La mine de Simandou (Guinée)
La Chine aime l’Afrique, à sa façon, et les entreprises chinoises s’y installent de plus en plus, attirées par la perspective de faire d’excellentes affaires en termes de retour sur investissement.
Mais malgré l’appétit dévorant dont elles sont créditées, notamment en matière de captation de ressources naturelles, elles restent vigilantes sur la destination de leurs fonds, avec des interventions qui ne se limitent pas seulement au secteur des minerais.
L’étude réalisée à cet effet par le think tank OCP Policy Center du Maroc et publié en avril 2017 est révélatrice de ces choix et orientations apparemment bien ciblés.
Sur la période 2005-2013, il est indiqué que l’investissement global des Chinois en Afrique, tous secteurs confondus, a atteint un volume financier de 108 milliards de dollars. Cette manne financière faramineuse a certes bénéficié à 40 pays, mais une partie écrasante, soit 73% des dits investissements, ont été répartis seulement entre 12 pays.
Ce sont: Afrique du Sud, République démocratique du Congo, Algérie, Gabon, Ghana, Guinée, Libéria, Namibie, Sierra-Léone, Togo, Zambie et Zimbabwe.
«Si douze pays bénéficient de ces investissements chinois dans l’exploitation de leurs gisements miniers, cela concerne vingt gisements, car certains pays en ont bénéficié sur plusieurs sites: quatre en Zambie, trois en Afrique du Sud et en RD Congo, deux sites au Zimbabwe», souligne l’étude. «Pour les huit autres sites, un seul gisement, à ce jour, est concerné par ces investissements.»
Les minerais dits stratégiques objet de ces investissements sont au nombre de dix: chrome, cuivre, fluor, manganèse, cobalt, bauxite, fer, uranium, phosphate et ferrochrome.
Selon la Heritage Foundation cité par OCP, le Top ten des pays où la Chine a investi entre 2005 et 2013 est le suivant: Nigeria (15,6 milliards de dollars), Algérie (10,5), Afrique du Sud (8,6), Ethiopie (7,8), RD Congo (7,8), Tchad (6,8), Angola (6,5), Niger (5,2), Sierra-Léone (4,7) et Cameroun (4,6 milliards de dollars).
«Dans le cas du Nigeria, les investissements réalisés sur la période 2005-2012, estimés à 15,6 milliards de dollars, se sont répartis dans trois activités: l’énergie, les transports et l’immobilier», explique le document. A eux trois, ces secteurs ont capté 15,2 milliards, soit 97% du volume financier initial.
Globalement, ce volume financier initial – 108 milliards de dollars – a été absorbé à 95% par quatre secteurs: transports (34,3), énergie (31), immobilier (21,6) et secteur minier (16,3).
Motivations non politiques
Les motivations derrière les engagements de Beijing sur le continent n’ont rien à voir avec celles qui peuvent animer les investisseurs européens ou américains: elles sont d’ordre purement économique et capitalistique.
Le souci fondamental des Chinois est de travailler à fructifier leurs investissements si les conditions politiques locales le leur permettent, dans une cohérence d’ensemble assez exceptionnelle. Par contre, les groupes occidentaux peuvent être souvent placés sous une double surveillance: celle de l’Etat, et surtout celle d’une opinion publique assez à cheval sur le respect de certains principes liés à la bonne gouvernance, au respect des droits humains et à un certain formalisme démocratique.
«Les choix faits par les autorités chinoises montrent qu’ils privilégient la stabilité politique des régimes et non l’Etat de droit, ce qui les différencie des Occidentaux qui font le choix inverse», indique l’auteur. «En cela, ils ne font qu’appliquer, à l’étranger et donc en Afrique, ce qu’elles s’appliquent à eux-mêmes. Ce choix a aussi une logique économique qui sait que le retour sur investissement a besoin de temps pour se concrétiser.»
Patience et discrétion
Les principaux groupes chinois qui interviennent dans le domaine minier en Afrique sont les suivants: Bonsai mineral, China National Nuclear Corp, Chinalco, China Mineral Corp, CNMC, China Union, Citik HK, Hebei Iron Steel, Jinchuan Group, Shaolin Mines, Weng Fu Group.
«Bien que très différents du point de vue de leur origine, ces opérateurs ont en commun d’être patients et souvent discrets», explique le chercheur de OCP. Sans avoir la taille de leurs principaux concurrents/partenaires anglo-saxons, anglo-australiens, leurs succès permettent de montrer que «la performance n’est pas nécessairement liée à la taille.»
Les principes prudentiels qui commandent leurs investissements peuvent être résumés dans le pas à pas adopté par l’entreprise Chinalco avant de mettre la main sur le très lucratif gisement de fer de Simandou, en Guinée. En 2008, elle rachète juste 9% des parts de Rio Tinto avant de récidiver un an plus pour le même volume.
En 2010, Chinalco monte en puissance en acquérant 49% des parts détenues par Rio Tinto. Six ans plus tard, alors que l’Etat guinéen possède 7,5% de Simandou, les Chinois rachètent le reste des 43,5% et contrôlent désormais le gisement.
