

Au G7 en Italie, l'an dernier, pour la première fois la déclaration finale mentionnait l'exception américaine, en l'occurrence sur l'accord de Paris sur le climat. Depuis, au niveau ministériel, les Etats-Unis ont souvent refusé de signer un texte commun.

Si cette fois il n'y avait aucune déclaration commune, il est possible que Donald Trump s'en accommode parfaitement. (AFP)

 
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