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CRISE MALIENNE: Les chemins introuvables d’une paix fuyante

Mardi 28 Juin 2016


Depuis les accords d’Alger du 20 juin 2015 entre l’Etat malien et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), la situation est restée précaire dans le nord du pays. Un an plus tard, l’Institut d’études de sécurité (ISS) de Dakar a planché sur la crise sécuritaire et territoriale qui secoue ce voisin du Sénégal pour en ressortir les tendances à travers des études menées par deux de ses chercheurs.



A quand la fin de la crise militaire et territoriale qui sévit au Mali, en état d’accélération depuis la chute du Président Amadou Toumani Touré, le 22 mars 2012, un mois pile avant l’élection présidentielle ? Le coup d’Etat du capitaine Amadou Haya Sanogo qui a installé la junte et déstructuré un peu plus le tissu politique et sécuritaire de l’Etat, va durer jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta, élu en septembre 2013.

Depuis, la situation semble avoir certes évolué, les démembrements de l’Etat se faisant plus visibles et mieux articulés à l’échelle du territoire. Une certaine stabilité est de rigueur avec l’intervention des forces militaires françaises qui avaient stoppé la marche des djihadistes sur Bamako. Mais les fragilités inhérentes à la multiplication des groupes rebelles, terroristes et mafieux se sont multipliées, menaçant de plus en plus l’unité et la continuité du territoire. Pour sortir du carcan, les accords d’Alger, signés il y a un an entre le gouvernement et le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla) pour créer les conditions d’un consensus national, avaient fait l’objet d’espoirs modérés. Aujourd’hui, ils sont plus ou moins remis en cause.
Sur le sujet, les recherches du think-tank africain Institut d’études de sécurité (ISS) offrent une vue pertinente de la situation actuelle au Mali.

Selon le chercheur Ibrahim Maïga, auteur d’un rapport intitulé «Groupes armés au Mali : au-delà des étiquettes», le constat est que depuis le début de la crise en 2012, le nombre de mouvements armés liés au processus de paix est passé de 2 à 8, tous cartographiés. Il relève trois phases essentielles.
 
Une crise en trois étapes
La première s’étend du début de la rébellion (janvier 2012) à la signature de l’accord de Ouagadougou (juin 2013). L’instabilité induite par le putsch du capitaine Sanogo profite alors aux groupes rebelles Touaregs qui prennent trois villes : Tombouctou, Kidal et Gao. À l’époque, le MNLA pouvait compter sur les groupes djihadistes pour fragiliser l’armée malienne. Le 6 avril 2012, les rebelles Touareg déclarent l’indépendance de l’État de l’Azawad. Mais cette entité n’est pas par la communauté Internationale, encore moins par le Mali. Pour être dans le jeu, l’Onu installe la Minusma dans le nord du pays, alors que les Français, alliés traditionnels des rebelles touaregs, évitent à l’Etat de tomber dans le chaos.

La seconde phase identifié par le chercheur Ibrahim Maïga débute en juin 2013 et se termine en juin 2014. Trois mouvements dissidents se sont formés au cours de cette période. La Coalition pour le peuple de l’Azawad (CPA) qui dispose d’une base militaire dans les trois régions du Nord. Le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA-dissident) dont plusieurs de ses membres sont de anciens soldats et cadres de l’armée malienne ayant déserté en 2012. La Coordination des mouvements patriotiques de résistance II (CMFPR II), un groupe dissident indésirable au processus d’Alger qui a débuté en février 2014, mais qui a rejoint la CMA au mois d’août de la même année afin d’être à la table de négociations.

La dernière phase correspond justement au processus d’Alger jusqu’à l’accord trouvé en juin 2015. Elle est marquée par la formation de deux coalitions en juin 2014, pour sortir de l’enlisement : la CMA et la Plateforme.
 
Malgré tout, la situation reste préoccupante au nord Mali, avec l’aggravation des attaques contre les soldats d’interposition et des positions de l’armée malienne. Pour Ibrahim Maïga, l’accord de juin 2015 doit être  «perçu comme une étape dans le processus de stabilisation du Mali.» 

Par Marion FOURGEAUD (Stagiaire)
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