Il est important de signaler par ailleurs que la quasi-totalité de ces entreprises sont contrôlées par un Etat central omniprésent et «au minimum majoritaire dans leur capital. » (Momar Dieng)
Mais malgré l’appétit dévorant dont elles sont créditées, notamment en matière de captation de ressources naturelles, elles restent vigilantes sur la destination de leurs fonds, avec des interventions qui ne se limitent pas seulement au secteur des minerais.
L’étude réalisée à cet effet par le think tank OCP Policy Center du Maroc et publié en avril 2017 est révélatrice de ces choix et orientations apparemment bien ciblés.
Sur la période 2005-2013, il est indiqué que l’investissement global des Chinois en Afrique, tous secteurs confondus, a atteint un volume financier de 108 milliards de dollars. Cette manne financière faramineuse a certes bénéficié à 40 pays, mais une partie écrasante, soit 73% des dits investissements, ont été répartis seulement entre 12 pays.
Ce sont: Afrique du Sud, République démocratique du Congo, Algérie, Gabon, Ghana, Guinée, Libéria, Namibie, Sierra-Léone, Togo, Zambie et Zimbabwe.
«Si douze pays bénéficient de ces investissements chinois dans l’exploitation de leurs gisements miniers, cela concerne vingt gisements, car certains pays en ont bénéficié sur plusieurs sites: quatre en Zambie, trois en Afrique du Sud et en RD Congo, deux sites au Zimbabwe», souligne l’étude. «Pour les huit autres sites, un seul gisement, à ce jour, est concerné par ces investissements.»
Les minerais dits stratégiques objet de ces investissements sont au nombre de dix: chrome, cuivre, fluor, manganèse, cobalt, bauxite, fer, uranium, phosphate et ferrochrome.
Selon la Heritage Foundation cité par OCP, le Top ten des pays où la Chine a investi entre 2005 et 2013 est le suivant: Nigeria (15,6 milliards de dollars), Algérie (10,5), Afrique du Sud (8,6), Ethiopie (7,8), RD Congo (7,8), Tchad (6,8), Angola (6,5), Niger (5,2), Sierra-Léone (4,7) et Cameroun (4,6 milliards de dollars).
«Dans le cas du Nigeria, les investissements réalisés sur la période 2005-2012, estimés à 15,6 milliards de dollars, se sont répartis dans trois activités: l’énergie, les transports et l’immobilier», explique le document. A eux trois, ces secteurs ont capté 15,2 milliards, soit 97% du volume financier initial.
Globalement, ce volume financier initial – 108 milliards de dollars – a été absorbé à 95% par quatre secteurs: transports (34,3), énergie (31), immobilier (21,6) et secteur minier (16,3).
Motivations non politiques
Les motivations derrière les engagements de Beijing sur le continent n’ont rien à voir avec celles qui peuvent animer les investisseurs européens ou américains: elles sont d’ordre purement économique et capitalistique.
Le souci fondamental des Chinois est de travailler à fructifier leurs investissements si les conditions politiques locales le leur permettent, dans une cohérence d’ensemble assez exceptionnelle. Par contre, les groupes occidentaux peuvent être souvent placés sous une double surveillance: celle de l’Etat, et surtout celle d’une opinion publique assez à cheval sur le respect de certains principes liés à la bonne gouvernance, au respect des droits humains et à un certain formalisme démocratique.
«Les choix faits par les autorités chinoises montrent qu’ils privilégient la stabilité politique des régimes et non l’Etat de droit, ce qui les différencie des Occidentaux qui font le choix inverse», indique l’auteur. «En cela, ils ne font qu’appliquer, à l’étranger et donc en Afrique, ce qu’elles s’appliquent à eux-mêmes. Ce choix a aussi une logique économique qui sait que le retour sur investissement a besoin de temps pour se concrétiser.»
Patience et discrétion
Les principaux groupes chinois qui interviennent dans le domaine minier en Afrique sont les suivants: Bonsai mineral, China National Nuclear Corp, Chinalco, China Mineral Corp, CNMC, China Union, Citik HK, Hebei Iron Steel, Jinchuan Group, Shaolin Mines, Weng Fu Group.
«Bien que très différents du point de vue de leur origine, ces opérateurs ont en commun d’être patients et souvent discrets», explique le chercheur de OCP. Sans avoir la taille de leurs principaux concurrents/partenaires anglo-saxons, anglo-australiens, leurs succès permettent de montrer que «la performance n’est pas nécessairement liée à la taille.»
Les principes prudentiels qui commandent leurs investissements peuvent être résumés dans le pas à pas adopté par l’entreprise Chinalco avant de mettre la main sur le très lucratif gisement de fer de Simandou, en Guinée. En 2008, elle rachète juste 9% des parts de Rio Tinto avant de récidiver un an plus pour le même volume.
En 2010, Chinalco monte en puissance en acquérant 49% des parts détenues par Rio Tinto. Six ans plus tard, alors que l’Etat guinéen possède 7,5% de Simandou, les Chinois rachètent le reste des 43,5% et contrôlent désormais le gisement.
Il est important de signaler par ailleurs que la quasi-totalité de ces entreprises sont contrôlées par un Etat central omniprésent et «au minimum majoritaire dans leur capital. » (Momar Dieng)