Une «diffamation» qui coûte très cher à Navalny

Lundi 28 Octobre 2019

L'opposant russe Alexeï Navalny et son organisation ont été condamnés lundi par un tribunal à payer 88 millions de roubles (1,4 million de francs) de dommages et intérêts à une société de restauration. Celle-ci est contrôlée par un homme d'affaires proche du Kremlin.
 
Alexeï Navalny, son organisation Fonds de la lutte contre la corruption (FBK) et l'une de ses alliées, Lioubov Sobol, ont été condamnés pour «diffamation» à la suite d'une plainte déposée par une entreprise de restauration scolaire. Cette dernière s'était vue critiquer en février pour la qualité de ses produits dans une enquête du FBK.
 
Le Fonds a notamment affirmé dans cette enquête, citant une ancienne employée de cette entreprise, Moskovski Chkolnik (Ecolier de Moscou), que celle-ci était contrôlée par Evguéni Prigojine. Cet homme d'affaires est considéré comme étant proche du président russe Vladimir Poutine.
 
«Ils empoisonnaient des enfants»
 
«Ils empoisonnaient des enfants dans des écoles et dans des maternelles», a accusé Alexeï Navalny, dans un message publié lundi sur sa page Facebook. «Des cas de dysenterie ont été confirmés par des preuves documentaires. Mais ce sont nous qui devons payer», s'est-il indigné, en réagissant à la décision du tribunal.
 
Selon la porte-parole d'Alexeï Navalny, Kira Iarmych, Lioubov Sobol et le FBK doivent payer chacun 29 millions de roubles à l'entreprise Moskovski Chkolnik. Le FBK se doit également de publier un démenti sur les informations diffusées dans le cadre de l'enquête sur cette entreprise.
 
Alexeï Navalny va faire appel de la décision du tribunal, a précisé Mme Iarmych. Ces derniers mois, les autorités russes ont accentué leurs pressions sur M. Navalny, un avocat de 43 ans qui a bâti sa popularité sur les réseaux sociaux, où ses publications anti-corruption sont abondamment partagées.
 
Nombreuses perquisitions
 
Accusée de «blanchiment», son organisation anti-corruption a ainsi été visée par de nombreuses perquisitions en octobre et classée «agent de l'étranger». Cette qualification introduite par une loi en 2012 sert à désigner une organisation bénéficiant du financement d'un autre pays et exerçant une «activité politique».
 
Ce concept vague a permis de viser de nombreux groupes critiques du pouvoir. Les «agents de l'étranger» sont soumis à d'importantes contraintes administratives et financières et faisant l'objet d'une surveillance accrue. (afp/nxp)
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