La Russie a mis vendredi comme attendu son veto, lors d’un vote au Conseil de sécurité de l’ONU, à une résolution approuvée par une majorité de ses membres qui déplorait dans « les termes les plus forts » son « agression contre l’Ukraine » et lui réclamait de retirer « immédiatement » ses troupes de ce pays.
Sur les 15 membres du Conseil, 11 pays ont voté en faveur du texte, co-rédigé par les États-Unis et l’Albanie, trois se sont abstenus : Chine, Inde et Émirats arabes unis. Pékin a affirmé être contre la prise de sanctions qui pleuvent sur la Russie, Inde et Émirats n’ont pas expliqué clairement leur abstention.
Le veto russe est « une tache de sang sur sa plaque au Conseil de sécurité », a réagi sur Twitter le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a jugé que le soutien au projet de résolution montrait « que le monde était avec » l’Ukraine. « La vérité est avec nous, la victoire sera nôtre », a-t-il ajouté.
Le projet avait été adouci dans les heures précédant le scrutin pour « sécuriser » l’abstention des trois pays hésitant avec un vote négatif, selon un diplomate. Le texte proposé ne comportait ainsi plus le terme « condamner », remplacé par « déplorer ». Une référence au chapitre 7 de la Charte de l’ONU, qui inclut un recours à la force, a aussi été supprimée.
La résolution « condamne » l’agression de la Russie, a cependant tranché l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, tandis que son homologue albanais, Ferit Hoxha, dénonçait de manière virulente Moscou pour avoir « décidé d’infliger la mort » en Ukraine, lors d’une séance empreinte de gravité.
« Les États membres responsables n’envahissent pas leur voisin », a ajouté la diplomate américaine, en estimant que les abstentionnistes, lors du vote, « ne défendent pas la Charte des Nations unies ».
« S’abstenir, c’est condamner », tempère auprès de l’AFP un ambassadeur membre du Conseil de sécurité, sous couvert de l’anonymat, en parlant d’« heure de vérité » pour des grands pays comme l’Inde ou le Brésil, candidats à un siège permanent et qui doivent choisir « entre leur intérêt particulier et le multilatéralisme et l’intérêt général ».
En regrettant une réunion sans résultat, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a affirmé qu’il fallait « donner une nouvelle chance à la paix ». « Les soldats doivent retourner dans leurs casernes », a-t-il imploré.
« Des civils meurent » en Ukraine, a-t-il dit, alors que l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, quelques minutes plus tôt au Conseil de sécurité, avait assuré que l’armée russe ne visait que des cibles militaires.
« Signal effrayant »
Devant le Conseil, l’ambassadeur ukrainien à l’ONU, Sergiy Kyslytsya, s’en est vivement et longuement pris à la Russie et à Vassily Nebenzia, accusant ce dernier de mensonges alors qu’il avait ces dernières semaines promis qu’il n’y aurait pas d’invasion.
« Vos mots ont moins de valeur qu’un bretzel ! », a-t-il lancé avant de réclamer une minute de silence pour les morts en Ukraine, ponctuée par une salve d’applaudissements sous l’œil noir du diplomate russe.
Avant la séance, Sergiy Kyslytsya avait posé, drapeau ukrainien en main, entouré des ambassadeurs de l’Union européenne, devant une vaste tapisserie représentant la peinture Guernica de Picasso, ornant un mur à l’entrée du Conseil de sécurité.
« Nous sommes ici en pleine solidarité avec le peuple de l’Ukraine », a affirmé Olof Skoog, ambassadeur représentant l’UE à l’ONU.
Depuis le début de son invasion militaire de l’Ukraine dans la nuit de mercredi à jeudi, la Russie, accusée par l’Occident et le chef de l’ONU de violer la Charte des Nations unies, clame agir en autodéfense en vertu de l’article 51 du document fondateur de l’Organisation.
Après le vote, Vassily Nebenzia a dénoncé un projet de résolution « anti-russe et anti-ukrainien », accusant l’Occident de manipuler l’opinion mondiale.
Selon des diplomates, une résolution similaire à celle soumise au Conseil de sécurité devrait être proposée dans les jours à venir à un vote de l’Assemblée générale de l’ONU (193 membres) où le droit de veto n’existe pas. Certains ambassadeurs estiment qu’au vu du « désastre » actuel en Ukraine, plus d’une centaine de pays pourraient voter en sa faveur à l’Assemblée générale.
La résolution américano-albanaise avait reçu le co-parrainage de plus de 80 pays. Elle prévoyait, outre une vive critique de la Russie, de réaffirmer un soutien à la souveraineté de l’Ukraine, et d’obliger la Russie à cesser « de recourir à la force » et à retirer « immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires » de ce pays.
Dans un communiqué, Kenneth Roth, directeur de l’ONG Human Rights Watch, a vivement dénoncé un veto russe qui « envoie un signal effrayant aux civils ukrainiens de son indifférence au droit international ».
En 2014, après l’annexion russe de la Crimée, qui s’était faite sans effusion de sang, Moscou avait déjà mis son veto à un texte le condamnant, qui avait recueilli 13 voix favorables, la Chine s’abstenant. L’Inde ne faisait pas partie alors du Conseil de sécurité.
