« Voici comment les choses se passeront en 2024 » (Par Me François Jurain)

Mercredi 4 Janvier 2023

Le Président de la république (Macky Sall) et son ministre de l'Intérieur (Antoine Diome)
Je crois qu'il est grand temps de se poser les bonnes questions, pour y apporter les bonnes réponses.
A la question: ira t-il ou n'ira-t-il pas? La réponse est évidemment: OUI. Mais cette question, on aurait pu se la poser dès 2012, et la réponse aurait était la même: OUI. Pourquoi? tout simplement parce que, dès 2012, ce Président avait la ferme intention de ne pas faire un seul mandat, mais QUATRE. Et le problème du troisième mandat n'est qu'une étape, pour aller jusqu'au quatrième, c'est-à-dire jusqu'en 2034. Mais il convient de se poser une question subsidiaire, qui a toute son importance: Peut-il faire autrement, c'est-à-dire, a-t-il le choix? La réponse est NON. Pourquoi? Tout simplement parce que ce régime, depuis 2012, est bâti non pas comme un régime Présidentiel, avec un Président qui indique la politique à mener, et un Premier ministre chargé, avec ses ministres, d'exécuter et "mettre en musique" la partition Présidentielle.
 
Non. Il est essentiellement bâti POUR ET AUTOUR D’UNE SEULE PERSONNE, dont le maître mot est la corruption à outrance. Alors, en apparence, on peut se féliciter des réalisations effectuées par ce régime: effectivement, il y a des routes, des autoroutes, des aéroports, etc. On ne peut nier ce bond en avant, cette modernisation des infrastructures indispensables au bon développement d'un pays, sauf que tout cela a été accompli parce que cela générait de la corruption, des détournements de fonds, des vols de deniers publics, etc. Le facteur humain a été totalement occulté, le taux de pauvreté est le même, le taux d'illettrisme est le même.
 
Pas plus tard qu'hier, je suis tombé sur un (excellent) film "COSA NOSTRA", qui relatait la vie d'un clan mafieux italien ou sicilien, aux Etats-Unis, dans les années 50. J'ai été frappé de voir la ressemblance (toutes proportions gardées) avec ce régime: il y a le parrain, qui décide de tout, et se charge d'acquérir les pouvoirs pour garantir l'impunité à ses caporaux qui se chargent de "la sale besogne". Ici, c'est un peu pareil: il y a le parrain, qui confère l'immunité aux caporaux qui volent, détournent, sans être jamais punis. Est-ce le Parrain qui assure la distribution du larcin? Ça, il est encore trop tôt pour le savoir, nous ne pouvons pas le dire, mais patience, si le mensonge prend l'ascenseur, la vérité prend l'escalier, mais au final, tous deux se retrouvent toujours au même étage. Sauf qu'il faudra attendre 2034, c'est encore loin! Quant aux caporaux, ils ont la possibilité de se bâtir des fortunes, sous le contrôle du Parrain, mais une obligation: filer droit, et défendre coute que coute le Parrain, jusqu'à la mort s'il le faut.
 
Donc, à partir du moment où vous êtes chef de clan, et non pas véritable Président de tout un peuple, vous avez tous les pouvoirs, certes, mais une obligation: celle d'assurer la survie des caporaux, faute de quoi la règle imposée de la "Cosa Nostra" se retournera contre vous, et vous sera appliquée. C'est pourquoi les parrains de ces clans mafieux finissent toujours mal, car ils finissent toujours par commettre un faux-pas. Eh bien, ici, c'est exactement pareil: ce Président à créé une meute de petits caporaux, il leur a assuré la fortune qu'ils n'auraient jamais pu acquérir de par leurs facultés intellectuelles ou leur cursus universitaire (pour la plupart), ils sont certes totalement dépendants de ce Président, comme les caporaux du Parrain, mais en échange, il ne doit pas les lâcher en cours de route. Et les petits caporaux qui bombent le torse en clamant haut et fort: "qu'il le veuille ou non, il sera candidat" ont entièrement raison: IL N'A PAS LE CHOIX, et il sera candidat.
 
Alors, le déroulement de sa feuille de route, tout le monde la connait et c'est un secret de polichinelle: au mois d'octobre, dernière limite (voir 15 septembre), ce Président annoncera: "oui, j'ai décidé, parce que le peuple me le demande, et parce que je suis indispensable au pays, de terminer l'œuvre accomplie, et en conséquence, je me présente aux élections Présidentielles de 2024". Tollé, manifestations : je vais donc saisir le conseil Constitutionnel. Réponse de cette assemblée de pas-sages: oui, vous pouvez, et les élections se feront avec lui. Où les choses risquent de se compliquer, c'est qu'il y aura, vu le nombre de candidats, pour certains des poids lourds, un deuxième tour qui ne sera pas forcément favorable à ce Président. Mais bon, une petite entourloupe sur le processus électoral (néanmoins de plus en plus difficile à faire passer) et peut être, peut-être un troisième mandat qui ouvrira la porte au quatrième.
 
Voila comment les choses vont se passer, et voila comment elles se passeront obligatoirement, parce que ce Président s'est mis dans une situation de "Parrain" telle qu'il ne peut plus reculer: son orgueil et son amour immodéré pour l'argent feront le reste.
Alors, le peuple, dans tout ca? Et bien, ceux qui estiment qu'il est indispensable de mourir pour des idées tomberont au champ d'honneur, face à une police et une gendarmerie surarmée, les autres se diront et diront que, de toutes façons, en AFRIQUE, ca ne changera jamais, donc le mieux est encore de rentrer chez soi, et continuer de subir.
Quand au clan mafieux, il aura gagné la guerre, le clan sera préservé, la "cosa nostra" survivra et continuera de s'imposer et faire régner la terreur. Tout est donc bien qui finit mal!
Me François JURAIN
 
 
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