Un cessez-le-feu sera au menu de nouveaux pourparlers russo-ukrainiens, jeudi, a annoncé la Russie, qui continuait dans le même temps de pilonner plusieurs villes en Ukraine et donnait un premier bilan de 500 de ses soldats tués depuis le début de l’invasion.
Des émissaires ukrainiens se dirigeaient d’ores et déjà vers « le lieu des négociations » en Biélorussie pour une deuxième session de discussions, a déclaré la présidence ukrainienne.
Ces pourparlers commenceront jeudi matin dans un lieu déterminé « ensemble » situé « non loin de la frontière avec la Pologne », a précisé le négociateur russe Vladimir Medinski.
« La délégation ukrainienne est déjà partie de Kyiv. Nous nous attendons à ce qu’elle soit ici demain matin », a dit ce responsable.
De premiers pourparlers lundi, également en Biélorussie, n’avaient donné aucun résultat tangible. Kyiv réclamait l’arrêt immédiat de l’invasion, alors que Moscou semblait attendre une reddition.
Dans le même temps, l’Assemblée générale des Nations unies votait mercredi une résolution qui « exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine » : seuls cinq pays s’y opposant et 35 s’abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte cette organisation.
Dans ce texte, l’ONU demande à Moscou qu’il « retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires » d’Ukraine et « condamne la décision de la Russie d’accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires ».
L’ambassadeur d’Ukraine à l’ONU, Sergiy Kyslytsya, avait auparavant dénoncé un « génocide » en cours dans son pays, perpétré par la Russie.
Bombardements intenses de Kharkiv
Sur le terrain, au septième jour de l’offensive déclenchée par Vladimir Poutine en Ukraine, des troupes aéroportées russes ont débarqué à Kharkiv, la deuxième ville du pays, a affirmé l’armée ukrainienne.
Après plusieurs bombardements dans le centre-ville la veille, qui ont fait au moins 21 morts selon le gouverneur régional, des bâtiments des forces de sécurité et de police ont été touchés, ainsi que l’université et la mairie de cette métropole du nord-est située à 50 km de la frontière avec la Russie. Les services d’urgence ont recensé au moins quatre morts et neuf blessés.
« Il ne reste plus de zone à Kharkiv où un obus d’artillerie n’a pas encore frappé », a assuré Anton Guerachtchenko, un conseiller du ministre ukrainien de l’Intérieur.
Dans la capitale Kyiv, quelque 500 km plus à l’ouest, dont les habitants qui n’ont pas fui se préparent depuis des jours à un assaut, un calme relatif règne mercredi, après des frappes la veille sur la tour de télévision, qui ont fait cinq morts.
La survie s’organisait dans le métro transformé en abri antiaérien.
Dans la station Dorohozhychi, proche de la tour de télévision, l’AFP a vu des dizaines de familles. Beaucoup ont passé les six dernières nuits par terre, allongées sur des draps et des serviettes.
Antonina Pouzyi, une retraitée descendue avec ses petits-enfants, préparait une soupe aux carottes et aux pommes de terre.
« C’est effrayant là-haut », dit-elle, pointant de son couteau éplucheur le plafond. « Mes filles nous descendent à manger et les voisins apportent des gâteaux pour les petits. Tout le monde essaie d’aider ».
La tour domine le quartier du parc-mémorial de Babi Yar, où furent abattus en septembre 1941, sous l’occupation nazie, plus de 33 000 Juifs.
Si aucun monument en hommage aux victimes de ce massacre n’a été atteint, le président Volodymyr Zelensky, d’ascendance juive, a accusé Moscou de chercher à « effacer » l’Ukraine et appelé les juifs « à ne pas rester silencieux ».
Le maire de la capitale, l’ex-boxeur Vitaly Klitschko, a fait état de combats dans des quartiers périphériques et appelé tous les habitants à la résistance : « Kyiv tient et va tenir ».
L’armée ukrainienne, qui dit avoir fait des dizaines de prisonniers depuis le début de l’offensive le 24 février, a elle invité mercredi les mères de soldats russes capturés à « venir les chercher, à Kyiv ».
Pendant les guerres livrées par Moscou aux indépendantistes tchétchènes dans les années 1990, les mères de soldats russes s’étaient mobilisées pour ramener leurs fils prisonniers ou morts, alimentant l’opposition au conflit.