Une résolution ensuite à l’Assemblée générale avait obtenu 100 voix favorables. Onze pays avaient voté contre, 58 s’abstenant. Le reste des membres des Nations unies n’avait pas pris part au scrutin. (AFP)
Sur les 15 membres du Conseil, 11 pays ont voté en faveur du texte, co-rédigé par les États-Unis et l’Albanie, trois se sont abstenus : Chine, Inde et Émirats arabes unis. Pékin a affirmé être contre la prise de sanctions qui pleuvent sur la Russie, Inde et Émirats n’ont pas expliqué clairement leur abstention.
Le veto russe est « une tache de sang sur sa plaque au Conseil de sécurité », a réagi sur Twitter le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a jugé que le soutien au projet de résolution montrait « que le monde était avec » l’Ukraine. « La vérité est avec nous, la victoire sera nôtre », a-t-il ajouté.
Le projet avait été adouci dans les heures précédant le scrutin pour « sécuriser » l’abstention des trois pays hésitant avec un vote négatif, selon un diplomate. Le texte proposé ne comportait ainsi plus le terme « condamner », remplacé par « déplorer ». Une référence au chapitre 7 de la Charte de l’ONU, qui inclut un recours à la force, a aussi été supprimée.
La résolution « condamne » l’agression de la Russie, a cependant tranché l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, tandis que son homologue albanais, Ferit Hoxha, dénonçait de manière virulente Moscou pour avoir « décidé d’infliger la mort » en Ukraine, lors d’une séance empreinte de gravité.
« Les États membres responsables n’envahissent pas leur voisin », a ajouté la diplomate américaine, en estimant que les abstentionnistes, lors du vote, « ne défendent pas la Charte des Nations unies ».
« S’abstenir, c’est condamner », tempère auprès de l’AFP un ambassadeur membre du Conseil de sécurité, sous couvert de l’anonymat, en parlant d’« heure de vérité » pour des grands pays comme l’Inde ou le Brésil, candidats à un siège permanent et qui doivent choisir « entre leur intérêt particulier et le multilatéralisme et l’intérêt général ».
En regrettant une réunion sans résultat, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a affirmé qu’il fallait « donner une nouvelle chance à la paix ». « Les soldats doivent retourner dans leurs casernes », a-t-il imploré.
« Des civils meurent » en Ukraine, a-t-il dit, alors que l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, quelques minutes plus tôt au Conseil de sécurité, avait assuré que l’armée russe ne visait que des cibles militaires.
« Signal effrayant »
Devant le Conseil, l’ambassadeur ukrainien à l’ONU, Sergiy Kyslytsya, s’en est vivement et longuement pris à la Russie et à Vassily Nebenzia, accusant ce dernier de mensonges alors qu’il avait ces dernières semaines promis qu’il n’y aurait pas d’invasion.
« Vos mots ont moins de valeur qu’un bretzel ! », a-t-il lancé avant de réclamer une minute de silence pour les morts en Ukraine, ponctuée par une salve d’applaudissements sous l’œil noir du diplomate russe.
Avant la séance, Sergiy Kyslytsya avait posé, drapeau ukrainien en main, entouré des ambassadeurs de l’Union européenne, devant une vaste tapisserie représentant la peinture Guernica de Picasso, ornant un mur à l’entrée du Conseil de sécurité.
« Nous sommes ici en pleine solidarité avec le peuple de l’Ukraine », a affirmé Olof Skoog, ambassadeur représentant l’UE à l’ONU.
Depuis le début de son invasion militaire de l’Ukraine dans la nuit de mercredi à jeudi, la Russie, accusée par l’Occident et le chef de l’ONU de violer la Charte des Nations unies, clame agir en autodéfense en vertu de l’article 51 du document fondateur de l’Organisation.
Après le vote, Vassily Nebenzia a dénoncé un projet de résolution « anti-russe et anti-ukrainien », accusant l’Occident de manipuler l’opinion mondiale.
Selon des diplomates, une résolution similaire à celle soumise au Conseil de sécurité devrait être proposée dans les jours à venir à un vote de l’Assemblée générale de l’ONU (193 membres) où le droit de veto n’existe pas. Certains ambassadeurs estiment qu’au vu du « désastre » actuel en Ukraine, plus d’une centaine de pays pourraient voter en sa faveur à l’Assemblée générale.
La résolution américano-albanaise avait reçu le co-parrainage de plus de 80 pays. Elle prévoyait, outre une vive critique de la Russie, de réaffirmer un soutien à la souveraineté de l’Ukraine, et d’obliger la Russie à cesser « de recourir à la force » et à retirer « immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires » de ce pays.
Dans un communiqué, Kenneth Roth, directeur de l’ONG Human Rights Watch, a vivement dénoncé un veto russe qui « envoie un signal effrayant aux civils ukrainiens de son indifférence au droit international ».
En 2014, après l’annexion russe de la Crimée, qui s’était faite sans effusion de sang, Moscou avait déjà mis son veto à un texte le condamnant, qui avait recueilli 13 voix favorables, la Chine s’abstenant. L’Inde ne faisait pas partie alors du Conseil de sécurité.
Une résolution ensuite à l’Assemblée générale avait obtenu 100 voix favorables. Onze pays avaient voté contre, 58 s’abstenant. Le reste des membres des Nations unies n’avait pas pris part au scrutin. (AFP)