L'ex Président nigérien, Mahamadou Issoufou
Un dossier judiciaire est né dans le labyrinthe sans fin du business des mines d’uranium nigériennes. L’ancien président Mahamadou Issoufou a décidé de porter plainte contre le quotidien « Africa intelligence » (AI) pour que « justice lui soit rendue » après la publication d’un article d’une « extrême malveillance » intitulé «De Niamey à Lagos, sur les traces des millions perdus d’Areva dans ‘’l’uranium gate’’», ont indiqué ses avocats, Mes Ilo Issoufou et Jean-Marc Fédida dans un communiqué daté du 12 mai 2023. Selon le document consulté par IMPACT.SN, « le président Issoufou serait accusé d’avoir reçu des fonds virés par une société sur un compte ouvert dans une banque de Dubaï » dans l’article mis en ligne le 27 avril 2023.
« Ces allégations sont dépourvues de tout fondement et portent violemment atteinte à la dignité, à l’honneur et à la considération du président Issoufou Mahamadou qui n’a, à aucun moment, participé à une quelconque transaction avec les sociétés ou personnes citées dans ledit article et n’ayant à fortiori jamais reçu les moindres fonds de leurs part », s’insurgent les deux avocats.
Maîtres Issoufou et Fédida dénoncent « un article mensonger et diffamatoire » qui met « gravement en cause l’intégrité » de l’ex chef d’Etat du Niger devant l’opinion publique nationale et internationale.
Dans l’article source du courroux des avocats, l’ex président nigérien serait ainsi le mystérieux « T3 », « un nom de code que des éléments de l’enquête américaine tendent à (lui) attribuer… Il se retrouve suspecté d’avoir perçu 2,6 millions de dollars virés par Energy Standard Trading FZE sur un compte de la Standard Chartered Bank de Dubaï appartenant à OKI International Trading LLC, le 14 mars 2012. Ce dont il s’est toujours défendu. »
« Un vieux dossier »
Les « révélations » d’Africa Intelligence sur cette « affaire » sont-elles crédibles ? En tout cas, le sujet date de bien longtemps et semble lié à une autre grosse histoire. Selon l’ex bi hebdomadaire nigérien d’investigation « L’événement », il faut voir en arrière-plan des accusations contre l’ancien président Issoufou Mahamadou, un vieux dossier des années 2010 consistant en la « création » d’une sorte de réserve financière destinée à libérer des otages français alors détenus par des groupes terroristes du Sahel, mais alimentée de façon détournée par un trading sur l’uranium.
« Cette opération a été montée par les réseaux français, via Areva et (ses) amis nigériens au pouvoir (…) pour mobiliser à travers du faux de l’argent devant servir à payer des rançons et libérer les otages enlevés à Arlit », lit-on dans le journal en date du 20 février 2017.
Sous la plume de son directeur Moussa Aksar, le journal livre ce qu’il estime être le stratagème mis en place pour alimenter le compte rançon pour faire libérer des otages. « Areva, sa filiale Vinci, les services spéciaux français, la présidence française sous (Nicolas) Sarkozy et le cabinet du président Issoufou avec à sa tête Hassoumi Massoudou, se sont concertés » pour réaliser une opération de « trading ».
« Ainsi, l’astuce que ces derniers auraient trouvée consiste à dire à Areva Ug (groupe commercial d’Areva Groupe) de faire semblant de mettre sur le marché, par un simple jeu d’écriture, une forte quantité d’uranium, soit 5,5 millions de livres, représentant 319 millions de dollars et correspondant à 200 milliards de FCFA qu’elle prétendait vendre à Energo Alyans, une société de distribution russe acquise à la cause », explique « L’Evénement » dans une autre édition, celle du 23 février 2017.
Trading pour libérer des otages ?
