Cette fois-ci, pas de dîner bling-bling au Château de Versailles, comme lors de la dernière visite de Xi Jinping sur le sol français en 2014. Le président chinois a dû se contenter d’un repas en tête-à-tête à Nice avec son homologue français, Emmanuel Macron, avant d’attaquer une série de réunions bilatérales à l’Élysée, lundi 25 mars.
Si Xi Jinping a été accueilli à bras ouvert à Rome, le 22 mars, lors de la première étape de son périple européen, il termine sa tournée en terre moins accueillante. Emmanuel Macron a même convié la chancelière allemande Angela Merkel et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, à une réunion commune avec le président chinois mardi. L’homme fort de Pékin se retrouvera alors en présence du trio qui tente de créer un front commun européen face à un pays désormais officiellement qualifié de "rival [économique, NDLR] systémique" par Bruxelles.
De Rhodia au train Wuhan-Lyon
"La France, avec l’Allemagne, est à la pointe d’une nouvelle approche européenne beaucoup plus prudente à l’égard de la coopération économique avec la Chine", constate Jean-François Dufour, président du cabinet de conseil DCA Chine Analyse. La raison : la crainte de voir Pékin mettre le monde au pas économique à travers ses "nouvelles routes de la soie". Lors de son dernier déplacement en Chine, en janvier 2018, le président français avait alerté contre une “nouvelle hégémonie”, si cet ambitieux programme d’investissement dans les infrastructures à l’étranger ne profitait, in fine, qu’à Pékin.
Les mises en garde d’Emmanuel Macron n’empêchent pas les nouvelles "routes de la soie" de passer déjà par la France. "Historiquement, la France a été l’un des premiers pays européens à profiter des investissements chinois, comme le rachat en 2007 de la branche silicone de Rhodia par une entreprise chinoise", rappelle Jean-François Dufour. Lorsque Xi Jinping lance son chantier des "routes de la soie" en 2013, il y intègre certains des investissements déjà effectués en France.
Paris a d’ailleurs "manifesté très tôt son intérêt pour cette initiative et les investissements qui pouvaient en découler", souligne cet économiste. C'était l’époque François Hollande, l’époque du tapis rouge déroulé à Xi Jinping et du faste à Versailles. Paris estimait alors que ce projet permettrait d’exporter davantage vers la Chine et de réduire l’important déficit commercial français avec la première puissance asiatique. L’argent des "routes de la soie" n’avait pas encore été entaché par les mésaventures du Sri Lanka, qui, incapable de rembourser les prêts consentis par Pékin, a dû céder l’un de ses ports à la Chine, fin 2017.
C’est d’ailleurs au début des années 2010 que l’un des projets les plus emblématiques des "routes de la soie" en France débute : la ligne ferroviaire qui relie la ville chinoise de Wuhan à Lyon. Le premier train en provenance de Chine est finalement arrivé dans la capitale des Gaules en février 2017, matérialisant sur le sol français le volet terrestre du grand projet économique chinois.
Trieste ou Valence, plutôt que Marseille ?
Côté maritime, Marseille exprime son intérêt pour des investissements chinois, depuis plusieurs années. Mais la ville phocéenne pâtit de la volonté de Pékin de faire du port de Trieste en Italie l’un de ses principaux points d’entrée commercial en Europe, et des investissements déjà réalisés dans celui de Valence (Espagne).
Même si la France était parmi les premiers dans les starting-blocks pour emprunter les "routes de la soie", il n’y a pas eu d’investissements chinois dans l’Hexagone aussi massif qu’en Grèce (rachat du port du Pirée), qu’au Portugal (investissement de plusieurs milliards d’euros dans le géant de l’électricité EDP) ou qu’au Royaume-Uni (financement des centrales nucléaires de Hinkley Point). Autant de projets qui ont coûté des milliards d’euros à Pékin, alors que les investissements chinois en France s’élèvent seulement à des dizaines, ou des centaines de millions d’euros chacun.
"C’est une question d’opportunité. Dans tous ces pays, il y a eu des demandes pour des financements chinois, alors que cela n’a pas été le cas en France", souligne Jean-François Dufour. Pour lui, la visite de Xi Jinping à Paris vise, justement, à éclaircir la position française et "à en savoir plus sur les besoins éventuels de la France et son désir de participer aux 'routes de la soie' ". Le locataire de l’Élysée le sait. L’invitation transmise à Angela Merkel et Jean-Claude Juncker de se joindre aux négociations est une manière, d’après Jean-François Dufour, de signifier à Xi Jinping qu’il devra s'accommoder d’une position commune européenne… sans l’Italie.
