Cinquante-six personnes sont mortes dans l’incendie d’un immeuble d’habitation à Hanoï, le plus meurtrier au Vietnam depuis 20 ans.
L’incendie s’est déclaré mardi peu avant minuit (13 h heure de l’Est) dans le stationnement d’un immeuble de 10 étages, une zone remplie de motos, ont indiqué des témoins.
« Cinquante-six personnes ont été tuées et 37 blessées », a précisé la police dans un communiqué. Sur les 56 personnes qui ont trouvé la mort, 39 ont été identifiées, selon la même source.
Au moins trois enfants sont décédés dans l’incendie, selon un média officiel.
Soupçonné d’avoir enfreint les règles de prévention sur les incendies, le propriétaire de l’immeuble a été arrêté, a indiqué la police de Hanoï.
« J’ai entendu beaucoup d’appels à l’aide. Nous ne pouvions pas beaucoup les aider », a confié une habitante du quartier. Elle a ajouté que l’immeuble qui a pris feu n’avait pas d’« issue de secours ». « Impossible pour les victimes de sortir », a-t-elle expliqué à l’AFP.
Des centaines de personnes se sont réunies au cours de la journée devant une morgue de Hanoï tenue par l’armée pour aider à identifier de nombreux corps sans vie.
Des officiels apparaissaient toutes les demi-heures pour annoncer par haut-parleur qu’il y avait une nouvelle victime à identifier.
Certaines personnes ont éclaté en sanglots en réalisant que des proches figuraient parmi les personnes décédées.
Un groupe de cinq femmes, assises par terre devant la morgue, a reconnu que « toute la famille avait disparu. » « Ils étaient nos enfants et petits-enfants », ont-elles dit.
« Nous ne savons pas quand ils vont nous donner les corps, nous attendons ici pour les ramener dans notre province et les enterrer », confie Dung, de la province de Thai Binh (nord), qui a perdu deux cousins dans l’incendie.
Le premier ministre Pham Minh Chinh, qui a ordonné l’ouverture d’une enquête, a visité le site en se frayant un passage au milieu des motos calcinées, avant de se rendre au chevet de victimes soignées dans un hôpital.
« Entre la vie et la mort »
« Nous étions en train de dormir quand soudainement, nous avons eu très chaud », a raconté à l’AFP Nguyen Thi Minh Hong, une rescapée soignée dans un hôpital.
« J’ai essayé de calmer mes (deux) enfants en tenant une serviette mouillée sur leur visage ». « Nous étions entre la vie et la mort », se souvient-elle.
Des vidéos diffusées par des médias locaux ont montré l’ampleur de l’incendie qui s’est propagé sur une grande partie du bâtiment de dix étages, situé dans une allée étroite d’un quartier résidentiel de la capitale.
La configuration de la ruelle, typique de la grouillante capitale de huit millions d’habitants, a rendu difficile l’accès au site pour les secouristes.
Environ 150 personnes habitaient l’immeuble, dont les balcons sont protégés par des grilles qui les coupent de l’extérieur.
De la fumée « partout »
Une autre témoin, Huong, a vu un petit garçon être jeté d’une fenêtre pour échapper aux flammes.
« La fumée était partout. Un petit garçon a été jeté d’un étage élevé, je ne sais pas s’il a survécu ou si des gens l’ont rattrapé avec un matelas », a décrit Huong.
Des voisins ont vu des résidents sauter du bâtiment, au péril de leur vie, et d’autres s’échapper par les toits.
« Le toit de ma famille a permis à 14, 15 personnes de s’échapper », a déclaré Dao To Nga, une voisine du bâtiment sinistré.
Le Vietnam a connu plusieurs incendies meurtriers ces dernières années qui ont alimenté les soupçons autour de l’application des règles élémentaires de sécurité, parfois ignorées en Asie du Sud-Est.
Un feu dans un bar karaoké, près de Hô Chi Minh-Ville (sud) il y a un an, a fait 32 morts. Le premier ministre avait alors ordonné l’inspection des sites à risques.
En décembre dernier, quelque 26 personnes ont trouvé la mort dans l’incendie d’un hôtel-casino à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, durant les fêtes de fin d’année.
Les autorités cambodgiennes ont attribué le feu à un court-circuit électrique et la configuration du bâtiment qui a retardé l’intervention des secours. [AFP]