Deux dates sont à retenir pour l’opération trading. Le 24 novembre 2011, « Energo Alyans qui n’est pas du domaine se prête quand même au jeu et vend (…) l’uranium acheté chez Areva Ug à Optima Energy Offshore SAL au Liban. » Puis le lendemain, 25 novembre, « c’est au tour d’Optima Energy de vendre (l’uranium) à la société Sopamin à qui elle envoie (en même temps) une facture (destinée) au cabinet du président Issoufou. Une facture au nom de la Sopamin que le directeur de cabinet du président de la République de l’époque, sans aucun mandat, prit soin de signer et de l’envoyer…» Et pour boucler la boucle afin de « revenir à la case départ » et surtout « ne pas réveiller (des) soupçons », la Sopamin « vend à Areva Ug. »
La Société du patrimoine des mines du Niger (Sopamin) est une entreprise d’Etat.
Selon « L’Evénement », c’est le 12 décembre 2011 que 200 milliards FCFA sont virés du compte Sopamin de la banque BNP Paribas au profit d’Optima Energy Offshore à Dubaï. Et c’est trois mois plus tard (14 mars 2012) qu’Africa Intelligence situe – dans son édition du 27 avril 2023 - le versement de 2,6 millions de dollars dans un compte dubaïote qui serait celui du président Issoufou Mahamadou.
Sans s’appesantir sur la véracité ou la fausseté de ces informations, il est loisible de constater le nombre non négligeable de plaintes auquel Africa Intelligence (AI) doit faire face. En mars 2023, le média Financial Afrik annonce une ‘’plainte multiple en diffamation’’ de la chaîne de télévision Africa24 contre AI. Cette action judiciaire fait suite à la publication d’un article intitulé « L’histoire secrète derrière la chute de la Chaîne Africa 24 ».
En octobre 2022, l’homme d’affaires israélien porte plainte contre la publication pour des ‘’articles diffamatoires’’ en lien avec une présumée chasse aux sorcières contre des personnalités ‘’anti-Gertler’’ de l’entourage du président congolais Félix Tshisekedi.
Hors du continent, le journal américain « The New Yorker » accuse le média français de « désinformation » et de « diffamation à grande échelle » contre un homme d’affaires américain, Hazim Nada, « fondateur d’une société de négoce de matières premières, Lord Energy. »
Selon le journaliste Moussa Aksar, le dossier « UraniumGate » est éteint aussi bien à Paris qu’à Niamey. Les accusations portées contre l’ancien président Mahamadou Issoufou vont-elles le ressusciter ?
« Ces allégations sont dépourvues de tout fondement et portent violemment atteinte à la dignité, à l’honneur et à la considération du président Issoufou Mahamadou qui n’a, à aucun moment, participé à une quelconque transaction avec les sociétés ou personnes citées dans ledit article et n’ayant à fortiori jamais reçu les moindres fonds de leurs part », s’insurgent les deux avocats.
Maîtres Issoufou et Fédida dénoncent « un article mensonger et diffamatoire » qui met « gravement en cause l’intégrité » de l’ex chef d’Etat du Niger devant l’opinion publique nationale et internationale.
Dans l’article source du courroux des avocats, l’ex président nigérien serait ainsi le mystérieux « T3 », « un nom de code que des éléments de l’enquête américaine tendent à (lui) attribuer… Il se retrouve suspecté d’avoir perçu 2,6 millions de dollars virés par Energy Standard Trading FZE sur un compte de la Standard Chartered Bank de Dubaï appartenant à OKI International Trading LLC, le 14 mars 2012. Ce dont il s’est toujours défendu. »
« Un vieux dossier »
Les « révélations » d’Africa Intelligence sur cette « affaire » sont-elles crédibles ? En tout cas, le sujet date de bien longtemps et semble lié à une autre grosse histoire. Selon l’ex bi hebdomadaire nigérien d’investigation « L’événement », il faut voir en arrière-plan des accusations contre l’ancien président Issoufou Mahamadou, un vieux dossier des années 2010 consistant en la « création » d’une sorte de réserve financière destinée à libérer des otages français alors détenus par des groupes terroristes du Sahel, mais alimentée de façon détournée par un trading sur l’uranium.
