PARIS (Reuters) - L'ancien conseiller politique de François Hollande Aquilino Morelle étrille, dans une interview au Monde publiée samedi, le chef de l'Etat, un "faux gentil et vrai méchant" qui ne voulait pas exercer le pouvoir mais être "seulement" président de la République.
Aquilino Morelle, qui soutient Arnaud Montebourg dans la course à l'élection présidentielle, profite de la parution prochaine de son livre - "L'Abdication" - pour revenir sur son expérience du pouvoir, trois ans après sa démission sur fond de soupçons de conflits d'intérêts et d'affaire de "cireur de chaussures".
François Hollande a fait dès 2012 "le choix de la résignation", estime l'énarque de 54 ans dans les colonnes du Monde. "Il n’a jamais voulu devenir ce leader d’une nouvelle Europe (...) Il a enterré tout espoir de changement en se résignant à l’austérité, en acceptant, sans véritable renégociation, le pacte budgétaire européen imposé par Merkel et signé par Sarkozy. Ce renoncement inaugural a précédé et déterminé tous les autres."
Après avoir fait planer le doute pendant plusieurs mois, François Hollande a annoncé début décembre qu'il renonçait à briguer un nouveau mandat à l'Elysée, invoquant la nécessité de ne pas diviser davantage la gauche face au danger du "conservatisme" et de l'"extrémisme".
"La vérité est simple et cruelle : François Hollande ne voulait pas exercer le pouvoir ; il voulait seulement être président de la République", estime l'ex-conseiller.
"Ce qui m’a frappé très vite (...) c’est son incapacité à comprendre et à respecter les règles de l’exercice de l’Etat. Il est toujours resté comme extérieur à la fonction présidentielle, qu’il n’a jamais su, ou peut-être voulu, incarner."
"Toutes les qualités de l’homme, celles qui lui ont permis de conquérir le pouvoir, se sont retournées contre lui, une fois à l’Elysée", ajoute-t-il. "Son intelligence ? A force de tout comprendre, il lui est arrivé trop souvent de ne rien décider. Son habileté ? La ruse ne sert plus au pouvoir, il faut alors la force, celle de s’imposer aux autres et aux événements. Son art de 'la synthèse' ? Vain et illusoire quand on est aux commandes, et qu’il faut trancher."
"TRAHI"
Plume de Lionel Jospin à Matignon de 1997 à 2002, Aquilino Morelle, fils d'immigrés espagnols à l'ascension sociale et politique fulgurante, fut l'auteur des discours de François Hollande durant la campagne présidentielle de 2012.
Deux ans après la victoire de ce dernier, il est contraint à la démission en avril 2014 sur fond de soupçons de conflit d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique - finalement classés sans suite par la justice - et de révélations sur son train de vie - notamment sur l'entretien de ses chaussures - par Mediapart.
"Ce que je regrette surtout, c’est que le président, que j’ai toujours servi loyalement, se soit abaissé à utiliser cette faute pour se débarrasser de moi", explique Aquilino Morelle au Monde.
"Que pendant un an, alors qu’il avait été mis au courant de ce faux pas, il ne m’ait jamais parlé, jamais tancé. Que pendant un an, il m’ait menti, trahi méthodiquement, me souriant dans le même temps où il organisait mon éviction."
"J’ai commis une faute ? Certainement. Qui n’en commet pas ? Lui a consenti à un coup bas. François Hollande est un faux gentil et un vrai méchant", ajoute-t-il.
A moins de quatre mois de l'élection présidentielle, Aquilino Morelle réaffirme son soutien à l'ex-ministre de l'Economie et candidat à la primaire de la gauche de fin janvier, Arnaud Montebourg, car, "comme des millions de Français de gauche, je suis resté fidèle à l’esprit et aux engagements du discours du Bourget".
Interrogé sur Emmanuel Macron, qui a démissionné du gouvernement Valls pour lancer son mouvement présidentiel "En Marche !", l'ex-conseiller décrit un "homme intelligent et habile" doté d'une "cohérence politique, celle d’un vrai libéral, de l’économie aux questions internationales, en passant par le social et le culturel."