Des bombardements ont également frappé Jitomir, à 150 km à l’ouest de Kiev. L’AFP a vu mercredi des habitants fouiller les décombres d’un petit marché. Au moins trois personnes y ont été tuées et une dizaine blessées, selon des habitants de la ville.
Premier bilan officiel des pertes de l’armée russe
L’armée russe fournissait pour sa part officiellement de premiers chiffres sur ses pertes en sept jours de combats.
« 498 militaires russes sont morts […] 1597 de nos camarades ont été blessés », a dit son porte-parole Igor Konachenkov, devant les caméras de la télévision publique russe.
Dans le sud, les militaires russes ont affirmé totalement contrôler Kherson. Le maire de cette cité du sud de l’Ukraine, Igor Kolykhaïev, a évoqué une « catastrophe humanitaire », demandant l’aide des médias pour obtenir un « couloir humanitaire » afin d’évacuer les victimes et acheminer médicaments et nourriture. « Sinon la ville mourra », a-t-il écrit sur Facebook.
À Marioupol, plus à l’est, plus de cent personnes ont été blessées mardi dans des tirs russes, a fait savoir la mairie.
Si elle prend le contrôle de ce port-clé, l’armée russe peut assurer une continuité territoriale entre ses forces en provenance de Crimée et celles arrivées des territoires séparatistes du Donbass plus au nord.
Les frappes sur Kyiv et Kharkiv ont suscité une vive émotion dans le monde, où manifestations contre la guerre et gestes de solidarité avec l’Ukraine se sont multipliés ces derniers jours.
Le président américain Joe Biden a estimé dans la nuit que Vladimir Poutine, qu’il a qualifié de « dictateur », était maintenant « plus isolé que jamais du reste du monde », sur fond de forte pression internationale et de sanctions économiques inédites.
Parmi ces mesures, l’UE a confirmé mercredi que sept banques russes, dont la deuxième, VTB, seraient, à compter du 12 mars, exclues du système de messagerie Swift, rouage-clé de la finance internationale.
La mesure épargne cependant la première banque russe Sberbank -dont la filiale européenne a déposé le bilan mercredi- et Gazprombank, bras financier de Gazprom.
Les émetteurs américains de cartes de paiements Visa, Mastercard et American Express ont aussi annoncé des mesures pour empêcher des banques russes d’utiliser leur réseau. Et des géants de l’économie américaine-tels ExxonMobil, Apple, Boeing ou Ford-disaient couper les ponts avec la Russie.
Les autorités russes tentent d’éviter hémorragie financière et panique : le rouble a perdu en quelques jours plus d’un tiers de sa valeur en devises. Les avions russes ne peuvent plus atterrir que dans une poignée de pays. Emplois, salaires et prêts bancaires sont potentiellement menacés.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a reconnu « un sérieux coup » mercredi mais assuré que l’économie russe « resterait debout ».
L’économie mondiale pâtit du conflit
Toute l’économie mondiale pâtit du conflit : les prix des hydrocarbures et de l’aluminium, dont la Russie est grosse exportatrice, flambaient, avec des cours du pétrole au plus haut depuis près d’une décennie. La décision des pays exportateurs de l’OPEP+, emmenés par l’Arabie saoudite et la Russie, de ne pas augmenter plus que prévu leur production a alimenté l’envolée.
Les conséquences pour l’économie américaine sont « très incertaines », a estimé mercredi Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine. Les États-Unis et d’autres pays faisaient déjà face à une accélération de d’inflation avant le conflit.
Outre les sanctions économiques, la Russie a été exclue d’une multitude d’évènements sportifs et culturels, du Mondial de football 2022 à la Coupe Davis de tennis, en passant par le Festival de Cannes.
En Russie, l’opposant Alexeï Navalny a, de sa prison, appelé ses concitoyens à manifester chaque jour, qualifiant Poutine de « petit tsar complètement fou ».
La fermeture mardi de deux médias indépendants de renom, la radio Echo de Moscou et la télévision en ligne Dojd, illustre quant à elle un nouveau tour de vis pour faire taire les dernières voix dissidentes et sources d’information alternatives sur le conflit.
