Visite officielle de Macky Sall en France : Le fantôme de l'Opéra

Dimanche 25 Décembre 2016

Des activités politiques d'État ont permis la signature de 7 accords stratégiques pour accélérer la cadence vers un Sénégal émergent, de l'Enseignement à la Santé, en passant par les infrastructures de dernière génération. Mais cette visite d'État du président de la République en France ressemble fort à une chasse aux fantômes de son adolescence qui ont permis de faire du jeune Macky Sall un homme pratique, objectif et lucide.
 
Par Pathé MBODJE, M. Sc, Journaliste, sociologue
 
Macky Sall est allé en pèlerinage en France avec une visite officielle (18-22 décembre) qui lui a permis de courir après les fantômes du passé, ses souvenirs de jeunesse studieuse et ses alliés des toutes premières heures, dans son bras de fer historique contre le président Abdoulaye Wade.
 
Les journées scientifiques du mercredi et du jeudi ont en effet été l'occasion d'exorciser le passé et le doute (pourquoi et comment) pour mieux appréhender le présent, dans la perspective du futur : le   Conservatoire National des Arts et Métiers (Cnam) et  l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, mercredi, l’Institut français du pétrole et des Energies nouvelles, le jeudi, sont en effet des relais qui ont permis de forcer un homme à "aller à l'essentiel",  surtout "dans la gestion des affaires de l'État", lui et son Premier ministre sortis à peu près en même temps du même moule, mais évoluant chacun dans des secteurs différents, comme dans un souci de complémentarité.

Au-delà de l'aspect politique du lundi et du mardi avec le faste des lambris de l’Élysée, la Garde montée, au-delà ou en plus de la mugnificence de Matignon et de la mairie de Paris, la fin académique a donné une amplitude scientifique à cette visite d'État qui semble été aussi un adieu à des amis qui lui ont permis, sur le plan politique, de résister à un duel qui l'a opposé au pouvoir entre 2008 et 2012.
 
Thierry Mandon, Secrétaire chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a admirablement cerné la personnalité de l'élu du jour, élevé au titre de Docteur Honoris causa, dans une envolée tout en nuances, en subtilités, en diplomatie. Jacques Godfrain l'Africain en fera de même l’après-midi, sans cependant la même flamme  du matin.
Cela avait commencé par un pot au Sénat, en 2008. Puis  un déjeuner de Nicolas Sarkozy. Cela n'avait pas porté chance à l'occupant de l'Élysée. Ni en 2012, encore moins lors des primaires de la Droite, en novembre 2016, lorsque les Ides se montrèrent plus dures que celles de mars. Aujourd'hui, les fastes de la République déployés en l'honneur du président sénégalais mettaient en vedette une équipe de transition qui n'a que cinq mois à vivre, à l'exception du Sénat et de la maire de Paris.

Macky Sall est ainsi monté en grade dans ses relations avec la France : en septembre 2008,  il avait été fêté discrètement au Sénat français, à l'invitation de Jacques Legendre, président de la commission de la Culture, de l'Éducation et de la Communication et membre du groupe «Union pour un Mouvement populaire» auquel son parti sera jumelé. Il avait été honoré du grade de Grand officier de la Légion d'Honneur en mars 2008, en pleine crise entre le président de l'Assemblée nationale d'alors et la famille Wade par un Jean-Claude Ruffin épistolier polémiste à souhait contre le même clan présidentiel. Le prétexte était des plus simples pour celui dont les écrits les plus célèbres ne dépassent pas à date les discours politiques : le travail abattu par M. Sall pour le compte de son pays lors de son séjour en France, en juillet 2006, alors Premier ministre, pour la mise en œuvre de la stratégie de croissance accélérée et qui devait permettre au Sénégal de rejoindre le Club des pays émergents à l'horizon ... 2015.
 
Aujourd’hui, c'est Macky Sall qui distribue la Croix et les accolades, dans un élan de reconnaissance diplomatique. Au grand jour, officiellement, lors d’une visite d’État.
 
Nombre de lectures : 185 fois