« Cette opération a été montée par les réseaux français, via Areva et (ses) amis nigériens au pouvoir (…) pour mobiliser à travers du faux de l’argent devant servir à payer des rançons et libérer les otages enlevés à Arlit », lit-on dans le journal en date du 20 février 2017.
Sous la plume de son directeur Moussa Aksar, le journal livre ce qu’il estime être le stratagème mis en place pour alimenter le compte rançon pour faire libérer des otages. « Areva, sa filiale Vinci, les services spéciaux français, la présidence française sous (Nicolas) Sarkozy et le cabinet du président Issoufou avec à sa tête Hassoumi Massoudou, se sont concertés » pour réaliser une opération de « trading ».
« Ainsi, l’astuce que ces derniers auraient trouvée consiste à dire à Areva Ug (groupe commercial d’Areva Groupe) de faire semblant de mettre sur le marché, par un simple jeu d’écriture, une forte quantité d’uranium, soit 5,5 millions de livres, représentant 319 millions de dollars et correspondant à 200 milliards de FCFA qu’elle prétendait vendre à Energo Alyans, une société de distribution russe acquise à la cause », explique « L’Evénement » dans une autre édition, celle du 23 février 2017.
Trading pour libérer des otages ?
Deux dates sont à retenir pour l’opération trading. Le 24 novembre 2011, « Energo Alyans qui n’est pas du domaine se prête quand même au jeu et vend (…) l’uranium acheté chez Areva Ug à Optima Energy Offshore SAL au Liban. » Puis le lendemain, 25 novembre, « c’est au tour d’Optima Energy de vendre (l’uranium) à la société Sopamin à qui elle envoie (en même temps) une facture (destinée) au cabinet du président Issoufou. Une facture au nom de la Sopamin que le directeur de cabinet du président de la République de l’époque, sans aucun mandat, prit soin de signer et de l’envoyer…» Et pour boucler la boucle afin de « revenir à la case départ » et surtout « ne pas réveiller (des) soupçons », la Sopamin « vend à Areva Ug. »
La Société du patrimoine des mines du Niger (Sopamin) est une entreprise d’Etat.
Selon « L’Evénement », c’est le 12 décembre 2011 que 200 milliards FCFA sont virés du compte Sopamin de la banque BNP Paribas au profit d’Optima Energy Offshore à Dubaï. Et c’est trois mois plus tard (14 mars 2012) qu’Africa Intelligence situe – dans son édition du 27 avril 2023 - le versement de 2,6 millions de dollars dans un compte dubaïote qui serait celui du président Issoufou Mahamadou.
Sans s’appesantir sur la véracité ou la fausseté de ces informations, il est loisible de constater le nombre non négligeable de plaintes auquel Africa Intelligence (AI) doit faire face. En mars 2023, le média Financial Afrik annonce une ‘’plainte multiple en diffamation’’ de la chaîne de télévision Africa24 contre AI. Cette action judiciaire fait suite à la publication d’un article intitulé « L’histoire secrète derrière la chute de la Chaîne Africa 24 ».
En octobre 2022, l’homme d’affaires israélien porte plainte contre la publication pour des ‘’articles diffamatoires’’ en lien avec une présumée chasse aux sorcières contre des personnalités ‘’anti-Gertler’’ de l’entourage du président congolais Félix Tshisekedi.
Hors du continent, le journal américain « The New Yorker » accuse le média français de « désinformation » et de « diffamation à grande échelle » contre un homme d’affaires américain, Hazim Nada, « fondateur d’une société de négoce de matières premières, Lord Energy. »
Selon le journaliste Moussa Aksar, le dossier « UraniumGate » est éteint aussi bien à Paris qu’à Niamey. Les accusations portées contre l’ancien président Mahamadou Issoufou vont-elles le ressusciter ?