L’Ukraine a mis jeudi en garde contre « des mois difficiles à venir » après l’attaque nocturne « massive » russe qui a visé plusieurs villes et fait trois morts à Kherson (sud) et sept blessés à Kyiv après des chutes de débris.
Cette nouvelle salve de missiles de croisière russes s’est abattue sur l’Ukraine quelques heures après le discours du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la tribune de l’ONU dans lequel il a fustigé « l’agression criminelle » de Moscou.
L’arrivée prochaine de la saison froide fait craindre aux autorités ukrainiennes que Moscou ne relance une campagne de frappes pour plonger la population civile dans le noir et le froid, comme à l’hiver 2022.
« Des mois difficiles nous attendent : la Russie va continuer d’attaquer les installations énergétiques et essentielles » ukrainiennes, a prévenu le chef adjoint de l’administration présidentielle, Oleksiï Kouleba, accusant les Russes de vouloir « semer la panique et la terreur ».
Ce responsable a fustigé sur Telegram « l’attaque massive de missiles » lancée par la Russie dans la nuit : « Des civils, des dortoirs, des stations-service, un hôtel, des infrastructures énergétiques et civiles ont été visés », a-t-il dit.
Pour la première fois en six mois, des installations énergétiques dans l’ouest et le centre du pays ont été endommagées par les frappes russes provoquant des coupures d’électricité dans plusieurs régions, a de son côté indiqué la compagnie énergétique ukrainienne Ukrenergo sur Telegram.
Si Valery Zaloujny, le commandant en chef de l’armée ukrainienne, s’est lui félicité que ses défenses ont « détruit 36 missiles de croisière » sur un « total » de 43, certains ont réussi à frapper leurs cibles, éparpillées sur une grande partie du territoire ukrainien.
« A Kherson, au milieu de la nuit, l’ennemi a commencé à attaquer des zones résidentielles », a indiqué de son côté le ministre de l’Intérieur, Igor Klymenko, sur Telegram, déplorant « la mort de trois personnes ».
« Cinq autres personnes ont été blessées », a-t-il ajouté.
« Effrayant »
La capitale Kyiv a également été visée par une attaque. Plus de 20 cibles ont été détruites au-dessus de la ville, a indiqué l’administration militaire. Des éclats de missiles ont fait sept blessés, dont une fillette de 9 ans, selon la même source.
Au moment de la frappe dans le quartier de Darnytskiï, dans l’est de la ville, « les fenêtres et les portes ont été soufflées », raconte à l’AFP Maïa Pelioukh. « Une fenêtre m’est tombée dessus », dit-elle, assurant qu’il « n’y a pas de soldats » dans le quartier. « Je ne sais pas pourquoi (les Russes) ont fait ça ».
« C’était très effrayant », dit de son côté Daria Kalna, une autre témoin.
Neuf personnes ont également été blessées dans la ville de Tcherkassy, au sud de Kyiv, où un hôtel a été touché par un missile, ont annoncé les secouristes ukrainiens sur Telegram, ajoutant que 13 personnes avaient été évacuées du site et « une personne sortie des décombres ».
La région de Rivné (nord-ouest) a, elle aussi, été ciblée : « une partie du centre de la région est privée d’électricité », a indiqué Oleksiï Kouleba sur Telegram.
La ville orientale de Kharkiv, près de la frontière russe, a également été bombardée, selon le maire Igor Terekhov, qui a fait état de deux blessés hospitalisés.
Le chef de l’administration militaire régionale, Oleg Synegubov, a dénombré « six frappes […] spécifiquement dans le district de Slobidskiï ». Des infrastructures civiles ont été endommagées, a-t-il dit.
Et la région de Lviv (nord-ouest), très éloignée du front, a elle aussi été frappée, a annoncé le gouverneur, sans donner plus de détails.
Ces attaques ont eu lieu quelques heures après que Moscou a assuré avoir abattu un total de 22 drones ukrainiens en Crimée annexée, au-dessus de la Mer noire ainsi que dans les régions de Belgorod et Orel.
Elles surviennent surtout après que Volodymyr Zelensky a dénoncé à New York, à l’ONU, l’« agression criminelle » de Moscou et « le blocage » de l’instance internationale en raison du droit de veto russe.
Jeudi, le président ukrainien doit rencontrer à Washington des chefs démocrates et républicains pour s’assurer de la poursuite du soutien américain, après plus d’un an et demi d’invasion russe.
Une échéance d’autant plus importante que la Pologne, alliée de la première heure de l’Ukraine, a annoncé la veille qu’elle ne fournissait plus d’armes à Kyiv, à un moment clé de sa contre-offensive qui n’a pour le moment pas permis de reprendre de larges pans de territoires occupés par Moscou. (AFP)