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Crise en Birmanie : l’Onu condamne fermement les violences contre les cheminots grévistes opposés a la junte

Mercredi 10 Mars 2021

Les États-Unis sont également intervenus, en instituant des sanctions contre deux enfants adultes du dirigeant de la junte qui s’est emparé du pouvoir, Min Aung Hlaing. 
 
Aung Pyae Sone et Khin Thiri Thet Mon ont des intérêts dans des entreprises qui ont directement bénéficié « de la position de leur père et de son influence néfaste », a indiqué le département américain du Trésor, dans un communiqué. 
 
Dans sa déclaration adoptée à l’unanimité des 15 membres, donc également par la Chine et la Russie, des alliées traditionnelles des généraux birmans, l’organe exécutif des Nations unies s’en est pris de manière inédite à l’armée qu’il appelle à « faire preuve de la plus grande retenue ».
 
Dénonçant les agissements violents des forces de sécurité « contre des manifestants pacifiques, incluant des femmes, des jeunes et des enfants », le Conseil demande aux parties de « chercher une solution pacifique » à la crise provoquée par le coup d’État du 1er février, dans ce texte rédigé par le Royaume-Uni, l’ancienne puissance coloniale, et obtenu par l’AFP.
 
Il réclame en outre « la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement », sans toutefois mentionner la possibilité de sanctions internationales.
 
Profitant des atermoiements jusqu’alors de la communauté internationale, qui recherchait avec difficulté ces derniers jours une position commune, la junte a de son côté poursuivi la répression. 
 
Des policiers et des soldats ont ainsi été déployés en nombre mercredi autour de l’enceinte où réside le personnel ferroviaire de la gare Ma Hlwa Gone, dans l’est de Rangoun, la capitale économique.
 
« Ils bloquent les portes (des appartements) et les détruisent pour entrer », a raconté une femme membre de la famille d’un cheminot, sous couvert d’anonymat de peur de représailles. « J’ai réussi à m’échapper, mais je m’inquiète pour les travailleurs » et leurs proches encore coincés « .
 
Selon elle, quelque 800 employés des chemins de fer dans cette gare sont impliqués dans le mouvement de désobéissance civile.
 
« Une centaine d’interpellations »
 
Médecins, enseignants, employés des compagnies d’électricité, cheminots, de nombreux fonctionnaires ont cessé le travail après le putsch qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi.
 
Les principaux syndicats ont appelé à « l’arrêt complet de l’économie » pour tenter de paralyser la Birmanie et d’augmenter la pression sur les militaires.
 
La junte a quant à elle ordonné aux fonctionnaires de reprendre le travail, faute de quoi ils seraient licenciés et s’exposeraient à des représailles, tandis que les manifestations sont quotidiennes dans tout le pays.
 
Mercredi, une forte présence policière et militaire était d’ailleurs visible à travers Rangoun.
 
Des barricades de fortune érigées par les contestataires ont été incendiées et, dans le quartier d’Okkalapa, il a été procédé à « une centaine » d’interpellations, d’après un secouriste. « Certains manifestants ont été battus, il y a des blessés » .
 
 « Nous appelons les forces de sécurité à se retirer de la zone, à libérer les détenus et à permettre aux gens de partir en toute sécurité », a déclaré l’ambassade des États-Unis sur Twitter, signalant que des jeunes étaient encerclés et acculés dans cette partie nord de la ville.
 
Raids contre des habitations, des hôpitaux, des universités, arrestations en masse, recours à des tirs à balles réelles : la junte semble plus déterminée que jamais à vouloir éteindre le vent de fronde largement pacifique qui souffle sur la Birmanie.
 
Au moins 60 civils ont été tués et près de 2000 personnes arrêtées depuis le 1er février, d’après l’Association d’assistance aux prisonniers politiques.
 
Réfugiés en Inde

Les députés du parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), qui ne reconnaissent pas la légitimité du coup d’État et ont créé un comité pour représenter le gouvernement civil se rendent coupables de « haute trahison », un crime passible de la peine de mort ou de 22 ans de détention, a récemment averti la junte.
 
Deux responsables de la LND sont morts en détention ces derniers jours, très peu de temps après leur interpellation. Beaucoup ont été arrêtés, dont trois la nuit dernière. L’ex-président de la République Win Myint et l’ancienne cheffe du gouvernement Aung San Suu Kyi ont été mis au secret.
 
Les médias indépendants sont également pris pour cible. Plusieurs ont été visés par des opérations de police et une vingtaine de journalistes sont en détention.
 
Dans ce contexte, au moins 136 Birmans se sont réfugiés en Inde depuis le coup d’État et des dizaines d’autres attendent à la frontière avec ce pays de pouvoir le faire, ont annoncé les autorités indiennes.
 
Le passage en force des généraux, alléguant de vastes fraudes électorales aux législatives de novembre remportées massivement par la LND, a mis fin à une décennie de transition démocratique en Birmanie.
 
Ce putsch suscite des condamnations, à l’étranger, y compris de diplomates birmans, les ambassadeurs à l’ONU et au Royaume-Uni s’étant désolidarisés du régime.
 
Inversement, le gouvernement sri lankais a invité le ministre des Affaires étrangères de la junte à participer, début avril, à des pourparlers sur la coopération économique.
Mamadou Ibn Bachir Diop (avec AFP) 
 
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