Les Ukrainiens sont par ailleurs toujours plus nombreux à quitter leur pays : près de 900 000 sont déjà partis à l’étranger depuis le 24 février, a déclaré mercredi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. (AFP)
Des émissaires ukrainiens se dirigeaient d’ores et déjà vers « le lieu des négociations » en Biélorussie pour une deuxième session de discussions, a déclaré la présidence ukrainienne.
Ces pourparlers commenceront jeudi matin dans un lieu déterminé « ensemble » situé « non loin de la frontière avec la Pologne », a précisé le négociateur russe Vladimir Medinski.
« La délégation ukrainienne est déjà partie de Kyiv. Nous nous attendons à ce qu’elle soit ici demain matin », a dit ce responsable.
De premiers pourparlers lundi, également en Biélorussie, n’avaient donné aucun résultat tangible. Kyiv réclamait l’arrêt immédiat de l’invasion, alors que Moscou semblait attendre une reddition.
Dans le même temps, l’Assemblée générale des Nations unies votait mercredi une résolution qui « exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine » : seuls cinq pays s’y opposant et 35 s’abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte cette organisation.
Dans ce texte, l’ONU demande à Moscou qu’il « retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires » d’Ukraine et « condamne la décision de la Russie d’accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires ».
L’ambassadeur d’Ukraine à l’ONU, Sergiy Kyslytsya, avait auparavant dénoncé un « génocide » en cours dans son pays, perpétré par la Russie.
Bombardements intenses de Kharkiv
Sur le terrain, au septième jour de l’offensive déclenchée par Vladimir Poutine en Ukraine, des troupes aéroportées russes ont débarqué à Kharkiv, la deuxième ville du pays, a affirmé l’armée ukrainienne.
Après plusieurs bombardements dans le centre-ville la veille, qui ont fait au moins 21 morts selon le gouverneur régional, des bâtiments des forces de sécurité et de police ont été touchés, ainsi que l’université et la mairie de cette métropole du nord-est située à 50 km de la frontière avec la Russie. Les services d’urgence ont recensé au moins quatre morts et neuf blessés.
« Il ne reste plus de zone à Kharkiv où un obus d’artillerie n’a pas encore frappé », a assuré Anton Guerachtchenko, un conseiller du ministre ukrainien de l’Intérieur.
Dans la capitale Kyiv, quelque 500 km plus à l’ouest, dont les habitants qui n’ont pas fui se préparent depuis des jours à un assaut, un calme relatif règne mercredi, après des frappes la veille sur la tour de télévision, qui ont fait cinq morts.
La survie s’organisait dans le métro transformé en abri antiaérien.
Dans la station Dorohozhychi, proche de la tour de télévision, l’AFP a vu des dizaines de familles. Beaucoup ont passé les six dernières nuits par terre, allongées sur des draps et des serviettes.
Antonina Pouzyi, une retraitée descendue avec ses petits-enfants, préparait une soupe aux carottes et aux pommes de terre.
« C’est effrayant là-haut », dit-elle, pointant de son couteau éplucheur le plafond. « Mes filles nous descendent à manger et les voisins apportent des gâteaux pour les petits. Tout le monde essaie d’aider ».
La tour domine le quartier du parc-mémorial de Babi Yar, où furent abattus en septembre 1941, sous l’occupation nazie, plus de 33 000 Juifs.
Si aucun monument en hommage aux victimes de ce massacre n’a été atteint, le président Volodymyr Zelensky, d’ascendance juive, a accusé Moscou de chercher à « effacer » l’Ukraine et appelé les juifs « à ne pas rester silencieux ».
Le maire de la capitale, l’ex-boxeur Vitaly Klitschko, a fait état de combats dans des quartiers périphériques et appelé tous les habitants à la résistance : « Kyiv tient et va tenir ».
L’armée ukrainienne, qui dit avoir fait des dizaines de prisonniers depuis le début de l’offensive le 24 février, a elle invité mercredi les mères de soldats russes capturés à « venir les chercher, à Kyiv ».
Pendant les guerres livrées par Moscou aux indépendantistes tchétchènes dans les années 1990, les mères de soldats russes s’étaient mobilisées pour ramener leurs fils prisonniers ou morts, alimentant l’opposition au conflit.
