Turkménistan - Le président fait désigner son fils pour lui succéder

Mercredi 16 Février 2022

Serdar Berdymoukhamedov, le fils du président en place
Le fils de l’autoritaire et excentrique président du Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhamedov, a été désigné lundi pour lui succéder à la tête de ce pays reclus d’Asie centrale lors d’élections le mois prochain.
 
« Lors du congrès extraordinaire du Parti démocratique du Turkménistan à Achkhabad, le vice-président du cabinet ministériel Serdar Berdymoukhamedov a été nommé comme candidat à la présidence » pour ce scrutin anticipé prévu le 12 mars, a indiqué la télévision d’État.
 
Candidature appuyée à l’unanimité
 
Selon la télévision d’État, Serdar Berdymoukhamedov a prononcé un discours avant le vote des délégués du parti qui ont « appuyé sa candidature à l’unanimité », a ajouté la même source.
 
Le Turkménistan, une ex-république soviétique riche en hydrocarbures, est l’un des pays les plus répressifs au monde et aucune élection n’y a jamais été reconnue comme libre par les observateurs internationaux.  
Serdar Berdymoukhamedov ne devrait donc avoir affaire à aucun réel opposant.
 
Le Turkménistan est l’un des pays les plus fermés au monde et les décisions politiques y sont prises dans une grande opacité.
 
Lors d’un discours au Parlement vendredi, Gourbangouly Berdymoukhamedov, 64 ans, avait brusquement annoncé avoir pris la « décision difficile » d’amorcer une transition du pouvoir, estimant que le pays avait besoin de « jeunes dirigeants ».
 
M. Berdymoukhamedov père, qui cumule actuellement les fonctions de chef de l’État, du gouvernement et du Sénat, a toutefois dit souhaiter rester en politique en tant que président de la chambre haute du Parlement.
 
Actuellement vice-premier ministre, son fils Serdar est la deuxième figure de l’État avec une vaste influence sur l’économie du pays.  
 
Culte de la personnalité
 
Ayant atteint l’an dernier l’âge de 40 ans, il peut désormais se présenter légalement à la présidentielle.
 
Reste à voir cependant si la transmission du pouvoir entre le père et son héritier, dont la vision politique et les ambitions pour son pays restent inconnues, permettra au Turkménistan d’entrer dans une ère nouvelle.
 
Gourbangouly Berdymoukhamedov domine sans partage l’État depuis plus de 15 ans et toute critique est réprimée par les redoutables services de renseignement.
 
Le style austère du fils — regard sombre et costumes noirs — tranche en tout cas avec l’exubérance du père qui, comme son prédécesseur Saparmourat Niazov, mort fin 2006, a institué un culte de sa personnalité débridé qui fait régulièrement l’objet de railleries sur l’internet à l’étranger.
 
Gourbangouly Berdymoukhamedov est ainsi connu pour ses apparitions à la télévision à cheval, à la salle de sport, à vélo, tirant sur des cibles ou composant des morceaux de rap patriotique avec son petit-fils.
Depuis 2015 sa statue équestre en or trône à Achkhabad.
 
Crise économique
 
Les motifs du retrait de Gourbangouly Berdymoukhamedov, à trois ans de la fin de son mandat, n’ont pas été précisés. Des observateurs évoquent un possible problème de santé ou des difficultés à gérer les problèmes économiques du pays.
 
En effet, le Turkménistan est en difficulté alors que le pays de quelque six millions d’habitants, riche en gaz, s’enfonce dans une crise aggravée par la pandémie.  
 
Les autorités n’y ont jamais reconnu le moindre cas de COVID-19, tout en instaurant de stricts confinements et en rendant la vaccination obligatoire.
 
Serdar Berdymoukhamedov, seul fils de son père qui a aussi deux filles, n’a cessé de gagner en visibilité depuis son élection comme député en 2016, multipliant les apparitions dans les médias contrôlés par l’État.  
 
Mais son ascension s’est accélérée l’an dernier, lorsqu’il a été nommé vice-premier ministre.
Il occupe également la fonction symbolique de chef de l’association nationale des chevaux Akhal-Teke, l’animal national, et le titre d’« honorable éleveur » d’alabaïs, race de chiens révérée au Turkménistan
 
Il a en outre gagné en visibilité internationale en effectuant un déplacement de quatre jours en Russie et en menant des négociations en tête-à-tête avec le chef de la diplomatie de Pékin, le principal partenaire commercial. (AFP)
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