Si Xi Jinping a été accueilli à bras ouvert à Rome, le 22 mars, lors de la première étape de son périple européen, il termine sa tournée en terre moins accueillante. Emmanuel Macron a même convié la chancelière allemande Angela Merkel et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, à une réunion commune avec le président chinois mardi. L’homme fort de Pékin se retrouvera alors en présence du trio qui tente de créer un front commun européen face à un pays désormais officiellement qualifié de "rival [économique, NDLR] systémique" par Bruxelles.
De Rhodia au train Wuhan-Lyon
"La France, avec l’Allemagne, est à la pointe d’une nouvelle approche européenne beaucoup plus prudente à l’égard de la coopération économique avec la Chine", constate Jean-François Dufour, président du cabinet de conseil DCA Chine Analyse. La raison : la crainte de voir Pékin mettre le monde au pas économique à travers ses "nouvelles routes de la soie". Lors de son dernier déplacement en Chine, en janvier 2018, le président français avait alerté contre une “nouvelle hégémonie”, si cet ambitieux programme d’investissement dans les infrastructures à l’étranger ne profitait, in fine, qu’à Pékin.
Les mises en garde d’Emmanuel Macron n’empêchent pas les nouvelles "routes de la soie" de passer déjà par la France. "Historiquement, la France a été l’un des premiers pays européens à profiter des investissements chinois, comme le rachat en 2007 de la branche silicone de Rhodia par une entreprise chinoise", rappelle Jean-François Dufour. Lorsque Xi Jinping lance son chantier des "routes de la soie" en 2013, il y intègre certains des investissements déjà effectués en France.
Paris a d’ailleurs "manifesté très tôt son intérêt pour cette initiative et les investissements qui pouvaient en découler", souligne cet économiste. C'était l’époque François Hollande, l’époque du tapis rouge déroulé à Xi Jinping et du faste à Versailles. Paris estimait alors que ce projet permettrait d’exporter davantage vers la Chine et de réduire l’important déficit commercial français avec la première puissance asiatique. L’argent des "routes de la soie" n’avait pas encore été entaché par les mésaventures du Sri Lanka, qui, incapable de rembourser les prêts consentis par Pékin, a dû céder l’un de ses ports à la Chine, fin 2017.
C’est d’ailleurs au début des années 2010 que l’un des projets les plus emblématiques des "routes de la soie" en France débute : la ligne ferroviaire qui relie la ville chinoise de Wuhan à Lyon. Le premier train en provenance de Chine est finalement arrivé dans la capitale des Gaules en février 2017, matérialisant sur le sol français le volet terrestre du grand projet économique chinois.
Trieste ou Valence, plutôt que Marseille ?
Côté maritime, Marseille exprime son intérêt pour des investissements chinois, depuis plusieurs années. Mais la ville phocéenne pâtit de la volonté de Pékin de faire du port de Trieste en Italie l’un de ses principaux points d’entrée commercial en Europe, et des investissements déjà réalisés dans celui de Valence (Espagne).
Même si la France était parmi les premiers dans les starting-blocks pour emprunter les "routes de la soie", il n’y a pas eu d’investissements chinois dans l’Hexagone aussi massif qu’en Grèce (rachat du port du Pirée), qu’au Portugal (investissement de plusieurs milliards d’euros dans le géant de l’électricité EDP) ou qu’au Royaume-Uni (financement des centrales nucléaires de Hinkley Point). Autant de projets qui ont coûté des milliards d’euros à Pékin, alors que les investissements chinois en France s’élèvent seulement à des dizaines, ou des centaines de millions d’euros chacun.
"C’est une question d’opportunité. Dans tous ces pays, il y a eu des demandes pour des financements chinois, alors que cela n’a pas été le cas en France", souligne Jean-François Dufour. Pour lui, la visite de Xi Jinping à Paris vise, justement, à éclaircir la position française et "à en savoir plus sur les besoins éventuels de la France et son désir de participer aux 'routes de la soie' ". Le locataire de l’Élysée le sait. L’invitation transmise à Angela Merkel et Jean-Claude Juncker de se joindre aux négociations est une manière, d’après Jean-François Dufour, de signifier à Xi Jinping qu’il devra s'accommoder d’une position commune européenne… sans l’Italie.