Par Adama Gaye
C’est un narratif qui a tourné en eau de boudin pour ne plus être que celui d’un jeune premier devenu le symbole consentant d’une néo-colonisation en marche, le représentant local, dans les tropiques, d’intérêts tricolores, le VRP à la tête d’une République banabanalisée, désormais sous la menace de perdre la substance de sa souveraineté.
Au départ la légende était sublime. Elle était ciselée en des mots magiques, qui font voir au monde celui qu’on ne présentait alors que sous les meilleurs labels possibles. Président-né après les indépendances. Promoteur d’une gestion sobre et vertueuse. Concepteur de ce qu’on qualifiait de NOP –le Nouvel ordre des priorités. Et pour couronner le tout, on rappelait l’onction démocratique, les 65 pour cent de Sénégalais qui avaient voté pour lui, en faire, selon ses mots, le Président le mieux élu du continent africain.
Quatre ans plus tard, la saga ne tient plus, elle ne se décline plus que négativement : l’homme s’est progressivement enlisé dans une mer de compromissions. L’image est fracassée. Comment peut-il en être autrement à la vue de ce Président, casquette d’une multinationale française vissée sur sa tête et entouré par une meute, sourire carnassier, lui donnant l’air d’être là pour se faire trucider? Le même intronisé, à Paris, au sein d’une Académie de la France d’Outre-mer, ersatz d’un passé colonial dont la tête, telle celle d’une hydre, refuse de se laisser mourir.
Le voir debout sous les lambris de l’Elysée supervisant la signature de contrats au bénéfice des firmes les plus cyniquement associées à l’exploitation de l’Afrique, y compris avec le zèle, la complicité de nègres de service. Sans oublier ces incursions dans les affaires africaines, notamment la crise gambienne, quitte à se faire admonester par le tyran de Kanilai, Yaya Jammeh, trop content de se moquer de sa présence aux côtés d’un François Hollande en perte de vitesse, dont le souvenir restera attaché à jamais à ses virées féminines, casque en tête, sur une mobylette, à des heures indues.
Au rythme où il dégrade la fonction présidentielle et l’image du pays, ce n’est pas être excessif que de dire qu’il est grand temps qu’on parle à Macky Sall. En wolof, on le dit ainsi : «Diarrnaawakhal !».
Alors, puisque c’est le début de l’an, celui de toutes les résolutions, de toutes les audaces permises, je prends la liberté de le tenir au collet pour lui dire ce que je pense de sa gestion de notre pays.
En commençant par rappeler que l’année qui s’est écoulée sera marquée au fer de ses gesticulations verbales pour tenter de justifier son parjure. En février 2016, il est revenu sur son engagement de réduire son mandat de 7 à 5 ans. Le référendum, en trompe-l’œil, qui s’en est suivi, restera une pantalonnade mémorable dont il n’a pas fini de digérer les coups qu’il a suscités à son encontre. Ce ne fut même pas une victoire à la Pyrrhus tant le ras-le-bol déclenché auprès d’une population ulcérée lui reste encore au travers de la gorge. Il n’a du reste pas osé célébrer ce qui fut en fait une défaite cinglante. Ses réformes institutionnelles ne laissent personne impressionnée : l’arnaque ne peut passer dans la tête des Sénégalais trop malins pour se faire rouler encore une fois par le néo-boulanger du Palais de l’Avenue Roume.
Son rôle dans la gestion opaque des ressources en hydrocarbures du pays le noircissent davantage. Ce n’est pas l’entrée de la Britannique BP, dans l’exploitation de la concession gérée par Kosmos et PetroTimSall, qui suffirait à le sauver. Elle traduit en réalité une volonté de fuite en avant dans la mesure où le dossier pétro-gazier sénégalais a été déposé sur les tablettes du ForeignCorrupt Practice Act (FCPA), du Ministère de la Justice américaine, et du SeriousFraud Office de Londres, afin que les pratiques corruptrices soient relevées et punies. Voir dans ce contexte le Président Sénégalais dodeliner de la tête pendant la signature par Total, par l’intermédiaire de Momar Nguer, « son Africain », et le Ministre sénégalais de l’Energie, Thierno Alassane Sall, à l’Elysée, n’a fait qu’accentuer le malaise.
Et que dire encore de ce président se gaussant d’avoir vendu des croissants à l’Institut français du pétrole (IFP-Energies nouvelles) où il n’a été qu’un stagiaire, ou encore se faire filmer dans les rames d’un train français, et rendre visite à un ministre malade pour en faire tout un pataquès, c’est vraiment la marche d’un homme perdu dans ses fonctions.
Peut-il changer son destin ? Grandir. Epouser sa fonction. Montrer qu’il comprend les enjeux. Pas sûr ! Entre un Ministère de l’Assainissement, entre autres, rouillé par la corruption au point de menacer son beau-frère qui y trône, des contrats léonins signés pour un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale et une ex-administratrice de l’Apix, sans compter la floraison de deals plus gravissimes les uns que les autres, le tableau est assurément lugubre.
Chômage, insécurité, mainmise étrangère sur l’économie, surfacturations des marchés, l’éléphant blanc qui déploie sa tronche à Diamniadio, menaces sur la démocratie, terrorisme pour juguler les libertés ! La coupe est pleine. Un vœu pour Macky Sall en 2017 : Djougal sa bopp, autrement dit : ressaisissez-vous !