"A ce titre, il est le fils spirituel de François Hollande. Nous verrons bien si ce libéralisme complet et assumé convaincra les Français", ajoute-t-il.
Aquilino Morelle, qui soutient Arnaud Montebourg dans la course à l'élection présidentielle, profite de la parution prochaine de son livre - "L'Abdication" - pour revenir sur son expérience du pouvoir, trois ans après sa démission sur fond de soupçons de conflits d'intérêts et d'affaire de "cireur de chaussures".
François Hollande a fait dès 2012 "le choix de la résignation", estime l'énarque de 54 ans dans les colonnes du Monde. "Il n’a jamais voulu devenir ce leader d’une nouvelle Europe (...) Il a enterré tout espoir de changement en se résignant à l’austérité, en acceptant, sans véritable renégociation, le pacte budgétaire européen imposé par Merkel et signé par Sarkozy. Ce renoncement inaugural a précédé et déterminé tous les autres."
Après avoir fait planer le doute pendant plusieurs mois, François Hollande a annoncé début décembre qu'il renonçait à briguer un nouveau mandat à l'Elysée, invoquant la nécessité de ne pas diviser davantage la gauche face au danger du "conservatisme" et de l'"extrémisme".
"La vérité est simple et cruelle : François Hollande ne voulait pas exercer le pouvoir ; il voulait seulement être président de la République", estime l'ex-conseiller.
"Ce qui m’a frappé très vite (...) c’est son incapacité à comprendre et à respecter les règles de l’exercice de l’Etat. Il est toujours resté comme extérieur à la fonction présidentielle, qu’il n’a jamais su, ou peut-être voulu, incarner."
"Toutes les qualités de l’homme, celles qui lui ont permis de conquérir le pouvoir, se sont retournées contre lui, une fois à l’Elysée", ajoute-t-il. "Son intelligence ? A force de tout comprendre, il lui est arrivé trop souvent de ne rien décider. Son habileté ? La ruse ne sert plus au pouvoir, il faut alors la force, celle de s’imposer aux autres et aux événements. Son art de 'la synthèse' ? Vain et illusoire quand on est aux commandes, et qu’il faut trancher."
"TRAHI"
Plume de Lionel Jospin à Matignon de 1997 à 2002, Aquilino Morelle, fils d'immigrés espagnols à l'ascension sociale et politique fulgurante, fut l'auteur des discours de François Hollande durant la campagne présidentielle de 2012.
Deux ans après la victoire de ce dernier, il est contraint à la démission en avril 2014 sur fond de soupçons de conflit d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique - finalement classés sans suite par la justice - et de révélations sur son train de vie - notamment sur l'entretien de ses chaussures - par Mediapart.
"Ce que je regrette surtout, c’est que le président, que j’ai toujours servi loyalement, se soit abaissé à utiliser cette faute pour se débarrasser de moi", explique Aquilino Morelle au Monde.
"Que pendant un an, alors qu’il avait été mis au courant de ce faux pas, il ne m’ait jamais parlé, jamais tancé. Que pendant un an, il m’ait menti, trahi méthodiquement, me souriant dans le même temps où il organisait mon éviction."
"J’ai commis une faute ? Certainement. Qui n’en commet pas ? Lui a consenti à un coup bas. François Hollande est un faux gentil et un vrai méchant", ajoute-t-il.
A moins de quatre mois de l'élection présidentielle, Aquilino Morelle réaffirme son soutien à l'ex-ministre de l'Economie et candidat à la primaire de la gauche de fin janvier, Arnaud Montebourg, car, "comme des millions de Français de gauche, je suis resté fidèle à l’esprit et aux engagements du discours du Bourget".
Interrogé sur Emmanuel Macron, qui a démissionné du gouvernement Valls pour lancer son mouvement présidentiel "En Marche !", l'ex-conseiller décrit un "homme intelligent et habile" doté d'une "cohérence politique, celle d’un vrai libéral, de l’économie aux questions internationales, en passant par le social et le culturel."
"A ce titre, il est le fils spirituel de François Hollande. Nous verrons bien si ce libéralisme complet et assumé convaincra les Français", ajoute-t-il.