Un référentiel pour instaurer une communauté qui s'invente

Mardi 15 Octobre 2024

Faire société, c’est apporter sa pierre au projet de restauration de notre souveraineté à l'instar d'un président et de son premier ministre qui veulent aller "chercher la croissance avec les dents", et qui rêvent d’indexer à leur bonheur personnel celui de leur pays. C'est dire que le Sénégal peut espérer enfin avec l'agenda du nouveau référentiel Sénégal 50, se positionner sur une véritable rampe de lancement !
 

Encore faudrait-il redonner du souffle à la politique et instaurer une communauté qui s’invente.

 

Les urgences foisonnent dans un État où tout est à refonder. Les chantiers de la souveraineté doivent comme  préconisé dans le référentiel privilégier la révolution écologique et agricole : adapter l’appareil industriel à la conversion écologique, abandonner les projets pharaoniques, les constructions d'infrastructures budgétivores, et s'attaquer à cette lancinante demande sociale et instaurer de véritables politiques de jeunesse axées sur une éducation citoyenne et patriotique et une adéquation métiers/emplois..

On peut le faire tout de suite. Ce serait déjà énorme!

 

Se muer en État partenaire plus ouvert

 

La piste de refondation de l’État semble trouver la panacée dans celle d’un État partenaire plus ouvert au secteur privé national, à l'expertise de la décision privée. Une telle métamorphose des comportements politiques et des attitudes culturelles marquerait un approfondissement de la démocratie elle-même.

 

La classe détentrice du capital veut un périmètre étatique et responsabilités réduits quand ce nouveau régime anti-système et redistributeur veut un État à responsabilités accrues. Dans le premier cas, le moins d’État contribue à la déchirure sociale, au risque d’une explosion sociale. Dans le second cas, le plus d’État correcteur voit ses « marges » d’intervention se réduire face au pouvoir du marché et des autres États, et aussi en raison d’une tendance à la sclérose de l’action publique.

 

Le risque est alors le coma. En fait, dans les deux hypothèses l’Etat s’affaiblit, parce qu’enfermé dans une logique profonde de délégation des pouvoirs.

 

Fonder le lien politique dans une communauté transversale 

 

 Nous sommes habitués à une conception de l’Etat où le politique — c’est-à-dire les centres ministériels — prétend savoir de source sûre ce qui doit nous réunir et impose, en conséquence, sa vision et ses solutions, alors que des exemples proches, au Ghana ou au Cap-Vert, révèlent une conception plus humble du travail étatique dans une démocratie où la principale responsabilité du politique n’est pas d’imposer, mais de créer les conditions de reconnaissance du bien commun.

 

C'est un sujet qui interpelle citoyens ou gouvernants. L'enjeu est également de greffer l'expertise à la décision. L’ère de l’expertise doit donc aussi être celle de la divulgation et de la dissémination des informations. 

 

Et l’implication des citoyens, aidés des experts dans les décisions collectives apparaît comme le moyen privilégié de créer une véritable

« société de la connaissance », où existe encore la politique, c’est-à-dire la maîtrise du cours des choses et le nécessaire impact positif sur la vie des bénéficiaires.  

 

Ce n’est pas assez de critiquer son temps, écrivait Albert Camus, il faut encore essayer de lui donner une forme, et un avenir. »
 

L'Avenir se pense, l'avenir se prépare, l'avenir se prévoit, l'avenir s'anticipe, l'avenir s'oriente, l'avenir se voit, l'avenir se fonde. Le lien politique doit donc s’instaurer en relation avec les autres acteurs, dans une communauté transversale, autour d’un espace de visibilité, et se renforcer par un dialogue continu, à l’œuvre aussi bien dans la réflexion politique que dans la mise en pratique quotidienne des normes. 

 

Khady Gadiaga, 16 octobre 2024

 
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