Ukraine : Moscou annonce la prise d'une nouvelle ville clé, Lyssytchansk

Dimanche 3 Juillet 2022

La Russie a affirmé dimanche avoir conquis Lyssytchansk et contrôler toute la région de Lougansk, une avancée potentiellement clé dans la bataille du Donbass dans l'est de l'Ukraine, et Moscou a accusé Kiev d'avoir tiré "trois missiles" sur une ville russe où les autorités locales ont fait état de quatre morts.
 
Le ministre de la Défense russe "Sergueï Choïgou a informé" le président Vladimir Poutine "de la libération de la république populaire de Lougansk", après la prise de la ville de Lyssytchansk, au coeur d'intenses combats, selon un communiqué officiel cité par les agences de presse russes.
 
Les forces russes et leurs alliés séparatistes ont pris "le contrôle complet de Lyssytchansk et d'autres villes proches dont les plus notables sont Belogorovka, Novodroujesk, Maloriazantsevo et Belaïa Gora", ajoute ce communiqué.
L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations de source indépendante.
 
La prise de Lyssytchansk, si elle venait à être confirmée par Kiev, permettrait à Moscou de progresser dans son plan de conquête de l'intégralité du Donbass, région industrielle de l'est de l'Ukraine largement russophone et en partie contrôlée par les séparatistes prorusses depuis 2014, et d'avancer vers les villes de Sloviansk et Kramatorsk, plus à l'ouest, où les habitants vivent déjà au rythme quotidien des sirènes d'alerte et des bombardements.
 
Pour le Kremlin, l'offensive en cours dans l'est de l'Ukraine vise à libérer des territoires considérés comme russes.
 
Dimanche matin, le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdar, avait laissé entendre que les forces ukrainiennes perdaient rapidement du terrain face aux assaillants à Lyssytchansk, ville qui comptait 100.000 habitants avant le début de la guerre.
 
"Les Russes sont en train de s'implanter dans un district de Lyssytchansk, la ville est en feu", avait-il déclaré.
 
"Les occupants ont probablement engagé toutes leurs forces [dans une bataille extrêmement] brutale" de destruction systématique des bâtiments administratifs, avait ajouté M. Gaïdar. "Ils subissent des pertes importantes mais continuent obstinément d'avancer".
 
- Quatre morts à Belgorod -
 
L'armée russe a également affirmé avoir abattu dimanche à l'aube trois missiles ukrainiens lancés contre la ville de Belgorod, proche de la frontière avec l''Ukraine, où un responsable local avait auparavant annoncé la mort d'au moins trois personnes après des explosions.
 
"Les défenses anti-aériennes russes ont abattu les trois missiles Totchka-U à sous-munitions lancés par les nationalistes ukrainiens contre Belgorod. Après la destruction des missiles ukrainiens, les débris de l'un d'entre eux sont tombés sur une maison", a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. 
 
Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, le 24 février, Moscou a accusé Kiev à plusieurs reprises d'avoir frappé le sol russe, en particulier dans la région de Belgorod. Début avril, M. Gladkov avait accusé l'Ukraine d'avoir mené une attaque contre un dépôt de carburants à Belgorod avec deux hélicoptères.
 
A Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, dans le Nord-Est, les habitants ont été réveillés une nouvelle fois à 04H00 du matin (01H00 GMT) "par des attaques de roquettes" russes, selon le gouverneur de la région, Oleg Sinegoubov, qui a également fait état de "tirs" russes dans la matinée sur plusieurs districts de sa zone.
 
Sur le front sud, le commandement opérationnel régional ukrainien a indiqué dans la matinée qu'au cours des dernières 24 heures, l'armée russe avaient mené "neuf frappes aériennes avec des hélicoptères de combat K-52 et 2 bombardements sur l'île des Serpents", repris mercredi par les forces de Kiev dans le nord-ouest de la mer Noire.
 
De même source, l'immeuble d'une base de repos situé sur la côte a été endommagé par un missile russe qui n'a pas fait de victime. De son côté, l'armée ukrainienne dit avoir mené cinq frappes avec des avions et des hélicoptères sur deux entrepôts de munitions et cinq points de concentration de forces russes.
 
- Minsk menace -
 
Sur le plan diplomatique, le Belarus, voisin de l'Ukraine et allié de Moscou, a semblé adresser samedi soir un avertissement à Kiev et à ses soutiens occidentaux, alimentant les spéculations quant à une implication croissante de Minsk dans le conflit.
 
"Il y a environ trois jours, peut-être plus, on a essayé depuis l'Ukraine de frapper des cibles militaires au Bélarus" mais "Dieu soit loué, nos systèmes anti-aériens Pantsir ont intercepté tous les missiles tirés par les forces ukrainiennes", a affirmé le président bélarusse Alexandre Loukachenko.
 
"On nous provoque", a-t-il lancé, menaçant de riposter "instantanément" à toute frappe ennemie contre le territoire du Bélarus".
 
"Il y a moins d'un mois, j'ai donné l'ordre à nos forces armées d'avoir dans le viseur, comme on dit maintenant, les centres de décisions dans vos capitales", a encore déclaré M. Loukachenko évoquant des missiles promis par le président russe Vladimir Poutine, ainsi que le système de lance-roquettes bélarusse Polonez.
 
Depuis le déclenchement de la guerre par Moscou, le Bélarus a servi de base arrière aux forces russes, et M. Poutine a annoncé récemment que Moscou allait livrer "dans les prochains mois" à Minsk des missiles Iskander-M capables de transporter des charges nucléaires.
 
Dans un message vidéo adressé samedi soir aux Ukrainiens, M. Zelensky a dénombré "2.610" villes et villages "sous occupation russe". Mais depuis le début de la guerre, l'armée ukrainienne est "parvenue à en libérer 1.027", a-t-il assuré.
 
"Des centaines ont été complètement détruits par l'armée russe et doivent être totalement reconstruits", a-t-il ajouté. La question de la reconstruction du pays doit être au coeur d'une conférence internationale lundi et mardi à Lugano, en Suisse.
 
"Il est non seulement nécessaire de reconstruire tout ce que les occupants ont détruit, mais aussi de poser de nouvelles fondations pour notre vie, pour une Ukraine, sûre, moderne", a encore déclaré le président ukrainien, pour qui cela doit passer par des "investissement colossaux" et des "réformes". (AFP)
 
 
 
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