Ukraine : onze morts à Pokrovsk dans l'Est, visée par une frappe russe

Samedi 6 Janvier 2024

Au moins onze personnes ont été tuées, dont cinq enfants, samedi lors d'une frappe russe ayant visé la ville de Pokrovsk et ses alentours, dans l'est de l'Ukraine, nouvelle attaque meurtrière en pleine escalade des bombardements.

 

Les frappes au bilan particulièrement lourd se sont multipliées depuis fin décembre en Ukraine et en Russie, signe d'une montée de la violence alors que le conflit dure depuis deux ans, avec un front globalement figé.

 

"Les Russes ont frappé la région avec des missiles S-300, tuant onze personnes et en blessant huit autres, essentiellement à Pokrovsk et Rivné" (ville située dans son agglomération), a indiqué sur Telegram Vadim Filachkine, gouverneur de la région de Donetsk.

 

Il a diffusé des photographies montrant des secouristes s'affairant autour de débris. Selon lui, la frappe a endommagé six maisons à Pokrovsk et une à Rivné, dans laquelle se trouvait une famille de six personnes.

 

Selon les services de secours, six personnes, dont deux enfants, pourraient se trouver sous les décombres de deux bâtiments touchés.

"Les Russes ont simplement frappé des immeubles résidentiels ordinaires, des maisons privées", a dénoncé le président Volodymyr Zelensky, assurant qu'aucune frappe russe "ne restera sans conséquence".

 

La ville de Pokrovsk, qui comptait 60.000 habitants avant la guerre et qui est située à une cinquantaine de kilomètres du front, avait déjà été touchée par un bombardement meurtrier en août 2023, qui avait fait neuf morts et 82 blessés.

 

Ailleurs en Ukraine, un adulte et deux enfants ont été blessés dans des bombardements dans la région de Kherson, dans le Sud, une personne est morte à Toretsk, près de Bakhmout, et une autre a été tuée et deux blessées à Nikopol, dans l'Est, selon les autorités régionales respectives.

 

- Escalade des frappes -

 

Dans les territoires occupés par la Russie, deux personnes ont été tuées par des bombardements ukrainiens sur Makiïvka et Gorlivka, dans l'Est, lors d'une attaque qui a aussi fait plusieurs blessés, ont indiqué les autorités locales installées par Moscou.

 

La Russie a aussi affirmé avoir abattu quatre missiles ukrainiens visant la Crimée, péninsule annexée en 2014 et régulièrement visée par des frappes des forces de Kiev. Elle a aussi dit avoir détruit six missiles ukrainiens navals Neptune au-dessus de la mer Noire.

 

De son côté, l'armée ukrainienne a affirmé avoir frappé la base aérienne de Saki dans l'Ouest de la Crimée, la péninsule étant un important nerf pour la logistique des forces russes en Ukraine.

 

Les frappes se multiplient de part et d'autres ces derniers jours, la Russie ayant notamment massivement bombardé des villes ukrainiennes à deux reprises : vendredi 29 décembre (55 morts) et mardi (six morts).

 

L'Ukraine a pour sa part visé à de multiples reprises la ville russe de Belgorod, à 50 km de la frontière, dont notamment lors d'une attaque sans précédent samedi dernier, qui a fait 25 morts.

 

Ces attaques ont également fait des centaines de blessés.

 

- "Ne pas rester silencieux" -

 

A Belgorod, face au risque de bombardements ukrainiens, les autorités ont annulé la célébration nocturne du Noël orthodoxe, après avoir déjà prolongé les vacances scolaires jusqu'au 19 janvier et proposé aux habitants de cette ville de 300.000 âmes d'évacuer.

 

Ces mesures inédites pour une grande ville en Russie donnent un coup aux ambitions du Kremlin, qui s'est toujours efforcé de donner l'image que le conflit n'affecte pas directement le quotidien et la sécurité des Russes.

 

Autre épine dans le pied des autorités, des femmes de Russes mobilisés pour combattre en Ukraine en septembre 2022 sur ordre de Vladimir Poutine ont mené une action symbolique de protestation au pied des murs du Kremlin samedi en déposant des fleurs sur la flamme du soldat inconnu.

 

Car la colère gronde malgré la peur chez les compagnes de mobilisés qui exigent leur retour du front, un sujet sensible pour le Kremlin qui s'est jusqu'à présent gardé de réprimer ce mouvement naissant comme il le fait pour toute autre contestation de sa politique.

 

"J'ai l'impression que nous les dérangeons. Mais personne ne restera silencieux. Nous sortirons tous les jours, tous les samedis, nous déposerons des fleurs" pour attirer l'attention sur leur situation, a expliqué à l'AFP Paulina, mère d'un enfant d'un an.

 

"A un moment donné, il sera impossible de nous ignorer", a-t-elle ajouté, disant vouloir "retrouver (s)on mari, le père de (s)on enfant." [AFP]

 

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