Un célèbre baron de la drogue a créé des sociétés écrans dans les îles Vierges britanniques et à Dubaï pour employer des sous-fifres présumés du cartel, selon des documents.

Samedi 31 Aout 2024

Edin « Tito » Gacanin, originaire de Sarajevo, a enregistré les sociétés dans ces paradis secrets alors qu'il continuait à expédier de la cocaïne dans le monde entier, bien qu'il ait été condamné par des tribunaux néerlandais pour trafic de stupéfiants.


Un chef de cartel international accusé d'avoir inondé de cocaïne et d'amphétamines des pays d'Europe et d'ailleurs a créé une société à Dubaï pour employer des membres clés de son organisation, dont trois hommes accusés de trafic de drogue, de blanchiment d'argent et de tentative de renversement de l'État bosniaque, selon des documents divulgués au Consortium international des journalistes d'investigation (CIJI).

 

Edin « Tito » Gacanin, détenteur d'un passeport néerlandais et originaire de Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, a été reconnu coupable de trafic d'énormes quantités de stupéfiants vers l'Europe depuis la Colombie, le Pérou et l'Équateur. L'Office of Foreign Assets Control du Trésor américain l'a sanctionné en 2023, le qualifiant de « chef du cartel Tito et Dino » - qui ferait partie d'un super cartel d'organisations criminelles notoires comprenant le groupe criminel organisé irlandais Kinahan, la Mocro Maffia néerlandaise et la Camorra italienne - et de blanchisseur d'argent transnational.

 

Gacanin vit librement dans l'émirat de Dubaï, l'un des sept sheikhdoms, ou émirats, qui composent les Émirats arabes unis, une confédération dont le commerce prospère dans le domaine du secret financier, des sociétés écrans et des zones franches opaques. Les Émirats arabes unis abritent également plusieurs trafiquants de drogue internationaux, dont beaucoup sont considérés comme des cibles de grande valeur par la police et dont plusieurs font l'objet de sanctions.

 

Né en 1982, Gacanin a grandi dans la ville de Breda, dans le sud des Pays-Bas, après que sa famille eut fui la guerre de Bosnie au début des années 1990. Il s'est ensuite rendu à de nombreuses reprises au Pérou, où quatre familles criminelles de la ville de Trujillo produisaient prétendument de la cocaïne et préparaient pour lui des cargaisons à destination de l'Europe, tout en assurant la liaison avec d'importants lieutenants de Gacanin basés localement et originaires des Balkans, dont plusieurs qu'il connaissait depuis l'enfance.

 

En 2014, il a déménagé à nouveau, cette fois aux Émirats arabes unis, où il a créé l'année suivante une société dans la ville de Dubaï appelée Edin DMCC, qui, selon des documents divulgués, a changé de nom quelques mois plus tard pour devenir Edin Group DMCC, apparemment pour refléter le nom d'une société mère, Edin Group Ltd, créée dans les îles Vierges britanniques à peu près à la même époque en utilisant l'agent Overseas Management Company Trust Ltd, également connu sous le nom d'OMC.

 

Dans un anglais brouillé, le plan d'affaires de la société indique : « Edin Group fournira des conseils et des études administratives [sic] aux services publics et aux entreprises en ce qui concerne l'analyse des performances administratives, l'ingénierie des procédures, la mise en place d'organigrammes et la circulation de documents connexes, la formulation de politiques internes, la restructuration organisationnelle, le développement de plans stratégiques, l'innovation des procédures de travail, la conception de tableaux de bord équilibrés ».

 

Les documents divulgués comprennent le passeport néerlandais de Gacanin et sa carte de résident de Dubaï de 2014, qui indique qu'il est le directeur général d'ENG International, une autre société de Dubaï. En février 2016, Gacanin a signé une lettre adressée aux autorités de Dubaï en tant que « directeur général » d'ENG International, déclarant que la société n'avait aucune objection à ce que Gacanin ouvre, gère et exploite une succursale à Dubaï.

À en juger par les documents, aucune autorité de Dubaï ou des îles Vierges britanniques n'a soulevé d'objection à la création de sociétés par Gacanin, bien qu'il ait été condamné pour trafic de stupéfiants. [Icij]

 

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