Une mission de l'ONU au Nagorny Karabakh, pour la première fois en 30 ans

Dimanche 1 Octobre 2023

Une mission de l'ONU est arrivée dimanche au Nagorny Karabakh, pour la première fois en trois décennies, a annoncé l'Azerbaïdjan au moment où la majorité de la population arménienne locale a quitté l'enclave après sa reprise par Bakou.

 

Un porte-parole de la présidence azerbaïdjanaise a indiqué à l'AFP que la mission de l'ONU était arrivée "dimanche matin" avec pour tâche principale d'évaluer les besoins humanitaires sur place.

 

Plus tôt, l'ONU avait annoncé avoir reçu le feu vert pour l'envoi ce week-end d'une mission dans le territoire. Samedi, la France avait déploré que l'Azerbaïdjan n'ait consenti à cette mission qu'après l'exode massif d'Arméniens.

 

Les séparatistes arméniens, qui ont contrôlé le Nagorny Karabakh pendant trois décennies, après la dislocation de l'URSS, ont capitulé la semaine dernière, face une offensive éclair de l'Azerbaïdjan.

 

Au total, près de 600 morts sont à déplorer dans le sillage de cette offensive. Les combats eux-mêmes ont tué environ 200 soldats dans chaque camp.

 

Depuis, l'enclave a été désertée par ses habitants, avec plus de 100.000 réfugiés - sur les 120.000 habitants y vivant officiellement - ayant fui en Arménie par crainte de représailles de l'Azerbaïdjan, faisant craindre une crise humanitaire majeure.

 

- "Faut que les gens vivent" -

 

Sergueï Astsarian, 40 ans, est parmi les derniers à partir. "La population qui a vécu ici depuis des siècles doit pouvoir y vivre, peu importe que ce soit des Arméniens ou d'autres ethnies. C'est pas correct d'expulser, par la force ou non, faut que les gens vivent", dit-il à l'AFP.

 

Selon lui, le gouvernement azerbaïdjanais doit montrer concrètement que les populations arméniennes peuvent rester en sécurité dans l'enclave et pas seulement donner des "garanties verbales".

 

La veille, l'ancien médiateur des droits du Nagorny Karabakh, Artak Beglarian, a affirmé que seules "quelques centaines de fonctionnaires, d'urgentistes et de personnes ayant des besoins spéciaux" restaient sur place.

 

Dans leur fuite, au moins 170 personnes ont péri dans l'explosion lundi d'un dépôt de carburant, qui a aussi fait 349 blessés, la plupart souffrant de graves brûlures.

 

Plus de 45.500 réfugiés se trouvent actuellement en Arménie dans des hébergements fournis par l'Etat, selon Erevan.

 

- Jour de prière -

 

L'Arménie, à majorité chrétienne, a pour sa part célébré dimanche un jour de prière pour le Nagorny Karabakh.

 

Le conflit au Nagorny Karabakh "est juste de la politique, pas une histoire de religion : l'Azerbaïdjan est une dictature, a du pétrole et du gaz et l'Europe n'a pas besoin de nous", a dit à l'AFP Ararat Havseian, un Irano-arménien.

 

Le flux chaotique des réfugiés a ravivé les accusations d'un "nettoyage ethnique" et Erevan a lancé un nouvel appel à la Cour internationale de justice (CIJ), réclamant des mesures urgentes pour protéger les habitants de l'enclave.

 

L'Azerbaïdjan réfute ces accusations et assure aux habitants de l'enclave qu'ils sont libres de partir ou de rester, a indiqué samedi à l'AFP Hikmet Hajiyev, un conseiller du président azerbaïdjanais.

 

M. Hajiyev a affirmé qu'un programme de "réintégration" est élaboré pour ceux qui souhaiteraient rester.

 

- Négociations la semaine prochaine -

 

"Nous nous abstenons délibérément de mettre des drapeaux azerbaïdjanais, nous savons qu'il reste des civils et nous connaissons leurs craintes", a déclaré Hikmet Hajiyev.

 

Des forces azerbaïdjanaises sont déployées au Nagorny Karabakh pour protéger certains sites, notamment religieux, selon Bakou, et des pourparlers entre officiels azerbaïdjanais et responsables arméniens de l'enclave sont prévues lundi à Stepanakert.

 

Des négociations entre le président azerbaïdjanais Ilham Aliev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian sont également prévues jeudi prochain à Grenade en Espagne, sous médiation occidentale, pour mettre fin à leurs différends historiques.

 

Les peurs des réfugiés sont nourries, selon Erevan, par une série d'"arrestations illégales", bien que les autorités azerbaïdjanaises se soient engagées à permettre de partir aux rebelles qui rendraient leurs armes.

 

Plusieurs responsables de l'enclave ont été placés en détention, accusés de "terrorisme" et d'autres crimes.

 

Dimanche, le Procureur général azerbaïdjanais, Kamran Aliev, a annoncé enquêter sur de possibles crimes de guerre commis par 300 responsables séparatistes qu'il a appelés à se rendre aux autorités. [AFP]

 

 

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