La présidence ukrainienne se retrouve au milieu d’un scandale après avoir été accusée de faire pression sur le site d’information respecté Ukraïnska Pravda, un des plus populaires et influents du pays.
Ce média a accusé mercredi l’administration de Volodymyr Zelensky d’exercer une « pression systémique » afin d’« influencer sa politique rédactionnelle ».
« Il est particulièrement outrageux » d’avoir recours à cette pratique en pleine invasion russe de l’Ukraine, « alors que notre lutte commune à la fois pour la survie et les valeurs démocratiques est essentielle », a souligné Ukraïnska Pravda dans une déclaration.
Le site a notamment affirmé que la présidence interdit à des responsables d’État de communiquer avec ses journalistes et à participer à des évènements qu’il organise et de « faire pression sur des entreprises » pour « arrêter leur coopération publicitaire » avec ce média.
Le député Iaroslav Iourtchychyn, chef de la commission parlementaire pour la liberté d’expression, a envoyé jeudi une requête officielle au parquet et à la police demandant de « vérifier » ces accusations.
Si ces informations se confirment, les responsables « coupables des pressions exercées sur les médias doivent être punis », a-t-il affirmé sur Telegram.
Une association informelle de journalistes ukrainiens baptisée Mediaroukh et réunissant une centaine de professionnels d’information a exhorté jeudi le président Zelensky à tout faire pour « mettre fin à la pression sur les médias de la part de tout responsable d’État ».
Ukraïnska Pravda est un média emblématique en Ukraine. Il a été acquis en 2021 par l’homme d’affaires tchèque Tomáš Fiala, qui possède de nombreux actifs dans ce pays, dont un autre influent média.
Un de ses fondateurs, Guéorgui Gongadzé, avait été enlevé en 2000 par de hauts responsables de la police puis retrouvé décapité dans une forêt de la région de Kyiv.
En 2016, le journaliste chevronné russo-biélorusse Pavel Cheremet, un contributeur d’Ukraïnska Pravda et compagnon de sa co-fondatrice, avait été tué par l’explosion d’une bombe déposée dans sa voiture, en plein centre de Kyiv. Ce meurtre n’a toujours pas été élucidé. [AFP]