Des bombardements ont également frappé Jitomir, à 150 km à l’ouest de Kiev. L’AFP a vu mercredi des habitants fouiller les décombres d’un petit marché. Au moins trois personnes y ont été tuées et une dizaine blessées, selon des habitants de la ville.
Premier bilan officiel des pertes de l’armée russe
L’armée russe fournissait pour sa part officiellement de premiers chiffres sur ses pertes en sept jours de combats.
« 498 militaires russes sont morts […] 1597 de nos camarades ont été blessés », a dit son porte-parole Igor Konachenkov, devant les caméras de la télévision publique russe.
Dans le sud, les militaires russes ont affirmé totalement contrôler Kherson. Le maire de cette cité du sud de l’Ukraine, Igor Kolykhaïev, a évoqué une « catastrophe humanitaire », demandant l’aide des médias pour obtenir un « couloir humanitaire » afin d’évacuer les victimes et acheminer médicaments et nourriture. « Sinon la ville mourra », a-t-il écrit sur Facebook.
À Marioupol, plus à l’est, plus de cent personnes ont été blessées mardi dans des tirs russes, a fait savoir la mairie.
Si elle prend le contrôle de ce port-clé, l’armée russe peut assurer une continuité territoriale entre ses forces en provenance de Crimée et celles arrivées des territoires séparatistes du Donbass plus au nord.
Les frappes sur Kyiv et Kharkiv ont suscité une vive émotion dans le monde, où manifestations contre la guerre et gestes de solidarité avec l’Ukraine se sont multipliés ces derniers jours.
Le président américain Joe Biden a estimé dans la nuit que Vladimir Poutine, qu’il a qualifié de « dictateur », était maintenant « plus isolé que jamais du reste du monde », sur fond de forte pression internationale et de sanctions économiques inédites.
Parmi ces mesures, l’UE a confirmé mercredi que sept banques russes, dont la deuxième, VTB, seraient, à compter du 12 mars, exclues du système de messagerie Swift, rouage-clé de la finance internationale.
La mesure épargne cependant la première banque russe Sberbank -dont la filiale européenne a déposé le bilan mercredi- et Gazprombank, bras financier de Gazprom.
Les émetteurs américains de cartes de paiements Visa, Mastercard et American Express ont aussi annoncé des mesures pour empêcher des banques russes d’utiliser leur réseau. Et des géants de l’économie américaine-tels ExxonMobil, Apple, Boeing ou Ford-disaient couper les ponts avec la Russie.
Les autorités russes tentent d’éviter hémorragie financière et panique : le rouble a perdu en quelques jours plus d’un tiers de sa valeur en devises. Les avions russes ne peuvent plus atterrir que dans une poignée de pays. Emplois, salaires et prêts bancaires sont potentiellement menacés.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a reconnu « un sérieux coup » mercredi mais assuré que l’économie russe « resterait debout ».
L’économie mondiale pâtit du conflit
Toute l’économie mondiale pâtit du conflit : les prix des hydrocarbures et de l’aluminium, dont la Russie est grosse exportatrice, flambaient, avec des cours du pétrole au plus haut depuis près d’une décennie. La décision des pays exportateurs de l’OPEP+, emmenés par l’Arabie saoudite et la Russie, de ne pas augmenter plus que prévu leur production a alimenté l’envolée.
Les conséquences pour l’économie américaine sont « très incertaines », a estimé mercredi Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine. Les États-Unis et d’autres pays faisaient déjà face à une accélération de d’inflation avant le conflit.
Outre les sanctions économiques, la Russie a été exclue d’une multitude d’évènements sportifs et culturels, du Mondial de football 2022 à la Coupe Davis de tennis, en passant par le Festival de Cannes.
En Russie, l’opposant Alexeï Navalny a, de sa prison, appelé ses concitoyens à manifester chaque jour, qualifiant Poutine de « petit tsar complètement fou ».
La fermeture mardi de deux médias indépendants de renom, la radio Echo de Moscou et la télévision en ligne Dojd, illustre quant à elle un nouveau tour de vis pour faire taire les dernières voix dissidentes et sources d’information alternatives sur le conflit.
Les Ukrainiens sont par ailleurs toujours plus nombreux à quitter leur pays : près de 900 000 sont déjà partis à l’étranger depuis le 24 février, a déclaré mercredi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. (AFP)