Vers un 2e mandat pour le président Xi Jingping

Mardi 17 Octobre 2017

Chine - Le XIXe congrès du parti communiste chinois devrait confirmer le président hors norme à son poste.
 
Le président chinois Xi Jinping attend un nouveau sacre lors du congrès du parti communiste chinois (PCC) qui s'ouvre mercredi à Pékin. Il devrait cimenter encore davantage son pouvoir au sommet de la deuxième puissance mondiale.
 
Avec des drapeaux rouges, des slogans patriotiques, une sécurité renforcée et un air pur par la magie du plus grand parti politique au monde (89 millions de membres), qui peut fermer les usines pour garantir un ciel bleu lors de ses grandes manifestations dans une des villes les plus polluées du globe, Pékin reçoit près de 2300 délégués pour sa grand-messe politique, qui se tient tous les cinq ans dans le cadre monumental du palais du peuple, place Tiananmen.
 
Xi Jinping, 64 ans, est arrivé au pouvoir à l'automne 2012, lors du précédent congrès du parti, dont il était alors devenu secrétaire général, avant de devenir président du pays au début 2013. Il devrait, sans coup férir, obtenir un nouveau mandat de cinq ans à la tête du parti lors de ce XIXe congrès. Les observateurs guetteront toutefois avant tout les nominations au sein du bureau politique, pour voir jusqu'à quel point Xi Jinping parvient à placer ses hommes au sein de l'instance de 25 membres qui dirige la Chine.
 
Puissance réelle de Xi
 
«Le congrès du parti nous révélera l'extension exacte de la puissance de M. Xi», prévoit la sinologue basée à Shanghai Carly Ramsey, du cabinet britannique Control Risks.
 
Chef du parti, chef de l'État, commandant en chef des armées, culte de la personnalité, omniprésence médiatique: Xi Jinping a accumulé plus de pouvoir que ses deux prédécesseurs, Jiang Zemin et Hu Jintao, suscitant des comparaisons avec Mao Tsé-toung, le fondateur du régime en 1949, et Deng Xiaoping, dont les réformes à la fin des années 1970 ont fait de la Chine une grande puissance économique.
 
«Pour résumer, on peut dire qu'il y a eu trois époques: quand Mao était au pouvoir, puis l'ère Deng Xiaoping; le XIXe congrès est en quelque sorte l'avènement de l'ère Xi Jinping», observe le politologue chinois Chen Daoyin.
 
L'homme fort de Pékin a mis à profit ses cinq premières années pour déclencher une guerre à la corruption, qui a châtié plus de 1,3 million de cadres, selon une évaluation officielle. Les détracteurs du président le soupçonnent d'en avoir profité pour frapper des opposants internes liés à ses deux prédécesseurs.
 
Limite d'âge
 
Le régime n'a fait aucune concession à la société civile, arrêtant avocats et dissidents et refusant la clémence à l'opposant Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix, mort en juillet après huit ans de détention, malgré les appels des Occidentaux à le laisser quitter la Chine.
 
À l'extérieur, le président chinois a suivi une politique de fermeté, augmentant régulièrement le budget militaire et revendiquant la souveraineté de son pays sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, quand bien même un arbitrage international rejetait les prétentions de Pékin. Mais face aux velléités protectionnistes du président américain Donald Trump, il a été acclamé en début d'année au forum économique de Davos en défendant le libre-échange et la mondialisation.
 
L'ère Xi Jinping durera-t-elle 15 ans? Les membres du bureau politique sont, en principe, astreints à une limite d'âge de 68 ans, un âge que le président Xi aura dépassé en 2022, lors du XXe congrès. Mais si jamais son bras droit Wang Qishan, 69 ans, devait obtenir un nouveau mandat en ce mois d'octobre, cela signifierait que la limite d'âge n'existe plus. La voie serait libre pour un troisième mandat de Xi Jinping dans cinq ans.
 
Panthéon
 
Ce faisant, M. «Xi risque d'affaiblir les fondations de la réussite et de la stabilité de la Chine en sapant des normes cruciales» du parti, avertit Mme Ramsey.
 
Les pékinologues guetteront aussi une possible inclusion du nom de Xi Jinping dans la charte du PCC, un honneur réservé à ce jour à MM. Mao et Deng. «Cela serait le signe qu'il est vraiment entré au Panthéon», prévoit Bill Bishop, auteur de la lettre d'information Sinocism China Newsletter. (ats/nxp)
 
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