PS : Vincent Bolloré a osé m’envoyer une plainte. Belle occasion de faire le procès, à Paris, de la FranceAfrique, de ses acteurs tropicaux et hexagonaux…
C’est un narratif qui a tourné en eau de boudin pour ne plus être que celui d’un jeune premier devenu le symbole consentant d’une néo-colonisation en marche, le représentant local, dans les tropiques, d’intérêts tricolores, le VRP à la tête d’une République banabanalisée, désormais sous la menace de perdre la substance de sa souveraineté.
Au départ la légende était sublime. Elle était ciselée en des mots magiques, qui font voir au monde celui qu’on ne présentait alors que sous les meilleurs labels possibles. Président-né après les indépendances. Promoteur d’une gestion sobre et vertueuse. Concepteur de ce qu’on qualifiait de NOP –le Nouvel ordre des priorités. Et pour couronner le tout, on rappelait l’onction démocratique, les 65 pour cent de Sénégalais qui avaient voté pour lui, en faire, selon ses mots, le Président le mieux élu du continent africain.
Quatre ans plus tard, la saga ne tient plus, elle ne se décline plus que négativement : l’homme s’est progressivement enlisé dans une mer de compromissions. L’image est fracassée. Comment peut-il en être autrement à la vue de ce Président, casquette d’une multinationale française vissée sur sa tête et entouré par une meute, sourire carnassier, lui donnant l’air d’être là pour se faire trucider? Le même intronisé, à Paris, au sein d’une Académie de la France d’Outre-mer, ersatz d’un passé colonial dont la tête, telle celle d’une hydre, refuse de se laisser mourir.
Le voir debout sous les lambris de l’Elysée supervisant la signature de contrats au bénéfice des firmes les plus cyniquement associées à l’exploitation de l’Afrique, y compris avec le zèle, la complicité de nègres de service. Sans oublier ces incursions dans les affaires africaines, notamment la crise gambienne, quitte à se faire admonester par le tyran de Kanilai, Yaya Jammeh, trop content de se moquer de sa présence aux côtés d’un François Hollande en perte de vitesse, dont le souvenir restera attaché à jamais à ses virées féminines, casque en tête, sur une mobylette, à des heures indues.
Au rythme où il dégrade la fonction présidentielle et l’image du pays, ce n’est pas être excessif que de dire qu’il est grand temps qu’on parle à Macky Sall. En wolof, on le dit ainsi : «Diarrnaawakhal !».
Alors, puisque c’est le début de l’an, celui de toutes les résolutions, de toutes les audaces permises, je prends la liberté de le tenir au collet pour lui dire ce que je pense de sa gestion de notre pays.
En commençant par rappeler que l’année qui s’est écoulée sera marquée au fer de ses gesticulations verbales pour tenter de justifier son parjure. En février 2016, il est revenu sur son engagement de réduire son mandat de 7 à 5 ans. Le référendum, en trompe-l’œil, qui s’en est suivi, restera une pantalonnade mémorable dont il n’a pas fini de digérer les coups qu’il a suscités à son encontre. Ce ne fut même pas une victoire à la Pyrrhus tant le ras-le-bol déclenché auprès d’une population ulcérée lui reste encore au travers de la gorge. Il n’a du reste pas osé célébrer ce qui fut en fait une défaite cinglante. Ses réformes institutionnelles ne laissent personne impressionnée : l’arnaque ne peut passer dans la tête des Sénégalais trop malins pour se faire rouler encore une fois par le néo-boulanger du Palais de l’Avenue Roume.
Son rôle dans la gestion opaque des ressources en hydrocarbures du pays le noircissent davantage. Ce n’est pas l’entrée de la Britannique BP, dans l’exploitation de la concession gérée par Kosmos et PetroTimSall, qui suffirait à le sauver. Elle traduit en réalité une volonté de fuite en avant dans la mesure où le dossier pétro-gazier sénégalais a été déposé sur les tablettes du ForeignCorrupt Practice Act (FCPA), du Ministère de la Justice américaine, et du SeriousFraud Office de Londres, afin que les pratiques corruptrices soient relevées et punies. Voir dans ce contexte le Président Sénégalais dodeliner de la tête pendant la signature par Total, par l’intermédiaire de Momar Nguer, « son Africain », et le Ministre sénégalais de l’Energie, Thierno Alassane Sall, à l’Elysée, n’a fait qu’accentuer le malaise.
Et que dire encore de ce président se gaussant d’avoir vendu des croissants à l’Institut français du pétrole (IFP-Energies nouvelles) où il n’a été qu’un stagiaire, ou encore se faire filmer dans les rames d’un train français, et rendre visite à un ministre malade pour en faire tout un pataquès, c’est vraiment la marche d’un homme perdu dans ses fonctions.
Peut-il changer son destin ? Grandir. Epouser sa fonction. Montrer qu’il comprend les enjeux. Pas sûr ! Entre un Ministère de l’Assainissement, entre autres, rouillé par la corruption au point de menacer son beau-frère qui y trône, des contrats léonins signés pour un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale et une ex-administratrice de l’Apix, sans compter la floraison de deals plus gravissimes les uns que les autres, le tableau est assurément lugubre.
Chômage, insécurité, mainmise étrangère sur l’économie, surfacturations des marchés, l’éléphant blanc qui déploie sa tronche à Diamniadio, menaces sur la démocratie, terrorisme pour juguler les libertés ! La coupe est pleine. Un vœu pour Macky Sall en 2017 : Djougal sa bopp, autrement dit : ressaisissez-vous !
PS : Vincent Bolloré a osé m’envoyer une plainte. Belle occasion de faire le procès, à Paris, de la FranceAfrique, de ses acteurs tropicaux et hexagonaux…