Un sénateur évangélique élu maire de Rio

Dimanche 30 Octobre 2016

Marcelo Crivella, maire élu de Rio
Marcelo Crivella, un sénateur évangélique qui diabolisait les catholiques et les homosexuels il y a quelques années, a été désigné maire de Rio dimanche au second tour des municipales brésiliennes. Son élection confirme le virage à droite du pays.
Selon les résultats partiels portant sur 88% des suffrages dépouillés M. Crivella du Parti républicain brésilien (PRB, droite) l'a emporté largement avec 59,07% des voix contre 40,93% à son adversaire de gauche Marcelo Freixo.
Dimanche, 33 millions d'électeurs brésiliens devaient départager des candidats en ballottage, notamment dans 18 des 26 capitales des Etats du pays. Le premier tour, le 2 octobre, a été marqué par la débâcle historique du Parti des Travailleurs (PT, gauche) de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) et de son héritière politique Dilma Rousseff, destituée fin août par le Sénat.
Le PT avait perdu plus de la moitié de ses mairies, au profit du PMDB (centre-droit), le parti du nouveau président Michel Temer, mais surtout de ses nouveaux alliés du Parti social démocrate brésilien (PSDB, droite), qui a enregistré la plus forte progression, remportant notamment la mairie de Sao Paulo.
 
Candidats diamétralement opposés
A Rio, la destinée post-olympique de la ville était l'objet d'une lutte entre deux candidats diamétralement opposés, le sénateur conservateur Crivella et le député local d'extrême-gauche Marcelo Freixo. "Je suis assez confiant (...) et si les habitants de Rio de Janeiro me font l'honneur de m'élire, je me consacrerai à m'occuper avant tout de la santé, de l'éducation, des transports, de la sécurité, tous les jours de mon mandat", avait déclaré M. Crivella avant de voter à Copacabana.
Entré en politique il y a 14 ans, Marcello Crivella, 59 ans, évêque de l'Eglise universelle du royaume de Dieu (EURD, néo-pentecôtiste), tentait pour la troisième fois de se faire élire maire de Rio. Il avait le soutien des plus défavorisés.

Déclarations-chocs
Malgré des révélations-chocs de la presse qui a ressorti un livre qu'il a publié en 2002, il a largement devancé le candidat du Parti Socialisme et Liberté (PSOL), formé par des dissidents du PT.
Dans cet ouvrage où il évoque son expérience de missionnaire en Afrique M. Crivella accuse l'Eglise catholique de "prêcher des doctrines démoniaques" - le Brésil est le pays comptant le plus de catholiques au monde - et qualifiant l'homosexualité de "mal terrible". Entre les deux tours, il a attribué à des "erreurs de jeunesse" ces propos écrits alors qu'il avait 42 ans.

Vide politique
Le politologue Mauricio Santoro de l'Université Uerj a expliqué à l'AFP que la victoire de M. Crivella, "un conservateur hostile au religions afro-brésiliennes à Rio, la ville du carnaval, ouverte sur la sexualité", n'était pas aussi paradoxale qu'elle peut paraître. "Crivella a bénéficié du vide politique laissé par la rupture de l'alliance entre le PT de Lula et le PMDB du maire sortant Eduardo Paes", a-t-il souligné. "Ces élections traduisent aussi le rejet de la politique traditionnelle: le nombre de suffrages blancs, nuls et abstentions devrait atteindre 50% dans le pays", ajoute-t-il.
C'est le PMDB de Michel Temer qui est sorti renforcé de son premier test électoral depuis qu'il a remplacé Dilma Rousseff, ajoute l'analyste.
Près de 5000 hommes de la Force nationale (police d'élite) ont été mobilisés dans l'Etat de Rio où depuis novembre dernier 16 personnes liées aux élections ont été assassinées. Aucun incident grave n'a été enregistré dans le pays dimanche. (Romandie.com)
 
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